Le Festival de Géopolitique de Grenoble 2018 du 14 au 17 mars a pour thème le XXIe siècle américain. Jean‑Marc Huissoud, l’un de ses organisateurs à Grenoble École de Management se pose la question : que reste-t-il de la puissance américaine ? et décrit les multiples facettes de l’affaiblissement apparent des États-Unis
Une coalition mondiale face aux États-Unis. Cet incroyable scénario s’est concrétisé récemment, quand le Conseil de sécurité des Nations-Unies a condamné à l’unanimité le transfert à Jérusalem de l’ambassade des États-Unis en Israël. Un nouveau signe, après beaucoup d’autres, de l’affaiblissement de la puissance américaine.
Le pays de l’Oncle Sam semblait avoir le champ libre en 1990 après l’effondrement du Bloc de l’Est. Mais il n’a cessé de voir de nouveaux obstacles se dresser devant lui. Ainsi, malgré sa force de frappe inégalée, son armée ne s’est jamais imposée de manière définitive dans ses interventions en Irak et en Afghanistan. Des demi-échecs qui ont eu un fort retentissement symbolique.
Sur le plan intérieur, les États-Unis révèlent des fragilités : communautarismes, pauvreté, contestation de plus en plus manifeste des élites. À l’étranger, même si Google, Apple, Facebook et Amazon semblent exercer un impressionnant soft power, ils n’ont conquis que des nations amies, qui s’inquiètent d’ailleurs de leurs monopoles. Leur influence est très relative en Russie et en Chine.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump et son image désastreuse accentue cette perte d’influence des États-Unis, qui reposait jusqu’alors sur l’idée que les USA étaient une puissance globalement constructive. Et on se demande ce qui restera de la stratégie de suprématie pour le XXIe siècle qu’ont défendue tous les présidents depuis Ronald Reagan…