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femme docteure examine un enfant
Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires. (Shutterstock)

VRS, influenza et SRAS-CoV-2 : pleins feux sur la triple épidémie de virus respiratoires

Depuis 2022, une triple épidémie de virus respiratoires (VRS, influenza et SRAS-CoV-2) bouscule notre quotidien. Et les médias rappellent sans cesse qu’elle met à rude épreuve les urgences médicales.

Comment se distingue cette saison des virus respiratoires de l’ère pré-Covid ?

En tant que spécialiste des interactions entre les hôtes et les virus, je propose d’apporter un éclairage sur la nouvelle dynamique de la saison des virus respiratoires.

Le tristement célèbre SRAS-CoV-2

Le SRAS-CoV-2, instigateur de la pandémie de Covid-19, persiste. Malgré un accès aux tests de dépistage limité, l’influence considérable du virus se manifeste à travers le nombre d’hospitalisations observées.

L’Institut National de Santé publique du Québec a dénombré plus de 33 000 hospitalisations au Québec en 2023, touchant toutes les catégories d’âge, y compris 648 enfants de moins de 9 ans.

Le virus ne montre pas de saisonnalité. Il se transmet avec une efficacité redoutable via les aérosols, surtout quand nous nous réfugions à l’intérieur pour échapper au froid. Le virus qui circule actuellement est en réalité un mélange de différents virus, appelés variants, dont chacun a le potentiel d’échapper partiellement à l’immunité acquise par une infection précédente ou la vaccination.

Une vraie grosse grippe

Le virus influenza, artisan de la grippe saisonnière, est de retour à son rythme habituel après une interruption due aux mesures sanitaires. Il circule à nouveau avec ses différentes versions appartenant aux groupes (souches) A et B, bien que les scientifiques pensent qu’un type de souche B, la souche Yamagata, ait disparu.

Un variant du groupe A de type H1N1, différent des virus qui ont causé les pandémies de 1918 et 2009, domine actuellement en Amérique du Nord, fait augmenter les hospitalisations, surtout chez les aînés et les jeunes enfants.

Cependant, il faudra rester vigilant, car il peut y avoir un changement de souche au cours d’une même saison. Résultat ? La population cible pourrait changer, comme dans la saison 2018-2019.

Et le VRS dans tout ça ?

Enfin, le virus respiratoire syncytial (VRS) semble aussi reprendre une transmission prépandémique.

Le VRS cause des bronchiolites et des pneumonies. Les bronchiolites sont caractérisées par une obstruction des petites voies aériennes, qui peut évoluer vers une respiration sifflante ou une détresse respiratoire.

Les enfants sont virtuellement tous infectés avant l’âge de 2 ans. Et l’infection par le VRS est l’une des principales causes d’hospitalisation chez les jeunes enfants.

Avant la pandémie de Covid-19, on dénombrait en moyenne 2 523 hospitalisations annuelles au Canada, dont la moitié chez les moins de 6 mois et plus d’un quart nécessitant une admission aux soins intensifs.

Mais le VRS touche également sévèrement les aînés et les adultes immunodéprimés ou ayant des conditions chroniques existantes. Le VRS démontre des niveaux élevés d’atteintes sévères, hospitalisations et décès à l’hôpital chez les adultes, chiffres qui se comparent à ceux de la grippe.

Certes, ces trois virus captent l’attention, mais d’autres virus respiratoires moins médiatisés circulent également, témoignant d’un environnement viral diversifié.

femme hospitalisée
Avec la présence continuelle du SRAS-CoV-2, nos hôpitaux n’arrivent pas à reprendre leur souffle. (Shutterstock)

Le SRAS-CoV-2 a tout bousculé

La présence du SRAS-CoV-2 marque la principale différence avec l’ère prépandémie, en alourdissant la charge sur un système de santé fragilisé. Le défi est amplifié par la capacité de transmission extrêmement élevée du SRAS-CoV-2, en comparaison à l’influenza et au VRS, ce qui rend la gestion saisonnière beaucoup plus complexe.

Auparavant, la saison des virus respiratoires avait un début et une fin assez prévisibles, déterminés par la surveillance des virus au cours des années. Nos systèmes étaient pourtant déjà difficilement capables d’absorber cette augmentation saisonnière de patients. Aujourd’hui, le tableau s’est encore complexifié par la présence continuelle du SRAS-CoV-2. Et nos hôpitaux, qui n’arrivent pas à « reprendre leur souffle », peinent à suivre.

Au-delà de l’infection

La seconde différence majeure qu’il ne faut pas négliger est la capacité du SRAS-CoV-2 à causer des problèmes de santé étendus bien au-delà du système respiratoire. De plus, il provoque des séquelles à long terme après l’infection, comme le syndrome post-Covid (aussi connu sous le nom de Covid longue), qui affecte des millions de personnes.

L’étendue des conséquences de l’infection et des réinfections sur la santé humaine reste incertaine, tout comme l’efficacité des vaccins à limiter ces effets. La pandémie de SRAS-CoV-2 – avec sa transmission exceptionnelle – a mis à la disposition de la recherche un grand nombre de patients. Couplé aux financements sans précédent, cela a permis de débuter des recherches qui n’avaient jamais été possibles auparavant pour caractériser un syndrome post-viral.

Bien sûr, le nombre de personnes infectées par le VRS ou la grippe globalement chaque année n’arrive pas à la cheville du nombre de personnes infectées par le SRAS-CoV-2, même à ce stade de la pandémie. Cependant, il existe plusieurs preuves montrant qu’en plus des symptômes aigus et du taux de mortalité associé à la grippe et au VRS, des conditions post-virales existent également, comme pour le SRAS-CoV-2.

L’importance des vaccins

La dernière distinction par rapport à la période prépandémie est l’arrivée de vaccins contre le VRS. Au Canada, le vaccin Arexvy est approuvé pour les plus de 60 ans et le vaccin Abrysvo est également approuvé pour les femmes enceintes, offrant ainsi une immunité transmise aux enfants dès la naissance. Toutefois, ces deux vaccins n’ont pas encore fait l’objet de recommandation officielle. On attend encore un vaccin qui serait disponible pour les enfants. Le trio de vaccins contre la Covid-19, la grippe et le VRS aidera certainement lors des prochaines saisons à atténuer les symptômes sévères associés aux infections liées aux virus respiratoires.

Notre objectif premier doit cependant viser à réduire l’incidence des infections par les virus respiratoires. Malgré la vaccination, en raison du vieillissement de la population, on peut s’attendre à ce que la mortalité et la morbidité associées à ces infections augmentent.

Les trois virus ont en commun leur transmission par voie aérienne. Et cette dernière pourrait être diminuée par la mise en place de stratégies passives visant à réduire la concentration d’aérosols dans l’air intérieur.

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