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Une scène printanière au Parc Lafontaine, à Montréal. Le retour du temps chaud va-t-il stopper l'épidémie de coronavirus? Shutterstock

Le retour du temps chaud va-t-il stopper la propagation du coronavirus ?

Alors que le nombre de décès dus aux coronavirus continue d’augmenter, certains ont suggéré que la chaleur printanière dans l’hémisphère nord pourrait ralentir ou même arrêter la propagation de la maladie. Le président américain Donald Trump s’est fait l’écho de cette idée, en disant : « La chaleur, en général, tue ce genre de virus. » Mais a-t-il raison ?

L’idée que l’approche du printemps puisse endiguer la propagation de la maladie vient en grande partie d’une comparaison avec la grippe. À bien des égards, la COVID-19 est semblable à la grippe : les deux virus se propagent de la même manière (sécrétions respiratoires et surfaces contaminées) et ils provoquent des maladies respiratoires typiquement légères qui peuvent évoluer vers une pneumonie mortelle. Mais la transmissibilité et la gravité de la COVID-19 sont beaucoup plus importantes que celles de la grippe. Et il n’est pas certain que la transmission de la COVID-19 soit affectée par les variations saisonnières de température.

Dans le cas de la grippe, le début du printemps provoque une baisse significative du nombre de cas. Cette situation persiste jusqu’au retour des températures plus froides en automne et elle serait due à la sensibilité du virus aux variations climatiques et aux changements saisonniers de notre système immunitaire et de nos modes de comportement.

Tout d’abord, le virus de la grippe semble mieux survivre par temps froid et sec, avec moins de lumière ultraviolette. Deuxièmement, pour beaucoup d’entre nous, les journées d’hiver plus courtes entraînent une réduction des niveaux de vitamine D et de mélatonine, ce qui peut affecter les performances de notre système immunitaire. Troisièmement, en hiver, nous passons plus de temps à l’intérieur, en compagnie de d’autres personnes, ce qui augmente les possibilités de propagation du virus.

Modèle transversal d’un coronavirus. scientificanimations.com/Wikimedia, CC BY-SA

Comment ont réagi les autres coronavirus ?

Comment ces facteurs affecteraient-ils alors la transmission du coronavirus ? On ne sait pas exactement quels effets la température et l’humidité ont sur le coronavirus lui-même ni sur sa transmission. Certains autres coronavirus sont saisonniers et provoquent des rhumes pendant les mois d’hiver.

L’épidémie de SRAS de 2002-2003 a également commencé pendant l’hiver dans l’hémisphère nord et s’est terminée en juillet 2003 avec une petite résurgence pendant l’hiver suivant. Mais les cas de SRAS ont atteint leur maximum au mois de mai, plus chaud. Et la fin de l’épidémie en juillet peut simplement refléter le temps nécessaire pour contenir le virus, plutôt qu’un effet de la température estivale sur sa transmission. Par ailleurs, le coronavirus de MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) est principalement transmis dans les pays chauds.

Pour en revenir à la comparaison avec la grippe, la pandémie de grippe 2009-2010 a débuté au printemps, s’est intensifiée au cours du printemps et de l’été et a atteint son apogée l’hiver suivant. Cela suggère qu’en cas de pandémie, le nombre élevé de cas dans de nombreux pays du monde pourrait permettre une transmission continue du virus pendant tout l’été, en surmontant toute variabilité saisonnière observée dans des épidémies de moindre ampleur.

Consciente de ce facteur, l'OMS vient de qualifier de pandémie la COVID-19.

Le temps plus chaud qui s’annonce pourrait donc réduire la transmission virale dans l’hémisphère nord (tout en augmentant potentiellement la transmission au cours de l’hiver prochain dans l’hémisphère sud). Mais il est très peu probable que la température elle-même mette fin à cette épidémie toujours en croissance.

This article was originally published in English

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