Menu Close
Les Beatles sur scène dans les années 60 en costumes noirs
Les Beatles sur scène dans les années 60. AAP

La musique des Beatles, une longue histoire d’amour avec la technologie

Ces dernières semaines, Paul McCartney était en tournée en Australie. Au programme de ces concerts, trois heures de nostalgie – des hits des Beatles et des Wings aux morceaux en solo, en passant par des morceaux plus inattendus.

Parmi les moments les plus émouvants de ces concerts, il y eut l’enchaînement de « In Spite of All the Danger » (la première chanson que le groupe a enregistrée sous le nom de The Quarrymen) et celle de « The End » – l’une des dernières chansons que les Beatles ont enregistrées ensemble.

Le rappel comprenait « I’ve Got a Feeling », dans laquelle McCartney et son défunt compagnon de groupe John Lennon « chantent ensemble », tandis que défilent sur l’écran des images de la « rooftop performance » dans le documentaire de Peter Jackson, Get Back. Entendre la voix actuelle de McCartney mêlée à celle de Lennon dans les années 1960 est poignant, tant pour le public que pour McCartney.

La sortie du nouveau, et dernier, single des Beatles, « Now and Then », s’inscrit dans cette même logique, en « ressuscitant » la voix de Lennon.

« Now and Then » est l’une des quatre chansons d’une cassette démo de Lennon fournie par Yoko Ono et offerte à Paul McCartney en 1994, avec un titre manuscrit : « For Paul ». Les autres Beatles ont complété les démos de Lennon sur « Free as a Bird » et « Real Love » pour la sortie de l’album Anthology en 1995.

Bien que ces chansons aient manqué un peu de la magie originale, la voix de John semblant plus distante et moins présente que celle de Paul, la rareté du nouveau matériel a permis aux fans d’apprécier les chansons, malgré leurs imperfections. À l’époque, « Now and Then » avait été jugé trop difficile à achever, la voix de John étant enfouie dans le mixage mono de son piano enregistré à la maison. Il est resté enfoui pendant 28 ans.

En 2021, un nouvel outil d’intelligence artificielle mis au point par le cinéaste Peter Jackson pour séparer les sources audio dans le documentaire Get Back pouvait être utilisé sur la vieille démo de Lennon. La voix de John est désormais claire, présente et libre d’être intégrée de manière transparente dans n’importe quel nouvel arrangement.

Sa voix sonne de façon naturelle, et l’on sent qu'elle a été capturée au moment encore balbutiant et spontané d'une démo.

La prise de guitare acoustique de George – archivée – a été ajoutée, tandis que Paul a mis à jour le piano, la guitare slide et la basse. Ringo a ajouté sa touche distinctive à distance depuis Los Angeles.

Giles Martin, fils de George en charge de la production, apporte un arrangement de cordes digne des Beatles qui reprend de nombreux traits stylistiques appréciés de son père.

On y entend des montées insistantes de pulsations sur un rythme régulier, des mélodies à la sitar, et un passage final de quatre temps à trois temps dans une mesure, qui rappelle The End de l'album Abbey Road.

Est-ce une chanson des Beatles ?

En raison de l'utilisation d'outils d'intelligence artificielle pour terminer « Now and Then », et du fait que la chanson a été enregistrée sans que les Beatles ne soient réunis dans une pièce, certains peuvent se demander s'il s'agit vraiment d'une chanson des Beatles.

Avec la sortie de Get Back, le public a pu ressentir l'ébullition créative au sein du groupe, observer les idées des Beatles se former, les voir plaisanter et rire, mais aussi percevoir les tensions qui surviennent dans un groupe d'artistes qui ont vécu beaucoup de choses ensemble.


Read more: The Beatles: Get Back review – Peter Jackson's TV series is a thrilling, funny (and long) treat for fans


Les quatre Beatles devant Big Ben
‘Les quatre musiciens jouant ensemble : une donnée qui semble indispensable à la qualité de leur son.’ Shutterstock

La première version cinématographique de ces séquences, Let It Be, réalisé par le réalisateur Michael Lindsay-Hogg, est sortie brièvement en 1970, en même temps que l’album du même nom, montrant les derniers jours du groupe comme une période sombre et acrimonieuse, donnant à Yoko Ono le rôle de « méchante » présumée dans l’histoire des Beatles.

La nouvelle version de Get Back par Peter Jackson a changé la perception habituelle de la séparation des Beatles, des relations entre les membres survivants et de l’héritage qu’ils ont laissé. Dans les années 1990, le film et les albums Anthology ont conquis une nouvelle génération de fans adeptes de la Britpop, et la sortie du documentaire Get Back et du titre « Now and Then » pourraient jouer le même rôle pour une autre génération.

La présence des « Fab four » dans une pièce, jouant ensemble, semble essentielle à leur son. Cependant, les Beatles ont toujours été fascinés par la technologie de l’enregistrement – de l’inversion des boucles dans « Taxman », à l’utilisation de la voix de Lennon à travers une enceinte Leslie pour « Tomorrow Never Knows », en passant par la musique concrète « Revolution 9 ».

L’utilisation des technologies musicales a toujours fait partie de la créativité du groupe, et avec « Now and Then », les Beatles continuent à utiliser la technologie pour faire de la nouvelle musique, même si c’est d’une manière légèrement différente.

Ce titre restera-t-il dans les mémoires avec la même force que les autres chansons du groupe ? Difficile à dire. Mais ce n’est pas là l’essentiel. John et George sont partis, mais il reste Ringo et Paul sont toujours là, et ils ont pu compléter cette nouvelle et dernière chanson des Beatles.

Par-delà le temps passé, la distance géographique et l’usage de la technologie, « Now and Then » conclut une conversation longue et sinueuse qui a commencé au début des années 1960 et qui s’achève aujourd’hui de manière musicale.

Un titre qui permet aux fans de relire la lettre d’amour de John à Yoko comme un message à Paul, au groupe et même aux fans du groupe.

C’est peut-être ce qui fera sa valeur sur le temps long : « Je sais que c’est vrai… Et si je m’en sors, c’est grâce à toi ».

This article was originally published in English

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,600 academics and researchers from 4,945 institutions.

Register now