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Passagère d'une voiture éprouvant un malaise et tenant un sac en papier pour vomir.
Le mal de transports est expérimenté fréquemment par une partie de la population et peut même affecter leur qualité de vie. Sera-t-il un jour possible de le diminuer ? Shutterstock/Prostock-studio

Existe-t-il des solutions au mal des transports ?

La cinétose, plus connue sous le nom « mal des transports », désigne un ensemble de symptômes d’inconfort et de nausée provoqués par des mouvements auxquels le corps ne parvient pas à s’accoutumer. Dans les pays occidentaux, jusqu’à 90 % des individus en auraient déjà fait les frais. On estime que 5 à 10 % des gens y sont particulièrement sensibles. Pour certaines de ces personnes, voyager en tant que passager est tout simplement inenvisageable, ce qui les restreint dans leurs déplacements quotidiens.

L’identification des causes profondes et de solutions efficaces à ce mal pourrait évidemment améliorer grandement la qualité de vie des individus concernés. Mais ce n’est pas tout. Résoudre le problème de la cinétose revêt en effet une importance particulière, alors que semble s’amorcer le développement de nouveaux modes de transports, tels que les véhicules autonomes, qui pourraient aggraver le mal des transports.

Dans un tel contexte, ces effets indésirables pourraient constituer une nouvelle problématique de santé publique. Tout l’enjeu sera d’apporter des solutions à la fois viables, acceptables et sans effets secondaires. Où en est-on ?

Un problème cérébral

La susceptibilité au mal des transports revêt un caractère très personnel. Elle dépend non seulement de notre habitude à voyager en tant que passager, mais aussi de notre âge (les enfants y sont plus sensibles que les adultes), de notre genre (les femmes y sont plus sensibles que les hommes), de notre état d’esprit (la peur ou l’anxiété pourraient faciliter l’apparition de symptômes), et même, plus surprenant, de nos origines ethniques. Une hypothèse évolutive a été émise pour expliquer la cinétose : celle-ci aurait constitué un mécanisme permettant de mettre fin aux mouvements entraînant un conflit sensoriel ou une instabilité posturale, car ce type de mouvement aurait pu être à l’origine de blessures ou être perçu par les prédateurs comme le signe d’une vulnérabilité accrue.

Les causes et mécanismes exacts de ce phénomène ne sont encore pas totalement élucidés et ont fait l’objet de nombreuses hypothèses scientifiques. La plus acceptée suggère une incapacité de l’organisme à percevoir et prédire exactement à quelles forces il est exposé.

Dans un environnement mouvant, tel qu’une voiture ou un bateau, le cerveau essaie d’estimer les dynamiques en se basant sur son expérience dans des milieux similaires. Cependant, s’il est incapable de comprendre et s’approprier ces forces, il déclenche un mécanisme de défense comparable à une réaction d’empoisonnement.

Des solutions médicamenteuses aux effets limités

À ce jour, aucun traitement de la cinétose ne fait consensus. Diverses substances ou pratiques sont parfois prescrites pour de présumés bienfaits. Parmi ces palliatifs ou atténuateurs d’effets, citons certains médicaments (des antispasmodiques tels que la scopolamine, ou certains antihistaminiques), des compléments alimentaires, des élixirs à base de plantes (comme le gingembre) ou des techniques d’acupression (technique de stimulation provenant de la médecine traditionnelle chinoise, qui consiste à appliquer une pression manuelle sur des points précis du corps).


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Toutefois, l’efficacité de ces traitements n’est pas scientifiquement démontrée. Bien que certains individus témoignent d’effets positifs, ces derniers pourraient en réalité résulter davantage de l’effet placebo que d’une réelle efficacité intrinsèque.

Passagère d’une voiture en train de prendre des médicaments.
Certains médicaments ne fonctionnent que par effet placebo ou peuvent engendrer des effets secondaires. Bing Copilot

De plus, des effets secondaires indésirables tels qu’une vision troublée ou un état d’apathie prolongé, peuvent résulter de la prise de certains médicaments, ce qui compromet leur efficacité.

