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Portrait géologique de la Bretagne : Un voyage spatio-temporel

Les roches les plus anciennes de France (deux milliards d’années) exposées sur la grève de Pors-Raden (Trébeurden, Côtes-d’Armor). Pierrick Graviou/BRGM, CC BY-NC-ND

Cet été, le géologue Pierrick Graviou nous invite à découvrir, en photos, 5 curiosités géologiques à travers la Bretagne.


Carte de la Bretagne et de ses départements. Tschubby/Wikimedia

Un jour d’août 2020, en baie de Lannion : les vacanciers profitent de la marée basse pour dénicher quelques palourdes ou traquer les éventuelles crevettes restées prisonnières des mares résiduelles…

En s’adonnant ainsi à leur loisir favori, ils ne se doutent certainement pas, qu’à cet endroit même, affleurent les roches les plus anciennes de France.

Des roches tout à fait exceptionnelles que l’on rencontre uniquement dans ce secteur de Bretagne et en Normandie, vers le Cap de la Hague, à l’extrémité septentrionale du Cotentin.

Ici, dans le Trégor, on peut les voir à Locquirec (Finistère), sur la plage du Moulin de la Rive, ou encore à Trébeurden (Côtes-d’Armor), sur la petite grève de Pors-Raden.

Dans les deux cas, les analyses chimiques effectuées sont incontestables : il s’agit de roches qui ont cristallisé à partir d’un magma granitique au sein de la croûte terrestre, à plusieurs kilomètres de profondeur… il y a environ deux milliards d’années, soit près de la moitié de l’âge de la Terre ! Bien plus que se proposent les machines à remonter le temps dans les romans de science-fiction.

Cet âge, les géologues l’ont déterminé grâce à la mesure des isotopes de l’uranium et du plomb contenus dans les « zircons » ; on désigne ainsi des minéraux microscopiques, présents notamment dans les roches granitiques et qui, lorsqu’ils sont plus gros et non fracturés, peuvent être utilisés en joaillerie.

Cristaux de feldspaths étirés en amandes dans les gneiss œillés de Pors-Raden (Trébeurden, Côtes-d’Armor). Pierrick Graviou/BRGM, CC BY-NC-ND

S’il est impossible de distinguer les zircons à l’œil nu, vous pourrez en revanche admirer de gros cristaux de feldspath de teinte claire, pouvant atteindre plus de 5 centimètres de longueur. Ces cristaux sont souvent fracturés, ou plus ou moins étirés en forme d’amandes, selon l’intensité de la déformation et du métamorphisme subis par ces roches qualifiées de « gneiss œillés ».

Des gneiss qui ont subi bien des avatars au cours de leur longue histoire géologique et qui sont aujourd’hui exposés à la surface de la Terre grâce au travail imperceptible, mais incessant de l’érosion. Le temps de la Terre n’est pas celui des êtres humains !

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