Menu Close
Un groupe de personnes réunis en train de rire et de parler
Les personnes seules sont plus malades et vivent moins longtemps. Tout comme les recommandations concernant l’alimentation et l’exercice physique, les directives de santé publique en matière de liens sociaux peuvent nous aider à vivre plus heureux et en meilleure santé. (Shutterstock)

Les liens sociaux sont essentiels pour le bien-être. Voici sept manières d’éviter l’isolement

Le Directeur du Service de santé publique des États-Unis, Vivek Murthy, a récemment qualifié la solitude d’épidémie et a publié un avis de santé publique sur les effets curatifs des relations interpersonnelles et de la communauté.

Le rapport met en garde contre les conséquences néfastes importantes de la solitude et de l’isolement social, en les comparant à d’autres facteurs de risque majeurs de décès prématuré tels que le tabagisme, l’obésité, l’hypertension artérielle et l’hypercholestérolémie.


Read more: La solitude : l’autre problème de santé publique dont il est urgent de s’occuper


La solitude et l’isolement social peuvent nuire à la santé

Dans le cadre de mon travail d’épidémiologiste social et comportemental, j’ai étudié la manière dont les liens sociaux et communautaires affectent les conditions de santé, allant du VIH à la consommation de substances.

Par exemple, mes collègues et moi-même avons déjà démontré que l’isolement social est associé à une augmentation de 48 % du risque de décès prématuré, et que la probabilité que les personnes seules rapportent un état de santé passable ou mauvais est 71 % plus élevée.

D’autres chercheurs ont également documenté les ravages de la solitude sur les individus, montrant que les personnes seules et isolées ont une fonction immunitaire plus faible, connaissent des taux d’inflammation plus élevés et sont plus exposées aux maladies cardiaques, au cancer et au diabète.

Un groupe de jeunes gens attablés prenant un égoportrait
Bien que la vulnérabilité de chacun face à la solitude et à l’isolement social diffère, nous avons tous besoin de liens sociaux. (Shutterstock)

Fait peut-être tout aussi important, la recherche de Harvard issue de l’étude de cohorte la plus longue jamais réalisée suggère que les relations sociales chaleureuses sont le principal facteur prédictif du bonheur tout au long de la vie.

En d’autres termes, les personnes coupées du monde sont plus malades, plus tristes et vivent moins longtemps.

Les premières directives de santé publique en la matière

En réponse à cette épidémie de solitude, mon équipe à la Canadian Alliance for Social Connection and Health a mobilisé des experts de tout le Canada et du monde entier pour élaborer les premières directives de santé publique mondiale en matière de lien social.

Tout comme les recommandations relatives à la nutrition, à l’exercice physique et à la consommation d’alcool promues par de nombreux gouvernements nationaux, les directives en matière de liens sociaux ont le potentiel d’améliorer notre santé et notre bonheur en nous aidant à donner la priorité aux relations sociales dans notre vie quotidienne.

Elles peuvent également sensibiliser les prestataires de soins de santé et les décideurs politiques. Ces experts pourront ainsi s’assurer que leurs actions sont cohérentes avec les dernières données soulignant l’importance de la santé sociale.

Sept approches prometteuses pour une meilleure santé sociale

Un groupe d’adultes d’âge moyen autour d’une table lors d’un cours d’art
Indépendamment des degrés d’introversion ou d’extraversion, l’insuffisance des liens sociaux est associée à une dégradation du bien-être. (Shutterstock)

Bien que la vulnérabilité de chacun face à la solitude et à l’isolement social diffère, nous avons tous besoin de relations interpersonnelles. Pourtant, en général, les gens sous-estiment les avantages de la connexion avec les autres et en surestiment les contraintes, notamment le travail émotionnel et l’énergie mentale nécessaires à la gestion des relations et à la présentation de soi.

Indépendamment des degrés d’introversion ou d’extraversion, l’insuffisance des liens sociaux est associée à une dégradation du bien-être.

La raison en est que les relations interpersonnelles sont un impératif biologique. Notre évolution s’est faite au sein de collectivités très unies. Pour les humains de l’Antiquité, l’exclusion sociale était une condamnation à mort. La solitude est un moyen pour notre corps de demeurer présent, mais il arrive que nous restions pris au piège.

