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Le laboratoire créatif

Faut-il se poser des questions pour être heureux ?

Avoir une direction claire apporte une motivation supplémentaire. Niklas Priddat/Unsplash, CC BY

Cette chronique se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site Les cahiers de l’imaginaire.


C’est à la suite d’un échange avec mes étudiants que j’ai eu envie d’approfondir ce qui me semble évident, mais ne l’est pas pour tous. Même si la vie est un grand mystère, un peu de clarté aide à prendre de meilleures décisions. Il m’a donc toujours paru important de se poser régulièrement des questions sur soi et ses objectifs pour avancer sur son chemin personnel.

Deux étudiants m’ont rétorqué l’autre jour que les personnes plus heureuses sont au contraire celles qui ne se posent pas de questions.

Le déni peut sembler, à première vue, plus rassurant. Si nous nous sentons impuissants, à quoi bon s’interroger sans cesse ? La compréhension peut aider à l’action, mais une partie de nous, guidée par notre cerveau reptilien, préfère rester au calme dans des zones où les risques sont minimes. Oser sortir du chemin qui semble tracé d’avance n’est pas toujours évident.

Regarder en face une situation déplorable peut en paralyser certains… Alors, comment aller de l’avant dans de telles circonstances ? « Entrer dans l’avenir à reculons », comme l’a écrit Paul Valery, n’est certainement pas une option. Ni même avancer toujours au même rythme comme le fait dire, de manière prémonitoire, Lewis Carroll à la Reine rouge qui répond à Alice dans L’autre côté du miroir :

« Eh bien, dans notre pays, dit Alice, toujours haletante, si vous courez très vite pendant longtemps, comme nous le faisons, vous allez être ailleurs.
– Une sorte de pays lent ! dit la reine.
– Maintenant, ici, vous voyez, il faut courir ainsi seulement pour rester au même endroit. »

Illustration de John Tenniel, « Le jardin de fleurs vivantes », De l’autre côté du miroir, Alice au pays des merveilles.

C’est bien l’impression que nous avons à notre époque. Il faut apprendre à courir toujours plus vite pour innover. Chaque début de semestre, la gestion du temps est l’une des préoccupations premières des étudiants.

C’est ici qu’intervient la pertinence de se poser des questions. Courir à toute vitesse dans une direction qui n’est pas la bonne peut nous mener vers des situations de crises qui auraient pu être évitées. Pour les gens pressés, je ramène souvent ce travail introspectif à quelques questions essentielles.

Se fixer un cap

D’abord, il faut se demander ce que l’on veut accomplir. Réussir un doctorat représente du travail. Il m’arrive souvent d’être étonnée par le flou des réponses apportées par des personnes qui s’engagent dans une voie si longue et ardue.

On sait qu’il est préférable d’avoir un diplôme, c’est un atout dans une carrière. Même si certains encouragent les jeunes à interrompre leurs études pour devenir entrepreneurs dès que possible, je suis plutôt d’avis qu’étudier permet de construire des bases de connaissances qui seront très utiles dans la vie et pourront être un tremplin pour différentes directions ensuite.

Toutefois, si l’obtention du diplôme est la seule motivation, certains jours seront plus difficiles que d’autres. Ne vouloir qu’obtenir un diplôme ne mènera pas forcément à une vie réussie. C’est évident. Dès que l’on sait ce que l’on souhaite accomplir, même si l’on change d’avis en chemin, cela donne l’impression d’avancer au moment où nous sommes engagés sur cette voie. Avoir une direction claire apporte une motivation supplémentaire.

Les chercheurs motivés par un problème à résoudre ou par leur domaine de recherche franchissent les étapes les plus exigeantes avec plus d’énergie et de forces.

Avoir un plan d’action

La deuxième question que je leur pose est de savoir pourquoi ils se sont fixés cet objectif précis. Si on ne sait pas ce qu’on veut (ce qui est souvent le cas), mais qu’on sait ce qu’on ne veut pas, c’est déjà un début !

Étudier pour les mauvaises raisons n’est pas toujours la solution. Définir pourquoi nous faisons ce que nous faisons aide à mieux apprendre, à comprendre nos erreurs et à rester honnête face à soi-même.

Et finalement, la troisième et la question plus évidente, c’est de savoir comment l’on peut obtenir ce que l’on désire. Une fois qu’on a résolu les deux premières questions, il est beaucoup plus facile d’avoir un plan d’action qui aura un sens pour nous. Ce mini processus permet d’avancer en faisant ce que nous ressentons comme essentiel et non parce que c’est la route qu’on nous indique, ou la direction qu’empruntent les autres.

Nous sommes des êtres émotionnels plutôt que des êtres rationnels (même si c’est parfois difficile à admettre), nous pouvons tracer des parcours pour nous aider à ne pas (trop) déraper inutilement, tout en osant prendre certains risques.

Nous pouvons élaborer des plans d’action pour améliorer les comportements que nous souhaitons modifier. Bien nous connaître et prendre le temps de tracer notre ligne de vie, nous aide à nous repérer et à reprendre pied après avoir été déstabilisés par un événement éprouvant ou pour tirer (pleinement) avantage d’une réussite.

Pratiquer l’autocompassion

Selon une étude récente, l’autocompassion a un effet bénéfique sur la santé et la qualité de vie (bien-être psychologique, motivation, satisfaction, optimisme, contentement) et aurait un effet protecteur contre les troubles mentaux comme la dépression, l’anxiété et le stress.

Comment cultiver cet état d’esprit, ou à tout le moins le préserver au fil du temps ? Pour cela, il est utile de faire régulièrement le point sur qui nous sommes et qui nous voulons être. Lorsqu’une épreuve, un échec ou une souffrance se manifeste, on doit être en mesure de faire preuve de bienveillance envers soi-même.

L’autocompassion est constituée de trois éléments :

  • la gentillesse envers soi-même, au lieu de continuellement se juger sévèrement.

  • l’humanité, c’est-à-dire le fait de reconnaître le caractère faillible de la nature humaine et de chercher un réconfort au contact des autres, au lieu de s’isoler.

  • la lucidité, pour prendre pleinement conscience des tenants et aboutissants d’une situation au lieu de la personnaliser à outrance, même si les émotions que nous ressentons sont alors désagréables.

Bien connaître son histoire permet de relativiser sa condition « humaine » et de mettre en perspective ses relations avec ses proches. Bien se connaître nous rapproche d’autrui, alimente notre compassion envers nous-mêmes et envers les autres en contribuant à notre bien-être et à notre équilibre psychique. Alors oui, bien sûr, se poser des questions est une façon d’avancer et permet de sortir de situations stressantes ou déprimantes.

Cette semaine, je vous propose une expérience toute simple qui pourrait vous aider à résoudre des problèmes importants si vous vous occupez de personnes âgées, Thérapie de la réminiscence.

Mieux se connaître est le chemin pour faire les meilleurs choix… si l’aventure vous tente, profitez de ce parcours à surprises…

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