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Les enregistrements qui existaient… #SocGenCase

Société Générale… la touche finale ?

Après les « ratés » du mois de janvier, j’ai donc eu grand plaisir à vivre – et à faire partager via Twitter – de l’intérieur les audiences du procès qui opposait en appel la Société Générale à M. Jérôme Kerviel du 15 au 17 juin 2016 à la Cour d’appel de Versailles.

Vendredi 17 juin après-midi, la nouvelle a claqué comme un coup de tonnerre : l’avocat général, Jean-Marie d’Huy, a requis l’annulation pure et simple des 4.915.610.154 euros de dommages et intérêts auxquels Jérôme Kerviel avait été condamné en première instance (jugement du 6 octobre 2010) comme par décision de la cour d’appel du TGI de Paris (24 octobre 2012).

Pascale Robert-Diard dans Le Monde reprend ainsi les propos de Jean-Marie d’Huy :

« la faute de la Société générale doit être considérée comme suffisante » pour qu’elle soit reconnue responsable de l’entier préjudice, soit 4,9 milliards d’euros. « Votre décision pourrait être un message fort donné aux établissements bancaires pour éviter qu’à l’avenir de tels faits puissent se reproduire », a-t-il lancé à la cour.

Dans ce réquisitoire, ce qui est surprenant, c’est finalement l’omniprésence des concepts et disciplines des sciences du management, sans jamais qu’à celles-ci il n’ait jamais été explicitement fait référence.

Pascale Robert-Diard, elle, indique toujours dans Le Monde :

Avec ce réquisitoire qui remet chacun à sa place, l’avocat général donne une lecture équilibrée de l’affaire Kerviel, qui semblait s’être définitivement perdue au fil des procédures successives : il écarte le brouillard médiatique savamment entretenu par l’ancien trader, qui se présente comme un innocent – un « couillon », comme le disait la veille l’un des témoins cités par la défense –, manipulé à son insu par la banque. Il ne retient aucun des éléments développés par Jérôme Kerviel et son avocat, David Koubbi, sur l’hypothèse d’un « desk fantôme », une sorte de main invisible qui aurait instrumentalisé le trader pour dissimuler des pertes liées aux subprimes. Mais il place aussi et enfin la banque face à ses propres responsabilités. Il y a un coupable, Jérôme Kerviel, et un responsable, la Société générale. Si elle est partagée par la cour d’appel de Versailles, cette lecture pourrait enfin contribuer à apaiser une affaire qui n’a que trop duré.

J’ai eu la chance de vivre cette journée historique assis aux côtés de Pascale Robert-Diard. Au premier rang du carré presse. Elle a même eu la gentillesse de me prêter un chargeur de téléphone portable et je l’en remercie. Et en retour, je lui offre donc cette vidéo.

Dans le cadre de l'audience de Jacques Werren, il a été à maintes reprises question de l'article qu'il a publié dans Le Monde ; au point même qu'on comprend l'intérêt évident qu'il y aurait eu, pour certains, à ce qu’il n'existe pas. Je reproduis par ailleurs les extraits des enregistrements issus de la conversation entre la commandante Nathalie Le Roy et Mme le Vice-procureur de la République Chantal De Leiris. Et j’ajoute que je ne partage donc pas vraiment la conclusion de Pascale Robert-Diard, selon laquelle l’affaire – «qui n’a que trop duré» – serait en voie de règlement définitif.

À toutes fins utiles, je me permets d’ajouter que des experts indépendants spécialistes (entre autres) d’ingénierie financière mais aussi stratégique et organisationnelle, ce n’est pas ce qui manque en France. Depuis 8 ans cependant, aucune cour, aucun magistrat d’instruction ou du siège, et pour ainsi dire aucun des journalistes qui se déchirent désormais sur le «cas» Société Générale contre Jérôme Kerviel n’a jugé utile de les solliciter. Dommage, l’affaire aurait peut-être moins duré, été mieux instruite et donc jugée.

La décision de la cour, appelée à statuer sur la demande d'expertise indépendante sollicitée par la défense de Jérôme Kerviel, sera connue le 23 septembre prochain à 13h30. Quant aux 4 915 610 154 euros, ils sont à l'évidence déjà partis en fumée ; à l'évidence aussi, pas pour les causes qu’Antoine Delhommais croyait, faute d'imaginer que parfois il peut y avoir d'autres (dé-)raisons.

Extraits – page 1.
Extraits – Page 2.
Extraits – page 3.
Extraits – Page 4 (finale).

Quant à «l'Outsider», c'est dès le 22 juin qu'il sera sur vos écrans.

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