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Tout comme d'autres coronavirus qui ne provoquent qu’un simple rhume, le SRAS-CoV-2 pourrait devenir endémique et plus inoffensif. Mais cela dépend de plusieurs facteurs. Shutterstock

Voici comment la Covid-19 pourrait devenir un simple rhume

Les virus endémiques sont ceux qui demeurent toujours présents dans une zone géographique. On en trouve un peu partout, mais ils diffèrent selon l’endroit. En Europe et en Amérique du Nord, on trouve par exemple le rhinovirus (qui cause le rhume) et le virus de la grippe, tandis que ceux de la dengue et du chikungunya sont endémiques dans de nombreux pays asiatiques.

Les maladies endémiques sont souvent plutôt bénignes, même si ce n’est pas toujours le cas. On estime, par exemple, que la grippe provoque chaque année jusqu’à 810 000 hospitalisations et 61 000 décès aux États-Unis.

Il existe actuellement quatre coronavirus endémiques qui ne provoquent qu’un simple rhume chez la plupart des gens. Que le SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19, joigne leurs rangs ou non dépendra de deux facteurs qui contrôlent le comportement d’un virus dans une population : la biologie du virus et l’immunité de la population hôte.

Les virus deviennent-ils tous endémiques ?

Bien que nous en sachions beaucoup sur la biologie des virus endémiques, il est très difficile de déterminer leur véritable origine. Ont-ils toujours été à l’origine de maladies plutôt bénignes ou ont-ils évolué à partir de précurseurs plus graves ?

Les virus se répliquent très rapidement : après avoir pénétré dans une cellule hôte, beaucoup produisent de nouvelles particules virales en quelques heures. En raison de la rapidité du processus, des erreurs sont souvent commises dans la copie de leur matériel génétique, ce qui génère des mutations.

Un grand nombre de ces mutations engendreront des virus non viables, incapables d’infecter quelqu’un ou de se répliquer. Mais un petit nombre d’entre elles pourrait entraîner un avantage qui permettrait, par exemple, au virus de pénétrer dans les cellules hôtes plus rapidement ou de faire le saut vers une autre espèce.

Il est important de se rappeler que ces mutations sont le fruit du hasard. Les virus ne peuvent pas décider délibérément de muter ni prendre des décisions conscientes quant à l’endroit où les mutations se produisent.

particules virales
Chaque fois qu’un virus se reproduit, il y a la possibilité que cela engendre une mutation. ktsdesign/Shutterstock

Une fois qu’une mutation avantageuse s’est produite, les virus qui en sont porteurs peuvent rapidement supplanter les autres versions du virus pour devenir la forme dominante dans la population. C’est ce qui se passe probablement en ce moment avec le variant britannique, dont la modélisation informatique laisse voir une capacité accrue à se lier à des cellules hôtes.

Nous pouvons suivre les mutations des éclosions actuelles, car les scientifiques du monde entier enregistrent et analysent régulièrement le matériel génétique des populations de virus grâce à un processus appelé séquençage génomique.

Cependant, il est presque impossible de déterminer comment les virus endémiques d’aujourd’hui ont changé pour prendre leur forme génétique actuelle, car il faudrait pour cela examiner les génomes de virus qui ne sont plus en circulation. Certains anciens virus ont été séquencés, mais il est rare de trouver des échantillons suffisamment bien conservés pour le faire — de plus, cela nous donne un portrait du virus à un moment précis plutôt qu’une vision détaillée de son histoire.

Nous pouvons aussi étudier le matériel génétique de différents virus connus aujourd’hui et les comparer pour essayer de travailler à rebours afin de voir d’où proviennent certaines mutations et souches. Par exemple, la similarité entre le coronavirus endémique HCoV-043 et son homologue bovin, le BCoV, indique que le virus humain viendrait du bétail. En conjuguant cette information aux données historiques, cela a permis à certains scientifiques d’avancer que le HCoV-043, désormais endémique, aurait été à l’origine d’une pandémie à la fin du 1IXe siècle.

Il n’y a pas de preuve directe que les agents pathogènes mutent pour perdre de leur virulence au fil du temps, pas plus qu’il n’existe de feuille de route de la façon dont les mutations rendent un virus endémique. Cependant, nous savons que le SARS-CoV-2 est en train de muter. Il est plausible, mais pas certain, qu’il finisse par le faire de façon à pouvoir survivre à long terme dans les populations humaines.

Notre corps se défend

C’est particulièrement vrai maintenant que notre système immunitaire est mieux entraîné contre le SARS-CoV-2 grâce à l’exposition au virus et à la vaccination. Notre système immunitaire évolue depuis des millénaires pour combattre efficacement les infections et se trouve actuellement dans une course aux armements évolutionniste avec le SARS-CoV-2. Ainsi, notre système immunitaire adaptatif se modifie chaque fois que nous rencontrons de nouveaux microbes (ou que nous élaborons un vaccin) pour produire des anticorps spécifiques et performants.

Les pandémies et les épidémies sporadiques surviennent généralement dans des populations où les gens n’ont pas de défenses contre une nouvelle infection, ce qui entraîne souvent une maladie grave et une propagation rapide. Mais comme les agents qui provoquent la plupart des maladies endémiques circulent en permanence, la population dans son ensemble tend à avoir une certaine immunité. Cela peut empêcher tout à fait l’apparition de symptômes ou rendre la maladie bénigne, puisque le système immunitaire limite les dommages causés par le virus.

Avec la Covid-19, il semble que les enfants soient moins atteints, alors que les formes plus graves de la maladie surviennent surtout chez les patients de plus de 60 ans. Par conséquent, si de nombreuses personnes développent une immunité tôt dans leur vie (que ce soit par infection ou vaccination), avec le temps, cela pourrait donner lieu à une forme bénigne du SARS-CoV-2, si les jeunes conservent un certain niveau d’immunité tout au long de leur vie.

Une fillette atteinte de la varicelle
La varicelle est une maladie relativement bénigne et endémique chez les enfants. Comme l’infection est fréquente en bas âge, les adultes sont rarement atteints. CokaPoka/Shutterstock

Comme l’ont suggéré des chercheurs en se basant sur la modélisation à partir de données immunologiques des quatre coronavirus endémiques existants, il est possible qu’on en arrive à un moment où tout le monde serait exposé à la Covid-19 pour la première fois dans l’enfance, ce qui rendrait les infections à un âge avancé aussi bénignes qu’un simple rhume. Mais il est important de noter que cela demeure tout à fait hypothétique.

Il faut également souligner qu’il serait imprudent d’infecter délibérément des gens (ou d’encourager les infections). Ainsi, nous ne devrions pas inciter les jeunes à attraper le virus puisque nous ne connaissons pas les effets à long terme de la Covid-19 ni la durée de l’immunité contre la maladie (que ce soit par infection ou vaccination). Rien ne garantit non plus que la maladie serait moins grave en devenant endémique.

Par ailleurs, pourquoi chercher à ce que le virus devienne endémique alors que nous pourrions viser sa disparition grâce à une vaccination à grande échelle ? Le moyen le plus éthique, le plus pratique et le plus sûr de réduire la menace du SARS-CoV-2 est de vacciner le plus grand nombre possible de personnes, y compris les enfants.

This article was originally published in English

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