Menu Close
climate change.

Les risques climatiques ne sont pas limités par les frontières : les pays africains ont fait un grand pas en avant pour y remédier

Les risques climatiques peuvent être complexes à gérer car ils ne respectent pas les frontières des pays. Les risques dans une région peuvent avoir des répercussions négatives dans une autre. C'est ce que l'on appelle les risques climatiques transfrontaliers, qui sont de plus en plus préoccupants. Ils nécessitent des réponses coordonnées et multinationales. Ce qui peut s'avérer difficile compte tenu des priorités et des capacités différentes de chaque pays.

Un risque climatique transfrontalier peut être dû à un écosystème partagé, tel qu'un bassin fluvial. Par exemple, le Nil, qui traverse 11 pays, peut connaître des variations dans la disponibilité de l'eau en raison de changements météorologiques. Les millions de personnes qui en dépendent en seront affectées.

Les risques climatiques transfrontaliers peuvent également traverser les continents et les océans et engendrer des crises à l'autre bout du monde. Il peut s'agir de pénuries de nourriture et d'eau, de menaces pour le commerce et l’énergie, d'une aggravation des inégalités, de migrations forcées et même de conflits géopolitiques.

Par exemple, une sécheresse en Afrique de l'Est pourrait affecter la production de thé au Kenya. Cela entraînerait une augmentation des prix pour les consommateurs de thé dans les pays importateurs, comme le Royaume-Uni. De même, un typhon pourrait affecter les fabricants en Asie du Sud-Est. Cela pourrait perturber l'approvisionnement des marchés africains en produits électroniques et entraîner des hausses de prix ou des pénuries.

L'Afrique est particulièrement vulnérable. Les routes commerciales, les chaînes d'approvisionnement et les écosystèmes partagés s'étendent sur tout le continent. Une perturbation induite par le climat dans un pays peut facilement avoir des effets en cascade chez ses voisins. La gestion coordonnée des risques climatiques transfrontaliers est à la fois un défi et une nécessité.

Lors du récent Sommet africain sur le climat au Kenya, l'Union africaine et d'autres parties prenantes africaines ont présenté la Feuille de route pour la résilience de l'Afrique pour y remédier.

Cette feuille de route contient une série d'actions destinées à renforcer la coordination entre les communautés économiques régionales et les États membres dans la gestion des risques climatiques transfrontaliers et en cascade. Il s'agit d'un objectif de la Stratégie et plan d'action sur le changement climatique et le développement résilient 2022-2032 de l'Union africaine.

Historiquement, les efforts d'adaptation ont largement porté sur les impacts localisés, tels que l'élévation du niveau de la mer et les communautés côtières ou les sécheresses fréquentes et leur impact sur les rendements agricoles.

En tant qu’expert en matière d'adaptation au changement climatique, je pense que l'importance de cette feuille de route réside dans son approche globale, à l'échelle du continent. Elle reconnaît que des défis communs nécessitent des solutions communes. Et elle souligne l'engagement de l'Afrique à prendre en main son destin climatique. C'est ce qui rend cette feuille de route précieuse dans l'évolution du discours sur la résilience climatique mondiale.

Front uni

La feuille de route pour la résilience de l'Afrique présente 25 actions cruciales pour renforcer la résilience de l'Afrique face aux risques climatiques transfrontaliers. Elle met l'accent sur les risques qui pèsent sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et sur les marchés de l'énergie et de l'alimentation.

Les actions de la feuille de route peuvent être regroupées en quatre points principaux :

  • Reconnaître les risques : cela inclut une évaluation à l'échelle continentale des risques climatiques transfrontaliers et le développement d'indicateurs de risques.

  • Gouverner ensemble : identifier les risques transfrontaliers que chaque pays considère comme les plus importants. Ceux-ci seront inclus dans différents domaines de la politique.

  • Mettre en œuvre l'adaptation à l'échelle de l'Afrique : mettre en place un plan pour trouver les meilleurs moyens de renforcer les communautés contre les risques climatiques transfrontaliers. Les principes de la résilience juste y sont intégrés, comme la priorité donnée aux besoins des personnes les plus vulnérables et le respect des droits de l'homme et des valeurs culturelles. La feuille de route donne également le coup d'envoi d'un programme visant à mettre ces idées en pratique.

  • Mobiliser des ressources pour la résilience : obtenir plus d'argent de plusieurs pays pour soutenir l'action climatique, s'assurer que les investissements privés correspondent aux objectifs publics en mettant l'accent sur la résilience systémique, et renforcer la capacité d'investir ensemble.

La feuille de route pour la résilience africaine offre donc une vision holistique et panafricaine. Elle ne se contente pas d'identifier les risques climatiques transfrontaliers, mais propose également une approche structurée pour une action collective.

La mise en œuvre de la feuille de route nécessite la participation active de plusieurs organisations africaines. Il s'agit notamment de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, de la Commission de l'Union africaine, de l'Agence de développement de l'Union africaine, du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, du Groupe africain d'experts en négociation et des Communautés économiques régionales d'Afrique. En outre, les gouvernements nationaux, le secteur privé, la société civile et le monde universitaire jouent un rôle crucial.

Le défi consistera à assurer une action cohérente entre ces entités. D'autant plus que l'adaptation aux risques climatiques est une entreprise relativement nouvelle pour certaines des organisations susmentionnées.

Une étape importante

Le premier Sommet africain sur le climat a marqué une étape importante dans l'engagement collectif de l'Afrique en faveur de la résilience. La feuille de route reconnaît la réalité des destins entremêlés de l'Afrique et la nécessité de solutions collaboratives aux risques climatiques transfrontaliers.

Compte tenu de la nature transfrontalière des risques climatiques, la coopération mondiale doit être au cœur des initiatives d'adaptation.

Brenda Ochola, chargée de communication et d'impact à l'Institut de l'environnement de Stockholm, a contribué à la rédaction de cet article.

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,600 academics and researchers from 4,945 institutions.

Register now