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CAC 40 : une bonne santé pas forcément communicative

Les grandes entreprises françaises côtes affichent des profits en hausse au premier semestre 2016.

Les résultats des entreprises du CAC 40 sont en forte hausse sur le semestre écoulé. Ils témoignent de la bonne santé de nos grandes entreprises. Dans le même temps, les difficultés demeurent réelles, sur le plan économique, pour nos PME.

La recrudescence des défaillances de start-up constitue un signe inquiétant et la croissance demeure proche de zéro au niveau national comme dans la zone euro, qui n’a pas encore subi les principaux effets négatifs du Brexit. L’écart est donc croissant entre les grandes entreprises et les autres. Les premières ont incontestablement un rôle crucial à jouer pour favoriser la diffusion dans toute l’économie de leur vigueur actuelle, sous peine de voir cette dernière contrariée.

Des résultats semestriels excellents

En dépit d’une baisse de chiffre d’affaires cumulé de 4,5 %, les 38 entreprises qui ont présenté leurs comptes semestriels à la fin de l’été (Sodexo et Pernod Ricard le font en décalé) ont généré des profits en forte hausse (+ 11,1 %). La bonne santé du CAC 40 s’apprécie au regard d’une réduction de chiffre d’affaires relativement peu dommageable et s’expliquant essentiellement par la contraction des chiffres d’affaires d’Arcelor Mittal, Engie et Total consécutive à la baisse des prix des matières premières (la même raison contribue plutôt à l’amélioration des résultats des autres entreprises).

Au-delà d’un résultat global de 42,3 milliards, les marges opérationnelles sont en forte hausse, passant de 7,6 % à 8,3 % du chiffre d’affaires global. De tels chiffres s’expliquent par des éléments de contexte favorables comme la baisse de l’euro ou le maintien des taux d’intérêt et du prix du pétrole à des niveaux bas, mais aussi par les efforts entrepris par nos grandes entreprises en matière de réduction des coûts. Les gains de compétitivité qui en résultent devraient permettre des augmentations prochaines de chiffre d’affaires, notamment à l’étranger.

Une diffusion au reste de l’économie trop limitée

Les derniers chiffres publiés sont en revanche peu emballants concernant l’activité économique globale. Croissance en baisse, chute des investissements et ralentissement de la consommation. Tous les ingrédients d’une croissance molle durable sont réunis. Ce qui est vrai en France l’est aussi dans le reste de la zone euro dans laquelle toutes les économies convergent vers une croissance quasi-nulle.

En théorie, la bonne santé des grandes entreprises devrait se diffuser largement dans le reste de l’économie en offrant aux plus petites entreprises des accès privilégiés aux marchés internationaux, en encourageant le développement de jeunes pousses ou en favorisant les co-dépôts de brevets. En réalité, ces effets sont loin d’être automatiques, surtout en l’absence d’un Mittelstand à l’allemande.

Le traditionnel manque d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) est souvent présenté comme une lacune importante de l’économie française. Les ETI ont ainsi pour caractéristique, parmi celles qui les distinguent des grandes et des petites, d’avoir à travailler avec des entreprises de toutes tailles. Elles participent donc naturellement de la diffusion des bonnes performances, comme des difficultés, dans toute l’économie. Un regard attentif sur les origines des performances du CAC 40 permet même de conclure qu’une partie de ces dernières se fait au détriment des PME (appelées à tirer les prix vers le bas et payées dans des délais trop longs).

La pérennité des performances demande un rééquilibrage des relations GE-PME

Bien que capables de tirer une part importante de leurs résultats de leurs activités à l’international, les entreprises du CAC 40 restent dépendantes de la vigueur de l’économie française. Bien sûr leur degré de dépendance varie en fonction de la part de leur chiffre d’affaires réalisé en France, ce dernier représentant, pour nombre d’entre elles, moins de 50 % de leur activité. La plupart des entreprises du CAC 40, comme d’autres grandes entreprises ne faisant pas partie de l’indice, l’ont bien compris.

Des progrès restent à accomplir en vue de rééquilibrer la répartition des performances dégagées en réalité par des entreprises étendues (intégrant les divers acteurs, de toutes tailles, oeuvrant au sein d’une même chaîne de valeur). Des évolutions allant nécessairement dans le sens d’une pacification de relations commerciales aujourd’hui encore trop souvent concurrentielles.

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