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Il est plus fréquent de se déplacer en autobus ou en train pour se rendre au travail lorsque le temps est froid et humide. La proximité avec d'autres passagers pourrait faciliter la transmission du virus. Shutterstock

Le coronavirus se propage-t-il plus facilement par temps froid? Voici ce qu’en dit la science

Pourquoi le nombre de cas de Covid-19 augmente dans toute l’Europe et en Amérique du Nord ? De nombreux pays, dont le Canada, ont mis fin à leur période de confinement total au début de l’été, mais ce n’est qu’à l’automne que la plupart d’entre eux ont constaté une augmentation significative des cas. Bien sûr, la réouverture des écoles a entraîné une plus grande mixité de personnes issues de différentes « bulles », mais la baisse des températures extérieures pourrait-elle également jouer un rôle ?

Il est vrai que plus de gens contractent le rhume et la grippe en hiver (les rhumes peuvent être causés par certains coronavirus), mais il y a plusieurs raisons possibles à cela. On attribue souvent cette recrudescence de la grippe ou du rhume au fait que les gens passent plus de temps à l’intérieur quand il fait froid, où ils toussent, éternuent et risquent de transmettre plus facilement les virus aux gens qu’ils côtoient.

Il est aussi plus fréquent de se déplacer en autobus ou en train pour se rendre au travail, plutôt qu’à pied ou à vélo, lorsque le temps est froid et humide. Une autre hypothèse est que les gens produisent moins de vitamine D lorsqu’il y a moins de soleil et que leur système immunitaire en serait affaibli.

Cependant, des études ont montré que l’augmentation annuelle des rhumes et des grippes coïncide avec un abaissement de la température extérieure et de l’humidité relative à l’intérieur. Les virus de la grippe survivent et se transmettent plus facilement dans l’air froid et sec. Il est donc raisonnable de penser qu’il en va de même pour le coronavirus responsable de la Covid-19, le SARS-CoV-2, qui a une taille et une structure similaires aux virus de la grippe et du rhume.

Des expériences en laboratoire avec des coronavirus et des virus similaires ont montré qu’ils survivent mal sur les surfaces lorsque la température et l’humidité relative sont élevées, mais qu’ils pourraient survivre plusieurs jours dans un milieu où la température ambiante est confortable. À des températures de réfrigération (4°C) combinées à une faible humidité relative, ils pourraient durer un mois ou plus.

Des cas de COVID ont été signalés à plusieurs reprises parmi les travailleurs d usines d’emballage de viande, qui travaillent dans ce genre de conditions. Toutefois, ces usines comptent également un grand nombre d’employés travaillant à proximité les uns des autres et qui doivent crier pour être entendus au-delà du bruit des machines, ce qui pourrait contribuer à propager le virus. De mauvaises conditions de travail peuvent également encourager la contamination.

Un jeune et un vieux parlent à l’extérieur
Les virus de la grippe se transmettent plus facilement dans l’air froid et sec. Halfpoint/Shutterstock

Les leçons tirées des autres coronavirus apparus au cours du 21e siècle (SARS-CoV et MERS-CoV) montrent un scénario légèrement différent. Une étude qui a suivi les conditions météorologiques lors de l’épidémie de SRAS en Chine, en 2003, a montré que le pic des infections s’est produit dans des conditions météorologiques printanières. (Il n’a pas été possible de confirmer ce phénomène par d’autres études puisque le virus s’est éteint par la suite).

Des épidémies régulières de MERS se produisent également au printemps (de mars à mai) au Moyen-Orient. Toutefois, cela est peut-être moins lié au climat qu’à la biologie des chameaux. Les humains peuvent se transmettre le virus du MERS entre eux ou être infectés au contact de chameaux. Les jeunes chameaux sont une source d’infection et de nouveaux animaux naissent au cours du mois de mars. Toutefois, le rôle précis que jouent ces animaux dans la transmission du virus et le mode exact de transmission ne sont pas connus.

Hémisphère sud

On peut aussi voir ce qui s’est passé dans l’hémisphère sud pendant l’hiver là-bas. L’Afrique du Sud a signalé plus de 700 000 cas et a connu un pic important en juillet, alors que la Nouvelle-Zélande a très bien contrôlé l’infection et a enregistré moins de 2000 cas de Covid-19 à la même période.

Ces deux pays sont très différents à bien des égards, il n’est donc pas très utile de les comparer directement. Mais il semble que le temps plus froid de juillet et août n’a probablement pas été le principal facteur dans la trajectoire des taux d’infection. La Nouvelle-Zélande semble avoir réussi à contenir la propagation du SARS-CoV-2 grâce à la géographie, à la qualité de son système de santé et à l’efficacité de la réponse de santé publique. Elle aurait pu y parvenir, quel que soit le temps.

Les premières données en provenance d’Australie suggèrent qu’un taux d’humidité faible serait un facteur à surveiller et constituait un meilleur indicateur du risque d’augmentation de Covid-19 que la température. Toutefois, à Melbourne, une importante épidémie a éclaté en juillet, coïncidant avec une vague de froid. Cela a conduit à un confinement strict qui s’est poursuivi jusqu’en octobre.

Dans l’ensemble, il ne serait pas surprenant d’assister à un plus grand nombre de cas Covid-19 pendant les mois les plus froids. Mais la seule chose que savons avec certitude concernant le SARS-CoV-2 est que les nouveaux virus peuvent nous surprendre.

Nous savons également que le fait d’entrer en contact étroit avec d’autres personnes donne l’occasion au virus de se propager, quelle que soit la température. Les personnes qui ne vivent pas sous le même toit doivent donc maintenir une distance physique et porter un couvre-visage dans les espaces clos.

Malheureusement, ce n’est qu’en passant à travers cette pandémie que nous apprendrons exactement comment les variations climatiques affectent la situation.

This article was originally published in English

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