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Plusieurs études ont prouvé que les gens qui mangent beaucoup de fromage ne risquent pas plus que les autres de développer une maladie cardiovasculaire. Shutterstock

Surprise : manger du fromage aide à contrôler votre glycémie

Le fromage est un aliment nutritif et délicieux… mais il est aussi riche en gras saturés. La bonne nouvelle ? Il n’est pas aussi nocif qu’on le croit pour la santé. Il a même des effets bénéfiques.

D’une part, le fromage est une excellente source de minéraux comme le calcium et le magnésium, et de vitamines comme la vitamine A, la B2 et la B12, en plus d’être une protéine complète.

D’autre part, le fromage est également une source importante de gras saturés et de sodium dans notre alimentation. Pour réduire l’apport en gras saturés et diminuer les risques de maladies cardiovasculaires (MCV), il est parfois recommandé de consommer du fromage à faible teneur en gras.

Paradoxalement, plusieurs études ont prouvé que les gens qui mangent beaucoup de fromage ne risquent pas plus que les autres de développer des maladies cardiovasculaires, y compris le diabète de type 2.

Réduction de la résistance à l’insuline

Notre équipe de recherche de l’Université de l’Alberta a examiné l’impact du fromage faible en gras et du fromage régulier sur la résistance à l’insuline dans le corps de rats prédiabétiques. Nous avons constaté que les deux types de fromage réduisaient la résistance à l’insuline, ce qui est important pour maintenir une glycémie normale.

Bon nombre des études menées antérieurement sur l’impact du fromage sur les maladies cardiovasculaires ont été des études d’observation. En d’autres mots, les chercheurs ont étudié pendant des années le comportement alimentaire de grands groupes d’individus pour vérifier le lien entre la quantité de fromage (et d’autres produits laitiers) consommée et les facteurs de risques de MCV, comme un taux élevé de cholestérol ou une maladie coronarienne.

Fromagerie Hardouin-Langlet à Paris.
Plusieurs études ont prouvé que les gens qui mangent beaucoup de fromage ne risquent pas plus que les autres de développer une maladie cardiovasculaire. Leighton Kille, CC BY

Une méta-analyse de ces études d’observation, menée en 2016, a révélé que le fromage avait un effet neutre ou bénéfique sur plusieurs facteurs de risque de MCV.

Ces études sont très utiles pour établir les tendances associées aux habitudes alimentaires, mais elles ne permettent pas de conclure qu’un aliment précis cause ou prévient une maladie en particulier.

Pour mieux comprendre les liens de causalité, les études qui examinent les effets des aliments dans un milieu contrôlé sont plus utiles. Ces études peuvent être menées chez l’humain, mais elles comportent des limites. Ainsi, les études sur des animaux de laboratoire peuvent également être utiles, en particulier pour comprendre les mécanismes biochimiques expliquant les effets observés.

L’apport des protéines et du calcium

La résistance à l’insuline est une condition qui se développe généralement avec l’âge et l’obésité. Elle entraîne une glycémie élevée, qui est un facteur de risque de MCV et de diabète de type 2.

Notre objectif était de comparer comment la consommation de fromage faible en gras par rapport au fromage ordinaire affectait la résistance à l’insuline et d’explorer les mécanismes biochimiques pouvant expliquer tout effet observé.

Pour ce faire, nous avons nourri des rats avec de grandes quantités de saindoux. Après quatre semaines, les rats ont été divisés en trois groupes :

  • nourris au saindoux

  • nourris au saindoux et au cheddar faible en gras

  • nourris au saindoux et au cheddar gras ordinaire.

Tous les régimes avaient la même quantité totale de gras, seule la source de gras variait (saindoux par rapport au fromage). Les rats ont été nourris ainsi pendant huit autres semaines.

Le résultat le plus intéressant de notre recherche est que le cheddar faible en gras et le cheddar régulier ont réduit la résistance à l’insuline chez les rats. Cela suggère que les effets bénéfiques du fromage pourraient ne pas être liés à la quantité de gras, mais à un autre composant, comme les protéines ou le calcium.

Beurre contre fromage

De nouvelles études chez l’humain sont apparues dans la littérature depuis le début de la nôtre. Un groupe de l’Université Laval et de l’Université du Manitoba a comparé les effets de la consommation de gras de différentes sources chez les hommes et les femmes souffrant d’obésité abdominale.

Une autre étude a testé le beurre, le fromage, l’huile d’olive et l’huile de maïs et n’a constaté aucun impact sur les niveaux d’insuline. Shutterstock

La durée du régime alimentaire était de quatre semaines et chaque régime a été évalué chez tous les participants. Le beurre, le fromage, l’huile d’olive et l’huile de maïs (32 % de calories provenant des matières grasses) ont été comparés à un régime plus riche en glucides (25 % de calories provenant des matières grasses).

Les chercheurs ont examiné la glycémie et les taux d’insuline (qui sont des indicateurs indirects de la résistance à l’insuline) et n’ont constaté aucun effet des graisses. Cependant, les échantillons de sang ont été prélevés après le jeûne, de sorte que l’information sur la glycémie était incomplète.

Une autre étude comparant le fromage faible en matières grasses et le fromage régulier n’a révélé aucune différence globale sur les caractéristiques du cholestérol LDL, ou « mauvais cholestérol », chez les personnes présentant des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire, mais n’a pas examiné les résultats liés à la glycémie.

Modification des métabolites sanguins

Dans notre étude, nous avons également observé comment les métabolites dans le sang changeaient après l’alimentation au fromage et nous avons trouvé des effets similaires dans le fromage faible en gras et dans le fromage ordinaire.

Les changements sont liés à un type spécifique de molécule appelé phospholipides, qui ont de nombreuses fonctions dans l’organisme. Il est intéressant de noter que les phospholipides à faible circulation sont liés au diabète et à la résistance à l’insuline chez les humains.

Les rats nourris avec du saindoux avaient des niveaux de phospholipides plus bas, alors que les taux étaient normaux chez les rats qui mangeaient du fromage.

Nous poursuivons actuellement cette recherche afin de comprendre comment le fromage régule le métabolisme des phospholipides et comment celui-ci est lié à la résistance à l’insuline.

This article was originally published in English

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