Menu Close
Photo d’une femme âgée se tenant le genou, visiblement douloureux.
Si l’arthrose se développe au cours du vieillissement, elle peut aussi toucher des personnes plus jeunes, notamment après certains traumatismes articulaires. Shutterstock/Jelena Stanojkovic

L’arthrose, à quoi est-elle due, comment la prendre en charge ?

« Houlala ça coince au niveau de mes articulations… Je ne suis plus aussi souple qu’avant ! »

Qui, passé un certain âge, n’a jamais pensé (ou entendu dire dans son entourage) ce genre de phrase ? Difficultés à marcher, à lever les bras, à se redresser… À mesure que le temps passe, notre mécanique corporelle n’est plus si bien huilée, et plier nos articulations se complique.

Si l’on peut parfois accuser de nos maux les faux mouvements engendrés par nos activités, notre manque d’exercice, ou même la météo, une autre suspecte nous vient aussi souvent en tête : l’arthrose. Et pour cause : cette maladie n’est pas rare, puisqu’on estime qu’elle touchera près de 10 millions de Français en 2050. À quoi est-elle due, et peut-on en atténuer les effets ?

Quand les articulations se bloquent

L’arthrose fait partie des maladies musculosquelettiques, ce qui signifie qu’elle touche le système qui donne à notre corps sa stature et lui permet de se mouvoir. Celui-ci est constitué par les muscles, les os et les articulations, les points de contact entre ces derniers. Ce sont elles qui assurent la mobilité de notre squelette. Et ce sont également elles qui sont la cible de l’arthrose, comme nous l’enseigne l’étymologie de ce mot, du grec « arthrôsis », « articulation ».


Chaque mardi, notre newsletter « Et surtout la santé ! » vous donne les clés afin de prendre les meilleures décisions pour votre santé (sommeil, alimentation, psychologie, activité physique, nouveaux traitements…)

Abonnez-vous dès aujourd’hui.


L’arthrose s’attaque directement à une ou plusieurs articulations qu’elles soient portantes (autrement dit, qui supportent le poids du corps : genoux, hanches, chevilles, colonne vertébrale…) ou non. La gonarthrose (ou arthrose du genou) est la plus fréquente, vient ensuite la coxarthrose (ou arthrose de la hanche). Il existe également l’arthrose des doigts et la rhizarthrose (ou arthrose touchant la base du pouce), celle de la colonne vertébrale, et plus rarement celle de l’épaule, du coude ou de la cheville.

Les mécanismes à l’origine de cette maladie chronique ne sont pas encore complètement identifiés, mais on sait que certains facteurs comme le vieillissement et le surpoids peuvent favoriser son apparition. L’arthrose qualifiée d’arthrose primitive si elle se développe spontanément. Elle est dite secondaire si elle se manifeste à la suite du traumatisme d’une articulation ou d’une autre maladie articulaire, comme l’arthrite (inflammation articulaire résultant d’un dysfonctionnement du système immunitaire) ou la goutte (rhumatisme causé par des dépôts de microscopiques cristaux d’acide urique dans les articulations).

S’il existe très peu de travaux scientifiques décrivant des origines génétiques, on sait en revanche que certaines activités exposent davantage à l’arthrose. C’est par exemple le cas du sport de haut niveau ou des professions impliquant le port de lourdes charges ou l’exécution de gestes répétés.

Comment fonctionne une articulation ?

Une articulation saine est constituée par les structures suivantes :

  • Les muscles, qui s’attachent aux os par l’intermédiaire des tendons. Ils stabilisent l’articulation pour lui permettre de se mouvoir ;

  • Les os, qui soutiennent le corps et permettent l’insertion des tendons et des ligaments. Les ligaments et la capsule articulaire qui stabilisent les os entre eux pour prévenir leur déboîtage ;

  • Le cartilage, qui recouvre l’extrémité des os. Ce cartilage articulaire est une sorte de coussin, sans nerfs ni vaisseaux sanguins, qui amortit les chocs et favorise un mouvement articulaire fluide. Il repose sur une portion osseuse appelée os sous-chondral ;

  • La membrane synoviale, qui tapisse l’intérieur de la capsule articulaire. Elle produit le liquide synovial (ou synovie), qui assure la lubrification articulaire et la nutrition du cartilage par imbibition. Il s’agit d’un exsudat du plasma sanguin, très proche dans sa composition, mais enrichi en acide hyaluronique, produit par la membrane synoviale. La synovie élimine également les éventuels corps étrangers présents dans l’articulation.

