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Silhouette d'un homme pointant le soleil
De tout temps, les éclipses ont inspiré les sociétés à comprendre le cosmos et ses événements. (Shutterstock)

Les éclipses totales de Soleil constituent une occasion de s’intéresser à la science, à la culture et à l’histoire

Le 8 avril 2024, une éclipse solaire totale se produira au Canada. C’est une occasion de vivre une expérience exceptionnelle, d’apprendre et de prendre part à l’excitation et à l’émerveillement. Des chercheurs ont expliqué comment profiter en toute sécurité de cet événement unique, plutôt que de se terrer à l’intérieur.

À peu près tous les 18 mois, le Soleil, la Lune et la Terre s’alignent parfaitement, et il se trouve un endroit sur notre planète où l’on peut observer une éclipse solaire. La Lune projette alors une ombre d’environ 250 km de large sur la Terre.

Cette obscurité diurne éphémère constitue une expérience que l’on ne voit habituellement qu’une seule fois dans sa vie. Toronto a connu sa dernière éclipse solaire totale le 24 janvier 1925 ; la prochaine s’y produira dans 120 ans, le 26 octobre 2144.

Notre compréhension des éclipses totales de Soleil et notre réaction à celles-ci ont énormément évolué. Ces phénomènes étaient autrefois considérés comme des présages cosmiques qui annonçaient la mort des rois, de bonnes récoltes ou la nécessité de conclure de nouveaux traités territoriaux. Aujourd’hui, elles offrent une occasion unique de réfléchir à la nature physique de l’univers et au privilège cosmique d’assister à l’alignement de la Lune et du Soleil.

Éclipses et développement des connaissances

En raison de l’obscurité soudaine qu’elles provoquent, les éclipses solaires ont longtemps été perçues comme des événements catastrophiques. De nombreuses sociétés ont élaboré des récits pour expliquer ces manifestations inhabituelles, souvent empreints de peur et de violence.

illustration d’un démon brun doré mangeant un disque jaune sur un fond violet
Peinture murale qu’on peut admirer au temple Wat Phang La, dans le sud de la Thaïlande, et qui représente le démon hindou Rahu avalant la Lune. (Anandajoti Bhikkhu/Flickr), CC BY

Dans les mythes indiens, on évoque un démon immortel qui cherche à se venger de Vishnu en mangeant le Soleil et la Lune. Les Pomo, peuple autochtone du nord de la Californie, parlent d’un immense ours en colère qui tente d’avaler le Soleil. Dans d’autres mythologies, les éclipses étaient considérées comme des forces célestes qui nous enlevaient notre source de chaleur et de vie.

Les croyances relatives aux éclipses ont incité les astronomes grecs de l’Antiquité à créer le mécanisme d’Anticythère, un ordinateur analogique complexe qui prédisait le moment des futures éclipses avec une précision de 30 minutes. Ces prédictions étaient cruciales pour la société grecque, car une éclipse solaire pouvait annoncer la mort du roi, et l’on nommait alors un pseudo-empereur qui serait tué à sa place.

Nos réactions aux éclipses ont évolué, et nous comprenons mieux désormais le système solaire et l’univers dans son ensemble.

Lors de l’éclipse du 18 août 1868, les astronomes Norman Lockyer et Pierre Janssen ont étudié la lumière de la couronne solaire et découvert un nouvel élément chimique. Cet élément a été baptisé hélium, d’après le mot grec désignant le Soleil.

Le 29 mai 1919, Frank Watson Dyson et Arthur Stanley Eddington ont observé la trajectoire courbe de la lumière des étoiles pendant une éclipse totale de Soleil, donnant lieu au premier « triomphe de la théorie d’Einstein » de la relativité générale.

anciens fragments carrés verdâtres
Fragments d’un mécanisme d’Anticythère exposés dans un musée d’Athènes, en Grèce. (Shutterstock)

Vivre une éclipse

Contrairement à divers autres événements cosmiques, tels que les pluies de météorites ou les comètes, qui nécessitent des télescopes coûteux ou des endroits où le ciel est sombre, les éclipses sont accessibles à tous. Pour la regarder sans prendre de risques, il suffit de se munir de lunettes spéciales ou d’une boîte en carton.

De nombreuses universités canadiennes profitent de l’éclipse solaire totale pour inciter les gens à suivre ce phénomène astronomique en toute sécurité. À titre d’exemple, l’Université Queen’s de Kingston, au Canada, met à disposition du public 120 000 lunettes pour permettre une observation sûre de l’éclipse.

Dans une optique éducative, des centaines d’ambassadeurs de l’éclipse se rendent dans les écoles pour discuter avec les élèves de l’importance de vivre cette expérience d’une manière riche et sans risques. Ils animent des ateliers sur la construction de boîtes à éclipse solaire servant à projeter l’image du Soleil pendant l’éclipse, expliquent les phénomènes uniques que l’on peut remarquer pendant les éclipses, telles que les grains de Baily et l’effet d’anneau de diamant, et aident les gens à découvrir l’immensité du système solaire.

un cercle noir entouré d’un anneau lumineux plus épais dans le quadrant inférieur droit
L’effet des grains de Baily se produit lorsque des irrégularités dans le relief accidenté de la Lune permettent à la lumière du Soleil de passer à certains endroits juste avant la phase totale de l’éclipse. (Aubrey Gemignani/NASA)

Ces initiatives démontrent la valeur universelle de la science et encouragent le développement de la curiosité scientifique hors des salles de classe et des institutions.

L’éclipse d’avril est non seulement l’occasion d’inspirer une nouvelle génération de scientifiques, mais elle sert également à faire progresser les connaissances scientifiques. Contrairement aux expériences de Dyson, d’Eddington et de Lockyer qui se limitaient au monde universitaire, les institutions d’aujourd’hui mobilisent le public pour mener des expériences de science citoyenne.

Lancé par la NASA, le projet Eclipse Megamovie utilisera des photos prises pendant la totalité de l’éclipse solaire pour étudier la couronne solaire. En 2017, des images prises pendant une éclipse totale ont permis aux chercheurs de détecter un nuage de plasma dans la couronne solaire. L’éclipse de 2024 sera une occasion de l’étudier plus en détail.

Toute personne disposant d’un appareil photo reflex numérique et d’un trépied peut soumettre une photo de l’éclipse solaire totale au projet Eclipse Megamovie. Les données publiques collectées pour l’éclipse de 2024 dépasseront de loin ce qui pourrait être accompli par une seule expérience ou en un seul lieu.

L’éclipse solaire totale d’avril, et d’autres à venir, nous rappelleront que la science est passionnante et inspirante, et que l’expertise scientifique a une grande valeur universelle. Une telle coïncidence céleste est l’occasion de nouer un dialogue avec les collectivités et de discuter de l’origine et de la mécanique de notre système solaire, tout en associant le public à la découverte scientifique au moyen d’images recueillies auprès de la population.

Il ne reste plus qu’à espérer un ciel dégagé et à s’émerveiller une fois de plus devant le cosmos.

This article was originally published in English

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