Les directives de santé publique peuvent contribuer à sensibiliser à l’importance des relations interpersonnelles et nous fournir une feuille de route pour une meilleure santé sociale. Mais quelle forme ces orientations doivent-elles adopter ?

C’est exactement ce que mon équipe a cherché à comprendre dans le cadre d’une étude à méthodes mixtes en plusieurs phases, financée par le gouvernement canadien et menée en partenariat avec celui-ci. Jusqu’à présent, nous avons identifié quelques approches prometteuses sur lesquelles chacun d’entre nous peut agir dès maintenant :

Une famille sur un canapé regardant une tablette
Les relations de proximité répondent à nos besoins relationnels les plus importants : se sentir aimé, reconnu et validé. (Shutterstock)

Assurez-vous d’avoir trois à cinq amis proches à qui faire appel lorsque vous êtes dans le besoin.

La recherche a montré que les personnes qui comptent au moins trois à cinq amis proches sont celles qui souffrent le moins de solitude, d’anxiété, de dépression et d’une série d’autres effets néfastes sur la santé. Si vous avez trop d’amis, vous risquez de sacrifier la qualité à la quantité. Si vous n’en avez pas assez, vous pourriez vous retrouver seul en cas de besoin.

Ayez une à trois heures d’interaction sociale par jour.

Cela représente entre 7 et 21 heures de temps de socialisation par semaine, soit bien plus que la moyenne de 34 minutes par jour pour la plupart d’entre nous. Cette valeur correspond à la durée approximative de 24 heures par semaine dont les sociétés tribales et pastorales ont toujours bénéficié. Bien que, pour certains, cela puisse sembler un changement déconcertant du nombre d’heures consacrées à la vie sociale, les relations interpersonnelles peuvent inclure une grande variété d’activités : bavardage avec votre barista, appel téléphonique à un ami, conversation pendant un repas.

Donnez la priorité aux moments passés avec vos proches.

Nous avons constaté que les individus ont besoin de cultiver des relations avec des liens « forts » et « faibles », mais que l’essentiel de votre énergie doit être consacré à votre famille et à vos amis proches, avec lesquels vous entretenez des rapports chaleureux. En effet, les liens de proximité répondent à nos besoins relationnels les plus importants : se sentir aimé, reconnu et validé. La construction de ces liens forts prend du temps.

La diversité de votre réseau social est également importante.

Les « liens faibles », c’est-à-dire les personnes avec lesquelles vous n’entretenez pas de relations étroites, comptent aussi. En fait, des études ont montré que bavarder avec ses voisins peut renforcer le sentiment d’appartenance à une collectivité. De même, se faire des amis au travail permet de réduire le stress professionnel, et parler à des inconnus contribue à créer un sentiment de sécurité et à fournir une source de connexion significative. Différentes relations offrent différents types de soutien.

Sachez reconnaître les risques d’une vie d’ermite.

Les individus qui vivent seuls sont plus exposés au risque de solitude et des études ont montré que vivre seul, en particulier pour les hommes, est dangereux pour la santé. Cela signifie que si vous vivez seul, il peut être particulièrement important pour vous de privilégier les relations sociales.

Retrouvez d’anciennes connaissances et n’ayez pas peur de vous en faire de nouvelles.

Entretenir et conserver des relations peut s’avérer difficile, surtout dans notre monde où tout va très vite. Renouer avec des amis du passé peut être un moyen facile de garder un calendrier social bien rempli, mais en maintenant un niveau d’engagement sain avec de nouvelles personnes, vous vous assurez que votre puits d’amitié ne s’assèche pas.

N’oubliez pas l’importance de la solitude.

Tout comme il est important de passer du temps avec les autres, il est également important de se retrouver seul. Il est tout à fait bon, et même sain, de passer du temps seul. C’est ce que nous appelons « solitude ». En fait, pour certains, le temps passé avec d’autres personnes peut même exacerber ce sentiment. Les moments de solitude sont l’occasion de reconstituer ses réserves sociales et de répondre à ses besoins personnels.

En suivant ces stratégies parmi d’autres, vous pouvez améliorer votre santé et votre bien-être. Cependant, le combat contre la solitude, comme la plupart des grands problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, nécessitera une réponse de l’ensemble de la société. Les directives de santé publique en matière de lien social peuvent servir de base à une telle approche.

This article was originally published in English

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 182,600 academics and researchers from 4,945 institutions.

Register now