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Tous hacktivistes

Fake news et « propagande blanche », le pouvoir doit-il en avoir l’exclusivité ?

Akahawkeyefan/Flickr, CC BY-NC-SA

Et si le politique donnait l’exemple plutôt que de faire des lois ?

Quand on a prétention à lutter contre les fake news, ne faut-il pas commencer par ne pas en diffuser lorsque l’on est un homme politique, d’autant plus lorsque l’on a été le porteur du projet de loi sur la diffusion de fausses informations.

Si l’on analyse le tweet de monsieur Richard Ferrand président de l’Assemblée nationale, ce dernier pose pour le moins questionnement.

Tweet RichardF.

Il est notable que ce message porte – sans fondement – des accusations d’exactions extrêmement graves, des accusations ciblant de façon induite les « gilets jaunes ». Il s’inscrit dans la volonté non dissimulée de disqualifier auprès de l’opinion publique le mouvement social auquel fait face l’exécutif. Le message relayé ne reflète pourtant pas la réalité, il l’altère, la dramatise… il peut donc être qualifié de fake news au service d’une campagne de propagande blanche.

Tweet Chr. Castaner.

Cet exemple peut paraître caricatural, il n’est malheureusement pas isolé lorsque la classe politique intervient sur les réseaux sociaux. En constatant que ceux-là même qui ont légiféré sur les fausses nouvelles s’adonnent à ces pratiques apparaît pour le moins cocasse et paradoxal. Opter pour la loi plutôt que pour la pédagogie et laisser à une autorité administrative nommée par le pouvoir la responsabilité de trier le vrai du faux n’est pas sans risque pour la liberté d’expression.

Au regard de la loi préexistante relative à la diffusion de fausse nouvelle – la loi sur les fake news questionne sur son intentionnalité et sa raison d’être. Le samedi 22 décembre 2018, le Président de la République a promulgué la loi n° 2018-1202 et la loi organique n° 2018-1201 relatives à la lutte contre la manipulation de l’information. Qu’en sera-t-il du respect de cette loi par ceux qui l’ont votée, et de l’usage qui en sera fait ? Donner l’exemple serait déjà faire de la pédagogie. Une chose est établie : loi ou pas, période éléctorale ou non, l’exemple au plus haut niveau n’est pas au rendez-vous.

Où commence la fake news et la désinformation ?

Dans ce bras de fer engagé sur les réseaux entre le pouvoir et les « gilets jaunes » pour influencer l’opinion publique – en la prenant à témoin – Les informations altérées sont présentes dans les deux camps.

Par ailleurs ne devrions-nous pas nous étonner du fait que les nombreuses exactions – quant à elles bien réelles – largement relayées sur les réseaux sociaux, ne conduisent que très rarement les journalistes à se questionner sur l’éventualité du recours – par le pouvoir – à des agents provocateurs.

Ne devrions-nous pas également nous étonner de la diffusion et du relais sur les réseaux sociaux et par les médias de masse de vidéos relatives à des actes violents extrêmement graves commis contre, ou par les forces de l’ordre et qui sont décontextualisées voire tronquées. À quel moment peut-on parler de fausse information, d’altération volontaire de la réalité ? À chacun de se faire sa propre opinion :

« Rien n’est si contagieux que l’exemple. » François de La Rochefoucauld


À suivre

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