Astuces pour lutter contre la cinétose

La perception du mouvement reposant principalement sur les informations visuelles, il est recommandé d’adapter ses habitudes de voyage pour limiter le développement de symptômes. Une méthode efficace et simple à mettre en œuvre consiste à se ménager une vue dégagée sur les alentours et à regarder vers l’horizon. Parmi les autres conseils à prodiguer aux passagers, mentionnons le fait de s’installer le plus à l’avant possible du véhicule, d’éviter d’utiliser des écrans ou des livres pour plutôt privilégier des activités ludiques avec les autres occupants du véhicule, de fermer les yeux et d’essayer de dormir, ou encore d’incliner son siège en arrière.


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La composante psychologique joue par ailleurs un rôle crucial dans le développement de symptômes. Des individus peu sensibles peuvent par exemple tomber malades d’anxiété. À l’inverse, des individus très sensibles peuvent échapper aux symptômes dès lors qu’elles sont mentalement distraites.

L’importance du bien-être en voyage n’est donc pas anodine !

Passager sur le siège avant d’une voiture regardant loin vers l’horizon.
Fixer un point à l’horizon reste la méthode la plus fiable pour ne pas tomber malade et peut aider à s’accoutumer aux mouvements. Bing Copilot

Le technosolutionisme comme idéal illusoire ?

La complexité à trouver une solution universelle à la cinétose vient du fait que chacun y réagit différemment. Face à cet enjeu, ces dernières années ont émergé des systèmes technologiques destinés à limiter davantage ces effets indésirables.

La plupart ont pour but d’améliorer les facultés de perception et d’anticipation des mouvements, afin de mieux préparer les passagers aux forces physiques associées. Par exemple, des signaux visuels dynamiques diffusés en vision périphérique peuvent aider à se situer dans l’espace et mieux percevoir les accélérations. Pour aider à anticiper, certains systèmes proposent aussi de prévisualiser les futures trajectoires par des signaux sonores, visuels au travers d’un écran ou tactiles au travers d’un siège.

Cependant, l’efficacité de ces méthodes nécessite des ressources cognitives suffisantes pour comprendre et interpréter ces signaux correctement.

D’autres systèmes proposent de réduire l’intensité des mouvements perçus en amortissant les accélérations fortes, répétées et difficiles à anticiper, ou même de programmer des trajectoires plus douces. Cette dernière méthode serait notamment réalisable par les véhicules autonomes.

Avec ces inventions, sera-t-on un jour en mesure de réduire considérablement la cinétose ? Rien n’est moins sûr. En effet, différentes formes de mouvement peuvent rendre malade : une solution contre le mal de mer ne limitera pas le mal de voiture, et réciproquement. Certains mouvements (montagnes russes, loopings en avion, vols zéro gravité, etc.) sont tellement brutaux et inhabituels pour l’organisme que même la plus aboutie des technologies se montrerait inefficace.

Le mal des transports est une réaction de défense du corps qui s’est développée sur des milliers d’années. Comme la plupart des phénomènes naturels, et malgré des progrès technologiques considérables, cela ne s’inverse pas en un claquement de doigts !

Passager sur le siège avant d’une voiture portant un casque de réalité virtuelle l’immergeant dans un univers fictif.
Le développement de technologies embarquées dans les transports risque d’accroître le risque de cinétose. Bing Copilot

La solution la plus efficiente reste et restera sans doute de faire des efforts pour s’accommoder à ces situations. Si l’on estime qu’environ 5 % des individus n’y parviennent pas du tout, les autres pourraient bénéficier d’une exposition plus régulière à ces perturbations, dont on sait qu’elle aide le cerveau à mieux assimiler les mouvements mis en jeu. C’est par exemple ce que font les astronautes pour lutter contre le mal de l’espace qui survient en l’absence de gravité.

Dans ce contexte, les solutions évoquées dans cet article pourraient aider à s’habituer plus vite et facilement.

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