Schéma d’une articulation
Schéma d’une articulation. Shutterstock/Blamb

Ce que l’arthrose fait aux articulations

Auparavant, on pensait que l’arthrose était une pathologie liée exclusivement à des problèmes de cartilage. Il est cependant désormais bien établi que les mécanismes associés à cette maladie sont beaucoup plus complexes, et impliquent non seulement le cartilage, mais aussi l’ensemble des structures de l’articulation (tendons, os, membrane synoviale, ligaments).

L’arthrose entraîne une dégénérescence du cartilage, en parallèle d’une inflammation articulaire. Cette inflammation peut être à la fois la cause ou bien la conséquence de l’arthrose.

En raison de cette destruction lente et progressive, le coussin cartilagineux perd peu à peu la capacité d’amortir les contraintes mécaniques appliquées sur l’articulation lors des mouvements. Victime des pressions mécaniques qui en résultent, l’os sous-chondral réagit en formant, en périphérie de l’articulation des excroissances osseuses appelées « becs de perroquet » (ou « ostéophytes »).

En anglais, arthrose se dit « osteoarthritis » dont la traduction littérale serait « ostéoarthrose ». Cette appellation anglaise souligne la contribution de l’os sous-chondral à l’arthrose.

Le cartilage articulaire étant dépourvu de nerfs, sa destruction ne cause pas de douleur chez les patients. Lorsque l’articulation devient douloureuse, c’est qu’il est trop tard et que les autres structures articulaires sont touchées (car elles sont innervées !) et cela signifie que l’arthrose est déjà bien installée.

L’arthrose conduit progressivement à une destruction de l’articulation, ce qui génère une altération sévère de la mobilité. Les patients rencontrent des problèmes en position debout (pour marcher, courir, etc.), ainsi que des problèmes articulaires concernant les mains, les coudes ou les épaules qui rendent difficile la préhension ou le portage. Des problèmes de dos peuvent aussi survenir (cervicalgies, dorsalgies et lombalgies), lorsque les disques intervertébraux sont touchés pour les disques intervertébraux.

Prévenir l’arthrose ?

En matière de prévention, les praticiens conseillent aux patients de perdre du poids lorsque cela est nécessaire, et de pratiquer une activité physique régulière spécifiquement adaptée aux patients qui permet de mobiliser et renforcer les articulations sans les traumatiser (natation, etc.).

Cette activité doit être associée à une alimentation équilibrée afin d’éviter, d’une part, le surpoids, facteur de risque majeur de rhumatismes, et d’autre part les carences en calcium et vitamine D, qui augmentent le risque d’ostéoporose et donc de fracture.

Une prévention des traumatismes est également conseillée, et ceci dès l’enfance et l’adolescence. Ce point est particulièrement important lors de la pratique sportive. Il est nécessaire pour cela de former les entraîneurs sportifs aux conséquences ostéo-articulaires des traumatismes (échauffements ciblés, renforcement musculaire pour stabilisation des articulations, interruption sportive adaptée en cas de traumatisme, etc.).

Enfin, il est important de prévenir les chutes chez les personnes âgées, car elles peuvent entraîner des fractures pouvant provoquer des arthroses.

Les traitements de l’arthrose

La stratégie thérapeutique globale pour traiter l’arthrose consiste à maintenir la qualité de vie du patient et à ralentir sa progression.

Initialement, les interventions sont non chirurgicales, et consistent à prendre en charge les symptômes. Ces traitements ciblent donc les conséquences de la maladie, mais pas la maladie elle-même. Il s’agit de préserver la mobilité et de soulager la douleur grâce à des antalgiques et des anti-inflammatoires. Si ces médicaments perdent leur efficacité, l’étape suivante consiste à recourir à la chirurgie , toujours pour soulager la douleur et tenter de restituer la mobilité articulaire.

