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jeune femme sur le sofa avec son enfant
Le bonheur et l’épanouissement que l’on ressent en prenant cette décision dépendront de nombreux facteurs. (Shutterstock)

Avoir des enfants rend-il plus heureux ? Voici ce qu'en dit la science

Dans plusieurs régions du monde, la croyance dominante stipule qu’avoir des enfants est la clé du bonheur, et que les personnes qui n’en ont pas sentent que leur existence n’est pas satisfaisante.

Mais est-ce vraiment le cas ? La réponse à cette question est à la fois simple et complexe. Le sentiment d’épanouissement que l’on ressent dans sa vie, que l’on décide ou non d’avoir des enfants, dépend d’une grande diversité de facteurs.

Examinons d’abord la réponse simple : non, nous n’avons pas besoin d’avoir d’enfants pour être heureux et épanouis.

Les études menées auprès de femmes qui ont choisi de ne pas devenir mères montrent que la plupart d’entre elles ont un bon sens de l’identité et de l’individualité. Elles ne se sentent pas définies par leur rôle au sein de la famille et estiment avoir plus de liberté et de maîtrise de leur corps, de leur vie et de leur avenir. Les femmes sans enfants font également état d’une plus grande stabilité financière, même s’il n’est pas nécessaire d’avoir un statut socio-économique élevé pour être bien avec la décision de ne pas avoir d’enfants.

En moyenne, les femmes et les hommes qui n’ont pas d’enfants sont aussi moins stressés, et se déclarent plus satisfaits de leur mariage.

Il existe peu de recherches sur les hommes célibataires et leur expérience de ne pas avoir d’enfants – et encore moins sur celle des personnes transgenres ou queers. Cependant, une étude portant sur des hommes ayant choisi de renoncer à la paternité a révélé que la plupart se déclarent contents de leur décision et se félicitaient de jouir d’une plus grande liberté dans leur vie. Seul un petit nombre d’entre eux ont exprimé des regrets quant à leur choix, principalement parce qu’ils ne laisseraient pas d’héritage.

Toutefois, les hommes sans enfants risquent de voir leur degré de satisfaction générale diminuer à un âge avancé s’ils ne bénéficient pas d’un soutien social.

Le paradoxe de la parentalité

C’est lorsqu’il s’agit de décider d’avoir ou non des enfants que les choses se compliquent un peu.

Si les parents peuvent sans aucun doute vivre heureux et épanouis, la satisfaction qu’ils éprouvent à l’égard de cette décision s’étale généralement dans le temps et peut également dépendre de multiples facteurs sur lesquels ils n’ont pas d’emprise.

Au début, beaucoup de parents ressentent une baisse temporaire de leur bien-être après la naissance d’un enfant, un phénomène connu sous le nom de « paradoxe de la parentalité ». En effet, un nouveau bébé peut entraver la satisfaction de nombreux besoins fondamentaux, tels que le sommeil, l’alimentation et les contacts avec les amis. Cette situation peut être source de mécontentement.

Les femmes hétérosexuelles se déclarent aussi plus malheureuses que les hommes lorsqu’elles deviennent parents. Cela peut s’expliquer par le fait que la charge des soins tend à peser de manière disproportionnée sur elles.

Mais le fait de bénéficier d’un bon soutien familial et social, d’un co-parent actif et également investi, et de vivre dans une région dotée de politiques de soutien au travail et à la famille peut compenser le stress et les coûts liés à l’éducation des enfants.

C’est probablement la raison pour laquelle les femmes norvégiennes ne font pas état d’une perte de bonheur lorsqu’elles ont des enfants, car la Norvège dispose de nombreuses politiques favorables à la famille qui permettent aux deux parents d’élever leurs enfants tout en menant une carrière.

Une photo d’une mère, d’un père et d’une fille souriants.
Une participation équitable des co-parents peut compenser le stress lié à l’exercice de la parentalité. (Shutterstock)

Bien qu’être parent puisse s’avérer difficile, il ne faut pas en conclure que le bonheur, la joie et une vie plus épanouie sont impossibles à atteindre. L’expérience parentale peut même engendrer une forme profonde de bien-être appelée « eudémonique ». Il s’agit du sentiment que votre vie vaut la peine d’être vécue, ce qui est différent du bonheur à court terme.

Les hommes comme les femmes peuvent ressentir un bien-être eudémonique positif lorsqu’ils deviennent parents. Mais pour ces dernières, l’augmentation du bien-être eudémonique dépend également de l’équilibre entre les tâches parentales et celles de leur partenaire.

Faire face aux regrets

Une autre préoccupation majeure est de savoir si on regrettera de ne pas avoir eu d’enfants.

Il est rassurant de constater que les recherches menées auprès de personnes âgées n’ayant pas eu d’enfants montrent qu’un grand nombre d’entre elles se déclarent comblées et font preuve de résilience face aux problèmes de santé mentale.

Il semble que la principale clé pour être heureux de sa décision d’avoir ou non des enfants dépende du fait que l’on se sente maître de cette décision. Lorsqu’on a le sentiment d’avoir choisi sa voie, on tend à assumer ses décisions et à en tirer une plus grande satisfaction.

Mais que se passe-t-il si ce choix vous a été retiré, que vous vouliez un enfant sans pouvoir y parvenir ? Peut-on être heureux dans ce cas ? Notre étude montre que la réponse est un oui retentissant.

Nous nous sommes intéressés aux conséquences de l’infécondité auprès de 161 femmes britanniques qui souhaitaient être mères sans avoir pu le devenir pour diverses raisons, telles que l’impossibilité de trouver un partenaire ou l’infertilité. Les participantes étaient âgées de 25 à 75 ans.

Nous avons constaté qu’en moyenne, le bien-être des participantes n’était pas différent de celui du public en général. Alors que 12 % d’entre elles vivaient mal cette situation (elles avaient l’impression que leur vie n’avait pas de but), 24 % s’épanouissaient psychologiquement, faisant état du niveau de santé mentale le plus élevé. Les autres ont connu des niveaux de bien-être modérés.

Il est intéressant de noter que, pour certains, les efforts déployés pour avoir un enfant se sont traduits par une croissance post-traumatique. Cette notion fait référence aux changements psychologiques positifs qui surviennent après un événement traumatisant. Les femmes dont le niveau de bien-être est le plus élevé ont déclaré que de se concentrer sur de nouvelles possibilités dans leur vie, en dehors du fait d’être mère, les a aidées à améliorer leur bien-être.

Des études menées auprès d’hommes qui n’ont pas pu avoir d’enfants pour cause d’infertilité indiquent que nombre d’entre eux ont éprouvé de la tristesse par la suite, même si cette tristesse s’est atténuée avec l’âge. Mais comme pour les femmes involontairement privées d’enfants, repenser leur identité et leur rôle dans la société en dehors de la paternité a aidé beaucoup d’entre eux à trouver un sens et une satisfaction à leur vie.

La parentalité conduit-elle au bonheur ? L’infécondité nous rend-elle malheureux ? La réponse à ces questions n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Le bonheur ou l’épanouissement que nous ressentons dépend de nombreux facteurs, dont beaucoup échappent à notre volonté. Si la manière dont on choisit de donner un sens à sa vie est effectivement un élément clé, le soutien social qui nous est apporté pour devenir parent et le climat politique dans lequel nous vivons le sont tout autant.

This article was originally published in English

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