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femme prononce un discours
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, prononce un discours lors de la cérémonie d'ouverture de la conférence de l'ONU sur la biodiversité, la COP15, à Montréal, le 6 décembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Paul Chiasson

COP sur le climat, COP sur la biodiversité : voici pourquoi il faut une approche intégrée

La conférence de l’ONU sur la biodiversité, la COP15, a débuté à Montréal le 7 décembre dernier, peu de temps après la fermeture du sommet sur les changements climatiques (COP27), tenu en Égypte en novembre 2022. Ce dernier a été « décevant » pour plusieurs participants, lesquels souhaiteraient entreprendre une réforme du processus délibératif.

Alors que les critiques fusent de toutes parts, le temps serait-il venu de fusionner les deux types de conférences entre elles ?

La tenue de deux COP dans un intervalle de temps rapproché peut semer la confusion chez le public. Cet article s’intéresse à l’interaction des agendas sur le climat et la biodiversité, le tout dans un esprit réformiste.

Doctorante en science politique à l’Université de Montréal, mes travaux portent sur l’efficacité des cadres utilisés, notamment celui de santé, pour aborder la crise climatique et leur rôle dans l’apport de changements de politique publique.

Qu’est-ce que la COP27 ? La COP15 ?

Lors du sommet de Rio en 1992, les pays membres de l’ONU se sont rassemblés afin de signer trois conventions déterminantes pour favoriser le développement durable : la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention sur la diversité biologique (CDB), et la Déclaration sur les principes de gestion des forêts. Depuis, des conférences sont organisées pour chacune d’entre elles afin de faire le point sur les avancées et de mettre à jour les objectifs fixés.

La COP 27 s’ajoute à la longue liste des conférences tenues annuellement pour tenter de ralentir le réchauffement climatique, par l’entremise d’une réduction de l’impact des activités humaines. De son côté, la COP15 est associée plus spécifiquement à la préservation de la biodiversité, elle aussi dégradée par ces mêmes activités.

Les COP portant sur la biodiversité sont plus rares que celles sur le climat, puisqu’elles ont lieu une fois tous les deux ans. Le dernier plan stratégique remonte néanmoins à la conférence de Nagoya en 2010. Les gouvernements se sont alors engagés, entre autres, à réduire au moins de moitié la perte d’habitats naturels et à sauvegarder 17 % des zones terrestres et des eaux continentales, ainsi que 10 % des zones marines et côtières. Un rapport récent du secrétariat pour la CDB a cependant démontré que ces cibles n’ont pas été atteintes.

À l’issue de la COP15, les gouvernements se seront mis d’accord sur de nouveaux objectifs pour la prochaine décennie, d’où son importance capitale.

Un système à deux vitesses ?

De plus en plus de voix s’élèvent en faveur d’une approche intégrée des agendas sur le climat et sur la biodiversité, jusqu’ici systématiquement séparés.

homme parle à d’autres personnes
Sameh Shoukry, président du sommet climatique de l’ONU, la COP27, s’entretient avec d’autres personnes lors de la session plénière de clôture, le 20 novembre 2022, à Charm el-Cheikh, en Égypte. (AP Photo/Peter Dejong)

À peine dix ans après le sommet de Rio, plusieurs chercheurs, dont Joy A. Kim, économiste au Programme des Nations unies pour l’environnement, constataient déjà le manque de synergie entre les deux régimes. Pourtant, le climat et la biodiversité représentent des enjeux transnationaux, hautement complexes et connectés, auxquels il faut remédier rapidement. Ils partagent d’ailleurs des causes similaires, soit des activités humaines excessives.

Le réchauffement climatique, par ses conséquences directes ou par les mesures mises en place pour le contrer, vient cependant exacerber ces mêmes impacts sur la biodiversité. Celle-ci fait donc face à un double danger.

Le climat et la biodiversité sont interdépendants

Les deux crises sont aussi interdépendantes en termes de solutions, car la biodiversité peut aider à lutter contre les changements climatiques, notamment avec des solutions fondées sur la nature (SfN) pour séquestrer le carbone. Ces solutions incluent, entre autres, la restauration des habitats, la gestion des ressources en eau, et la construction d’infrastructures vertes.

Autrement dit, les impacts des mesures climatiques sur la biodiversité sont peu reconnus, et les atouts de celle-ci sont mal mis à profit. Au lieu de la détériorer, l’action climatique devrait pouvoir la protéger et même lui permettre de prospérer.

Cette interaction au sein de la gouvernance environnementale est peu reflétée dans le droit international, où les deux régimes n’ont aucune obligation de coopérer. De manière implicite, on les retrouve néanmoins côte à côte dans les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU.

Tandis que la CDB célèbre son 30e anniversaire cette année, sa secrétaire générale, Elizabeth Maruma Mrema, consciente du fait que la crise climatique fait de l’ombre à la crise de la biodiversité, a récemment déclaré que si cela était à refaire, il n’aurait dû y avoir qu’une seule convention et non trois.

femme parle dans un micro
Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire administrative de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, prend la parole lors de la conférence de presse d’ouverture de la COP15, la conférence des Nations unies sur la biodiversité, à Montréal, le 6 décembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Graham Hughes

Quand la pandémie s’en mêle

Comme si cela ne suffisait pas, la pandémie de Covid-19 est venue distraire les programmes politiques, en se hissant au sommet des préoccupations des gouvernements. En plus d’avoir retardé l’organisation de la COP27 et de la COP15, celle-ci pourrait amener les décideurs à se concentrer en priorité sur des problèmes domestiques, tels que le ralentissement économique qu’elle a elle-même engendré.

D’autres la voient plutôt comme une fenêtre d’opportunité pour une reprise économique verte, même si les résultats de la COP27 ont certainement affaibli leur optimisme.

Malgré les circonstances peu favorables, plusieurs initiatives scientifiques ont vu le jour afin de permettre un meilleur maillage d’expertise. Les liens entre les deux crises ont notamment été abordés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui ont décidé de coécrire un rapport pour la première fois en 2021.

Les engagements pris lors de la COP15 permettront d’avoir une meilleure idée de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la gouvernance environnementale.

Qu’il s’agisse d’une crise sanitaire ou d’une crise environnementale, la solidarité internationale est de mise.

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