Différentes approches existent comme le drainage d’un excès de synovie, le lavage de l’articulation en retirant d’éventuels débris de cartilage ou d’os, la réparation des tendons à la suite d’une rupture, une synovectomie c’est-à-dire un retrait de l’excès de membrane synoviale (dû à l’inflammation), une arthrodèse pour bloquer l’articulation et souder les os, etc.

Pose d’une prothèse de hanche
Au stade d’évolution ultime, l’arthrose peut nécessiter la pose d’une prothèse par un chirurgien orthopédique. Shutterstock/sweet marshmallow

L’approche ultime est la pose de prothèse pour remplacer l’articulation. En effet, le cartilage articulaire n’est pas régénérable et sa destruction est donc définitive. La pose de prothèse est courante pour la hanche et le genou, et existe également pour d’autres articulations comme l’épaule, la cheville et les disques intervertébraux. Il existe des prothèses partielles ou totales (remplacement de la totalité de l’articulation).

L’arthrose, une maladie grave, mais peu visible

La « Food and Drug Administration » (FDA) des États-Unis d’Amérique a reconnu l’arthrose comme étant une maladie grave pour laquelle il existe un besoin médical hautement non satisfait en termes de thérapies modificatrices de la progression de la maladie.

Qu’il s’agisse de personnes jeunes ayant souffert d’un traumatisme articulaire ou de personnes âgées confrontées à un stress typique dû au vieillissement ou à la dégénérescence des tissus, il existe un besoin impérieux de soutenir la recherche scientifique afin d’explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques durables.

Si certaines pathologies comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires font l’objet de nombreuses recherches visant à mettre au point des solutions thérapeutiques efficaces, ce n’est pas le cas de l’arthrose. Certes, même en l’absence de traitement efficace, le pronostic vital des patients touchés par cette maladie articulaire n’est pas engagé.

Mais si l’arthrose « ne tue pas », elle touche néanmoins plusieurs centaines de millions de personnes à travers le monde, dont elle dégrade fortement la qualité de vie. Son traitement constitue un enjeu mondial à la fois économique et de santé publique. En effet, l’arthrose contribue à l’augmentation des situations de handicap et de la morbidité.

En impactant la population vieillissante et la population française en générale, elle diminue le nombre d’années de vie en bonne santé et constitue un lourd fardeau, en raison des départs prématurés à la retraite, des déclarations de maladies professionnelles et des jours de travail perdus chaque année qu’elle engendre.

Elle passe malheureusement au second plan de la recherche en santé, les travaux sur l’arthrose demeurant peu subventionnés par rapport à ceux portant sur des pathologies dont les conséquences sont considérées comme plus imminentes.

Soutenir la recherche scientifique est pourtant primordial, d’autant plus depuis l’émergence de la médecine régénérative, qui pourrait constituer une opportunité de traiter les défauts du cartilage et d’accompagner sa régénération.

Parmi les approches les plus prometteuses, citons la construction de greffons cartilagineux grâce à l’utilisation de biomatériaux et de cellules souches alliés à l’impression 3D, ou encore l’utilisation de préparations de nanoparticules injectables dans l’articulation pour ralentir la progression de l’arthrose. Ces nanoparticules peuvent être d’origine humaine, comme les vésicules extracellulaires produites par les cellules souches, ou artificielle, comme les liposomes produits à partir de lipides végétaux ou marins.

Financer ces travaux notamment grâce au soutien de l’État et des associations, comme la Société française de rhumatologie ou la Fondation pour la recherche médicale, est indispensable si l’on souhaite s’assurer du bien vieillir de notre population, et de sa capacité à continuer à se mouvoir en toute sérénité, malgré le grand âge.


Pour aller plus loin :
- La page consacrée à l’arthrose sur le site de la Société française de rhumatologie (SFR) ;
- Le projet Recherche sur les maladies arthrosiques ou « Research on OsteoArthritis Diseases » (ROAD) de la Fondation arthritis ;
- La page consacrée à l’arthrose sur le site de la La Fondation pour la recherche médicale (FRM) ;
- Le dossier consacré à l’arthrose par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,900 academics and researchers from 4,948 institutions.

Register now