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Sur le réseaux sociaux, la vie peut avoir l'air extraordinaire ! Mais ça n'est pas trop dommageable lorsqu'on se rappelle que le contenu partagé en ligne ne représente qu’une partie de nos vraies histoires. Shutterstock

Les « contes de fée » sur les réseaux sociaux peuvent miner votre confiance, mais vous pouvez aussi en rire!

Si les réseaux sociaux étaient une personne, vous l’éviteriez probablement.

Facebook, Twitter et Instagram débordent de photos de personnes voyageant vers des destinations exotiques, paraissant comme si elles allaient figurer à la une de Vogue, et semblant vivre une existence de conte de fées. Et, comme tous les contes de fées, ces histoires ont toutes les allures de la fiction.

Quand vous comparez la « réalité projetée » à votre expérience vécue, il est facile de conclure que vous ne faites pas le poids. La recherche démontre que les jeunes adultes sont particulièrement vulnérables face à ce phénomène.

Nous avons également examiné cette tendance chez les étudiants diplômés, notre prochaine génération d’universitaires : eux aussi se comparent implicitement à leurs pairs, parfois automatiquement. Nous sommes socialement formés à faire cela tel que démontré par une litanie d’études de recherche explorant nos relations avec les images projetées des autres .

Ces comparaisons implicites peuvent menacer vos besoins psychologiques innés : autonomie, compétence et appartenance. Pas seulement l’une d’entre elles. Chacune d'entre elles.. Et de telles comparaisons ont aiguillé la vie en ligne vers une compétition perdue d’avance.

Nous sommes dépassés par les autres et leurs messages, et cela peut nous rendre nettement malheureux si nous laissons faire. Il n’a jamais été plus facile de douter de nous-mêmes et de nos réalisations en raison du torrent omniprésent de « nouvelles » affichées par des gens généralement bien intentionnés en quête de communication et d’approbation.

D’où cela vient-il?

Les réseaux sociaux remplissent nos journées, mais ça n’a pas toujours été le cas. De fait, la naissance de sites et applications comme la plateforme de microblogage Tumblr (2007), la messagerie de discussion condensée Twitter (2006) et le célébrissime Instagram (2010) sont tous arrivés sur la scène technologique en tandem avec la révolution du livre numérique. Et pourtant, en seulement une décennie, ces outils ont envahi nos navigateurs, nos téléphones et notre amour-propre.

Les gens passent plusieurs heures par jour sur les diverses applis des réseaux sociaux, ce qui ne paraît pas trop approximatif si on présume que tout le monde n’utilise qu’une appli. Toutefois, la tendance chez les jeunes utilisateurs de se servir de multiples applis de réseaux sociaux (et d’avoir accès à leurs comptes plusieurs fois par jour) est en hausse.

Ce qui signifie, pour plusieurs d’entre nous, que nous passons des heures chaque jour en ligne à consommer du contenu, allant des courts gazouillis aux images superbement mises en scène des #bookstagram aux égoportraits soigneusement réalisés qui parfois nous font penser que nos amis vivent une vie éblouissante, même s’ils se lèvent à l’aube pour prendre soin de leurs rejetons.

Les présences sur les réseaux sociaux ne sont pas intrinsèquement contrefaites, mais certaines personnes qui interagissent dans ces espaces se sentent poussées à performer. Et ce n’est pas toujours une mauvaise chose!

Tel que soutenu par Amy Cuddy, il est parfois utile de prétendre être ce que nous voulons être afin de nous donner la confiance d’être à la hauteur de nos promesses d’avenir. Il y a une riche histoire de « faire comme si » dans les espaces spirituels axés sur la croissance. Mais il y a une ligne entre « le prétendre jusqu’à le devenir » et passer l’après-midi à prendre des photos embarrassantes pour obtenir plus de « j’aime ».

Partie sombre de l’âme

Après avoir mené quelque 60 entrevues et 2500 sondages dans le cadre de deux études courantes auprès d’étudiants postsecondaires, les résultats indiquent que le fait d’être constamment comparé aux autres peut ébranler notre confiance rapidement.

Par exemple, un étudiant au doctorat de première année nous a dit : «J e me sens nul parce que je n’ai publié aucun article et je n’ai aucune bourse importante comme le reste de mon groupe de recherche. » Un étudiant de première année?!

Un autre a commenté : « Tous mes pairs sont meilleurs que moi, pourquoi suis-je même ici? »

Il s’agit de penseurs de haute volée, et pourtant leur confiance est anéantie en partie parce que les réseaux sociaux ne permettent pas d’établir de comparaisons justes.

Être constamment comparé aux autres n’est pas bon pour nous. Pj Accetturo / Unsplash

On souhaiterait que ces expériences soient restreintes à certains contextes, mais elles sont omniprésentes. Nous sommes devenus si habitués à voir le monde par l’entremise des réseaux sociaux que nous leur donnons la fausse équivalence avec notre expérience vécue. Nous comparons implicitement nos vies à la sensation des réseaux sociaux et estimons qu’il s’agit d’une émulation équitable.

Les banalités ne se qualifient évidemment pas pour les réseaux sociaux. Les messages des réseaux sociaux doivent être épiques pour être partagés.

Presque personne ne met son statut à jour avec un « bof »; nos messages sur les réseaux sociaux se situent habituellement à un extrême ou l’autre, bon ou mauvais, et on se retrouve à comparer nos réalités individuelles avec une anecdote exceptionnelle dénuée de contexte. C’est tout le sucre, sans aucune fibre.

Ce n’est pas rien qu’une fosse de désespoir

Malgré ce tableau relativement sombre, la façon dont nous nous comportons sur les réseaux sociaux n’est pas entièrement destructive. En premier lieu, la conscience dont nous semblons tous faire preuve concernant les présentations inauthentiques de la vie des gens que nous consommons en ligne (et les comparaisons pénibles qui s’en suivent souvent) a aussi engendré subversivement des actes créatifs de satire.

‘It’s Like They Know Us’ affiche des photos avec légendes.

Un exemple provient de «It’s Like They Know Us,» un blogue/livre/sous-culture parentale qui consiste à prendre des photos de scènes familiales et d’y ajouter des légendes qui se moquent des normes impossibles que ces images perpétuent. Et des articles comme le récent «How to Become Instagram Famous Experiment» nous rappellent que derrière les images soigneusement cultivées, se cache une série de tentatives ratées et parfois d’efforts ridicules pour réaliser la photo parfaite.

C’est un genre de créativité perverse qu’a engendrée notre présence sur le web saturé d’images. Et aussi souvent que nous nous laissons entraîner dans le cycle destructeur de la comparaison de nos vies authentiques et désordonnées aux clichés de la perfection que nous voyons en ligne, aussi souvent nous prenons du recul et rions en nous rendant compte à quel point tout cela est stupide.

Peut-être que simplement nous jouons le jeu; n’est-il pas amusant de penser, juste un moment, que quelqu’un, quelque part, fait vraiment la grande vie? Et peut-être, juste peut-être, si nous concevons nos livres de façon ingénieuse ou réussissons un égoportrait éblouissant après la 10 ème tentative, peut-être serons-nous en mesure de voir derrière l’image la beauté qui existe dans chacune de nos réalités imparfaitement désordonnées, chaotiques et authentiques.

Peut-être est-il bon pour nous de «faire comme si», pourvu que nous nous rappelions que le contenu que nous partageons en ligne ne représente qu’une partie de nos vraies histoires. Souvenez-vous, même les contes de fées ont un fond de vérité.

This article was originally published in English

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