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a man walks through a barren landscape, an analogue clock is suspended over him
En étudiant les heures consacrées à certaines activités mondialement, on obtient une image de la manière dont nous utilisons collectivement le temps. (Shutterstock)

Collectivement, nous ne consacrons que 45 minutes par jour aux activités les plus polluantes

Pourquoi nous sentons-nous impuissants dans nos efforts pour résoudre les grandes crises de durabilité du XXIe siècle ? Entre la nécessité impérieuse d’atténuer avec succès les effets du changement climatique et celle de progresser dans la réalisation des objectifs de développement durable axés sur la personne, les enjeux de l’anthropocène – l’ère dans laquelle nous vivons aujourd’hui – peuvent sembler insurmontables.

Pourtant, malgré le rôle central des interventions humaines dans la création d’options durables, aucune représentation globale et approfondie de ce que fait la population mondiale n’a été réalisée en termes précis et chiffrés.

Nous présentons cette image en cartographiant l’utilisation du temps par les gens à l’échelle mondiale, grâce à la collecte de nombreuses sources de données afin d’offrir des perspectives interdisciplinaires sur les aspects fondamentaux du comportement et du vécu humains.

Nos résultats suggèrent que les solutions aux crises de durabilité sont éminemment réalisables, concrètement, si l’on donne aux gens les motivations politiques et économiques appropriées.

L’étude de l’emploi du temps des gens

En tant que chercheurs issus de la science du système terrestre, nous nous efforçons d’aligner l’étude de l’être humain sur les approches utilisées pour examiner le reste du système terrestre. Pour ce faire, nous quantifions l’ensemble des activités humaines en unités de temps, en fonction de leurs résultats physiques.

Le temps est une mesure robuste parce qu’il s’agit d’une quantité universelle et physique : les huit milliards d’habitants de la planète disposent tous des mêmes 24 heures par jour pour se consacrer à toute une série d’activités.

Les activités que nous choisissons d’entreprendre, le temps que nous y consacrons et la technologie utilisée façonnent continuellement notre planète, nos sociétés et notre expérience subjective de la vie.

Compréhension de la situation dans son ensemble

À l’instar du cycle mondial du carbone, qui permet de comprendre en un clin d’œil comment et où le carbone se déplace sur la Terre, nous avons entrepris de créer une vue d’ensemble de ce que fait l’humanité à l’aube de l’anthropocène.

En combinant et normalisant un large éventail de données sur la façon dont les gens occupent leur temps – compilées à partir d’enquêtes nationales sur l’emploi du temps, de statistiques économiques, de paramètres sur l’éducation des enfants, de dispositifs portables de mesure du sommeil – nous décrivons ce que fait la population dans son ensemble sur une période moyenne de 24 heures : la Journée humaine mondiale.

L’observation la plus immédiate est la suivante : à l’échelle mondiale, une grande majorité du temps est consacrée à des activités que nous classons comme étant directement centrées sur la personne.

une femme portant un masque chirurgical et des sacs marche dans une rue
L’habitant moyen de la Terre consacre près de sept heures par jour à des activités telles que la socialisation, l’utilisation des médias, les repas et l’exercice physique. (Shutterstock)

En plus des neuf heures de sommeil et de l’heure et demie vouée aux besoins biologiques et aux soins de santé, l’habitant moyen de la planète consacre près de sept heures par jour à la détente passive, aux relations sociales, à l’utilisation des médias, aux repas, à l’exercice physique, aux jeux et à la pratique religieuse. Quant à l’éducation et à la recherche, elles ne représentent qu’une heure.

Nous identifions également un ensemble d’activités dévolues au fonctionnement et à la gestion de nos sociétés et de nos économies. Les tâches de gouvernance, de droit, de finance, de commerce, d’opérations bancaires et de paiement de factures occupent une heure. Une autre heure est utilisée pour les trajets quotidiens et les déplacements d’un lieu à l’autre.

Moins de quatre heures par jour

Au total, il reste un peu plus de trois heures pendant lesquelles nous modifions délibérément la Terre et nos environnements. Près des trois quarts de ce temps sont consacrés à notre système alimentaire et à l’entretien des zones habitées.

Le temps restant – environ les 45 dernières minutes de la journée de l’individu moyen – est employé à l’extraction des ressources, à la fabrication et à la construction, qui représentent les aspects les plus destructeurs de la civilisation industrialisée sur le plan écologique. En effet, l’extraction de tous les matériaux et la production entière d’énergie, y compris l’extraction et le raffinage de tous les combustibles fossiles, n’occupent que six minutes.

Avec un peu plus d’une demi-heure consacrée à la construction et à la fabrication, ces 45 minutes pour l’approvisionnement, l’expansion et l’entretien de l’environnement bâti constituent un chiffre étonnamment bas pour des activités responsables de la production et de la consommation d’environ 70 gigatonnes de matériaux par an. Cela met en évidence l’efficacité de l’industrie moderne et l’ampleur de ses répercussions.

En comparaison, une minute seulement est accordée à la gestion des déchets.

deux personnes en tenue de sécurité se promènent sur le terrain extérieur d’une usine
Seulement 45 minutes de la journée humaine moyenne sont consacrées aux activités qui déterminent l’essentiel de notre impact sur la planète. (Shutterstock)

Utilisation de notre temps

Nos résultats ne suggèrent pas que l’extraction de matériaux et la fourniture d’énergie sont des activités sans importance. Elles représentent encore des milliards d’heures de travail par an et contribuent au fonctionnement de notre civilisation moderne.

Mais le temps consacré à ces activités est relativement faible par rapport à l’ensemble de notre vie quotidienne – au même titre que celui que nous passons collectivement à nettoyer nos maisons et à laver la vaisselle.

Dans ce contexte, il est possible d’imaginer une modification de la composition de ces activités dans une large mesure (par exemple, en construisant des systèmes d’énergie renouvelable plutôt qu’en continuant à extraire des combustibles fossiles) sans perturber les schémas généraux de la vie humaine.

Bien entendu, cela requerra des incitations économiques et politiques importantes, mais ce qui est clair, c’est que nous disposons du temps nécessaire pour y parvenir.

This article was originally published in English

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