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« L’envers des mots » : Flex office

Personnes travaillant dans un espace de travail contemporain
La digitalisation de l'entreprise s'accompagne d'un management des espaces de travail non plus dédié aux personnes mais aux fonctions. Shutterstock

Le flex office, ou littéralement « bureau flexible », représente un poste de travail qui n’est pas attitré à un collaborateur en particulier. Il peut être localisé dans un open space comme dans un bureau cloisonné. Ainsi, à défaut d’un poste fixe, l’employé dispose en fonction de ses besoins, d’une multitude d’espaces : salles de réunions ou de créativité, espaces collaboratifs, bulles d’isolement, espaces de détente ou de brainstorming… Il est libre de faire son choix dans ces environnements en fonction de son temps de travail et de son organisation, en équipe ou non.

Ce nouvel environnement de travail transforme l’employé en collaborateur nomade et connecté. Il repose sur la promotion du mode de travail collaboratif, développé avec la révolution numérique et l’économie de partage dans le courant de la décennie 2010. Dès lors, la digitalisation de l’entreprise s’accompagne d’un management des espaces de travail non plus dédié aux personnes mais aux fonctions.

Ce type d’organisation a initialement été plébiscité par les starts-up, qui par nature ont besoin d’espaces évolutifs et ne peuvent se permettre de louer des espaces de bureaux avec des baux commerciaux classiques. Il s’est déployé progressivement dans les grandes entreprises en quête d’innovation organisationnelle et managériale.

Très rapidement, le flex devient la vitrine des grands cabinets de conseil dédiés au management de transition et dont la plupart des collaborateurs travaillent hors les murs de l’entreprise. Il est prôné également par les grands groupes du numérique, notamment les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), pour lesquels il s’agit d’une vitrine des technologies indispensables à ces espaces non affectés : la connexion au réseau et les outils informatiques.

Avec la crise sanitaire de 2020 et la poursuite généralisée du télétravail, devenu pour certaines entreprises un élément essentiel de la marque employeur, le flex devient une solution face aux problématiques d’organisation posées par les taux d’inoccupation des immeubles d’exploitation. La vacance occasionnée par le télétravail amène l’entreprise à adopter l’hybridité du travail et de leurs espaces dédiés : une combinaison de flex et de télétravail, soit à domicile soit dans des tiers lieux.

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Le flex et le partage de poste permettent de réduire sensiblement la surface allouée au collaborateur et deviennent une solution idéale pour diminuer les surfaces louées par les entreprises, allégeant ainsi la facture immobilière qui représente souvent le second poste de dépenses après les salaires. Pourtant, ce qui apparaît comme la réponse à l’équation entre retour au bureau et encadrement du télétravail se heurte à un défaut de popularité auprès des salariés. Seuls 5 % des salariés considèrent que le flex correspond à leurs besoins, loin derrière les autres formes de bureau.

Alors que les cadres plébiscitent le flex et considèrent le bureau en entreprise comme un lieu de socialisation, à l’inverse, les employés, notamment ceux dont le logement est bien trop souvent inadapté au télétravail et qui ont besoin d’un lieu de ressources matérielles et de concentration, sont significativement plus favorables au bureau attitré.


Cet article s’intègre dans la série « L’envers des mots », consacrée à la façon dont notre vocabulaire s’étoffe, s’adapte à mesure que des questions de société émergent et que de nouveaux défis s’imposent aux sciences et technologies. Des termes qu’on croyait déjà bien connaître s’enrichissent de significations inédites, des mots récemment créés entrent dans le dictionnaire. D’où viennent-ils ? En quoi nous permettent-ils de bien saisir les nuances d’un monde qui se transforme ?

De « validisme » à « silencier », de « bifurquer » à « dégenrer », nos chercheurs s’arrêtent sur ces néologismes pour nous aider à mieux les comprendre, et donc mieux participer au débat public.

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