Menu Close

Un fab lab pour l’innovation cosmétique

Atelier réalisation de rouges à lèvres au we lab cosmetic. MDuchateau-Cosmétosciences., Author provided

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.


Dans un contexte réglementaire en perpétuelle évolution et devant un marché dicté par les consommateurs, la filière cosmétique se doit d’innover : ingrédients, formulation, qualité de produits… C’est dans ce contexte qu’a démarré en 2015 le programme Cosmetosciences, alliant la recherche et l’innovation pour un développement économique durable du territoire Centre-Val de Loire.

Le programme Cosmetosciences de la Région Centre-Val de Loire

Le programme ARD 2020 Cosmetosciences est financé par la région Centre-Val de Loire. Il est porté par l’Université d’Orléans en partenariat avec l’Université de Tours, le CNRS, le pôle de compétitivité Cosmetic Valley et le Studium. Tous ces partenaires travaillent à développer une dynamique de Recherche, de Formation et d’Innovation en soutien à la filière Parfumerie et Cosmétique. Ce programme s’inscrit dans une démarche transversale : sur plusieurs thématiques scientifiques (biologie, chimie, physique, mathématiques) et fédératrices impliquant de manière forte les chercheurs académiques et les industriels autour du fil conducteur « de la plante à la peau saine ».

Durant ses 2 premières années de fonctionnement (2015-2016), c’est plus de 20 projets de recherche entre laboratoires universitaires et industriels qui ont vu le jour. Ceci a permis le recrutement de stagiaires de licence et master, et de jeunes chercheurs. Deux chercheurs internationaux ont également été accueillis pendant un an dans les laboratoires de recherche régionaux. Des actions incitatives ont également vu le jour pour valoriser et faire connaître les formations en cosmétique des universités d’Orléans et de Tours. Des rencontres entre étudiants et acteurs professionnels ont été organisées ainsi que des actions grand public et en milieux scolaires.

Séminaire étudiants sur la beauté connectée. Cosmétosciences

Début 2017, le programme se poursuit en phase 2 pour trois nouvelles années (2017-2019) sur la base d’un financement régional à hauteur de 4,8 millions d’euros. Les principaux objectifs de cette nouvelle phase sont de dynamiser, renforcer et rendre visible la cosmétique en Région Centre-Val de Loire, tant au niveau national qu’international. En tirant les bénéfices de la dynamique mise en place au cours de la phase 1 (partenariats, recherche, formation), le programme Cosmetosciences phase 2 se propose de mutualiser les compétences des réseaux tissés sur une entité unique : We Lab Cosmetic.

Le programme Cosmetosciences soutient non seulement la transversalité des projets de recherche et des formations universitaires, mais souhaite aussi favoriser l’insertion professionnelle des étudiants en permettant des rencontres avec le tissu industriel et en offrant un lieu d’accueil unique en France, doté de moyens humains et techniques de base, où les étudiants (ou indépendants) entrepreneurs, porteurs de projets en cosmétique, peuvent réaliser un prototype.

We Lab Cosmetic : un fab lab collaboratif

C’est au cours d’une étude d’opportunité que le programme Cosmetosciences a saisi l’importance de créer un lieu tel que We Lab Cosmetic. Ce projet a vu le jour dès septembre 2017, sur le campus universitaire orléanais.

De type fab lab, il s’agit avant tout d’un lieu de rencontres et un environnement de travail idéal pour tout porteur de projets de l’univers cosmétique : le cosmaker. C’est donc un lieu qui permet de les accueillir pour tester leurs idées sur de petites échelles.

We Lab Cosmetic s’appuie sur les multiples compétences académiques reconnues en Région Centre-Val de Loire : chimie, biochimie, biologie, physique… Il cible en fait une partie des thématiques scientifiques développées dans Cosmetosciences pour apporter des réponses à certains défis de la filière cosmétique.

Réseau régional d’accompagnement à l’entrepreneuriat cosmétique. Cosmétosciences

We Lab Cosmetic offre l’accès à trois laboratoires :

  • Chimie du Végétal : Un laboratoire qui permet de valoriser une plante en fonction de ses usages traditionnels et de ses activités potentielles sur l’être humain. Il est possible, dans ce laboratoire, d’isoler certaines molécules ou familles de molécules contenues dans la plante par des procédés techniques simples, pour ensuite les analyser et les quantifier.

  • Biologie : Dans ce laboratoire, on peut vérifier la toxicité des ingrédients utilisés dans les nouveaux produits cosmétiques créés au We Lab Cosmetic. Les tests sont réalisés sur des cellules de peau. On peut aussi évaluer certaines activités potentielles (cicatrisante, hydratante, anti-oxydante, anti-inflammatoire…) soit directement sur des protéines humaines, soit sur des cultures cellulaires.

  • Formulation : C’est dans ce laboratoire que sont créés de nouveaux produits cosmétiques. La formulation, c’est l’art de bien mélanger les différents ingrédients pour obtenir une crème, un gel, un rouge à lèvres… On y peut y étudier aussi les caractéristiques physiques des produits et leur stabilité dans le temps.

We Lab Cosmetic s’adresse à toute personne curieuse de développer un nouveau concept cosmétique : étudiants, entrepreneurs indépendants, start-up, TPE. En bref, une personne qui souhaite développer une nouvelle activité cosmétique ou simplement avoir accès à du matériel de base pour quelques essais techniques. Les entreprises peuvent aussi proposer des challenges à des étudiants. Ces projets sont à la fois bénéfiques pour l’étudiant puisqu’il acquiert de nouvelles compétences tout en travaillant avec les contraintes industrielles, mais aussi pour l’industriel qui peut externaliser un projet non prioritaire à l’entreprise et créer un nouveau lien avec des acteurs académiques.

Chaque projet bénéficie d’un accompagnement individuel (orientation, développement, technique) et peut aussi être transféré, selon son avancement, sur d’autres structures de l’écosystème régional afin de mieux se concrétiser (incubateurs, accélérateurs…). De plus, un programme d’animations et de rencontres est proposé aux cosmakers tout au long de l’année afin de faciliter les échanges. Une fois par mois, ces rencontres permettent d’entendre des témoignages d’anciens cosmakers ou d’autres entrepreneurs, ou de participer à des ateliers pratiques collectifs. Un ensemble de partenaires et d’experts permet de répondre à des questions sur la création d’entreprise et à certaines problématiques plus ciblées auxquelles sont confrontées les cosmakers (propriété intellectuelle, marketing, levée de fonds…).

Réunis au sein d’une dynamique résolument tournée vers l’innovation, les cosmakers ont désormais les moyens de transformer eux-mêmes la théorie en pratique.

Un atelier cosmakers au We Lab Cosmetic : création d’une crème de nuit. Cosmétosciences

Concrètement depuis un an, ce sont quinze projets qui se sont développés au We Lab Cosmetic, dont six projets proposés par des étudiants et cinq challenges proposés par des entreprises et réalisés par des étudiants. Si l’attractivité est principalement régionale jusqu’à présent, quelques contacts ont été établis avec des cosmakers parisiens ou du sud de la France.

Et pour le grand public ?

Grâce au programme Cosmetosciences et à We Lab Cosmetic, plusieurs initiatives à destination du grand public ont vu le jour. Une malle pédagogique a été créée en 2016 pour des élèves de collèges. Cette malle est à disposition des enseignants et permet d’appliquer les programmes à des expériences concrètes. Pour accompagner cette malle, une exposition sera bientôt disponible.

Enfin, en plein cœur de l’université, We Lab Cosmetic est un lieu de rencontres entre chercheurs, étudiants et créateurs d’entreprises. C’est également un lieu de visite et d’ateliers pour les collégiens et lycéens. À l’occasion de certaines manifestations, telles que la Fête de la Science, We Lab Cosmetic est ouvert au grand public.

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 180,400 academics and researchers from 4,911 institutions.

Register now