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Histoire(s) d’école

J’ai lu Céline Alvarez

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Ceci n’est pas vraiment un article. De forme hybride, ce billet reprend un Storify (@laurencedecock1) de ma lecture de l’ouvrage de Céline Alvarez, tête de vente aujourd’hui, et qui provoque des controverses importantes. La forme est choisie. Elle épouse une nouvelle manière d’occuper les débats publics. Dynamique, percutante, mais solidement référencée, elle vise à fournir une grille de lecture et d’intelligibilité rapide des enjeux.

« L’enfant naît câblé pour apprendre et pour aimer. Chaque jour, les neurosciences nous révèlent son incroyable potentiel. Pourtant, par manque d’information, nous lui imposons un système éducatif inadapté qui freine son apprentissage et n’encourage pas sa bienveillance innée. Plus de 40 % de nos enfants sortent du primaire avec des lacunes qui les empêcheront de poursuivre une scolarité normale ».

(Présentation de l’ouvrage Les lois naturelles de l’enfant, de Céline Alvarez, édité aux Arènes en septembre 2016.)

Céline Alvarez, qui a grandi à Argenteuil, s’est consacré à l’enseignement tout en travaillant des pédagogies différentes pour « révéler le potentiel » des enfants. Elle met en place une expérimentation dans une maternelle de Gennevilliers, où elle a enseigné, mêlant pédagogie Montessori et neurosciences. Mais ses concepts, ses travaux et sa pensée sont-ils si révolutionnaires ?

Le livre reprend l’aventure de départ : études de neurosciences et linguistique, concours de PE, expérimentation en 2011 à Gennevilliers.

Petit aparté : la méthode Montessori a été inventée au début du XXe siècle, en pleine vague de naissance de l’Education Nouvelle. La psychologie de l’enfant est en plein boom, on découvre qu’indexer la réflexion sur l’école à celle des découvertes sur la psychologie de l’enfant serait sans doute intéressant.

La méthode Montessori remonte au début du XXe siècle.

Et Céline Alvarez de mettre au défi l’Education nationale devant les pratiques qu’elle propose afin de redonner aux enfants le goût de l’école, notamment afin de lutter contre le décrochage scolaire.

Redevenons un peu sérieux. La réception de cet ouvrage, réimprimé déjà trois fois en un mois, est énorme, et dit beaucoup de l’état de l’école et des médias.

Pourtant il n’y a presque aucune référence sur l’Education nouvelle ou les pédagogies alternatives, hormis une longue bibliographie anglo-saxonne.

Il existe pourtant des articles notamment sur la reliance dont elle traite.

En lisant certains articles, on peut aussi voir comment on est passé de l’idée d’éducation naturelle à celle de « loi naturelle » avec Céline Alvarez.

J’ai trouvé certains de ses propos sur l’indifférence, le désintérêt pour l’amour de certaines familles défavorisées stigmatisants et violents.

Il faut aller plus loin, creuser ce qui se trouve derrière les pédagogies dites Montessori, éliminer les malentendus liés à l’Education nouvelle, se pencher sur son histoire.

Pour aller plus loin, lire : Bruno Garnier, Laurent Guttierez, Pierre Kahn,

Pierre Kahn sur l’enseignement moral et civique.

Et bien sûr Antoine Savoye, pour l’histoire de l’éducation nouvelle et le GFEN, Mouvement Freinet ICEM, pour son actualité.

Ce Storify soulève quelques questions. La première est inhérente à la place des pédagogies alternatives dans l’école publique. L’expérience relatée a l’avantage de remettre à l’agenda cette question tout en soulevant l’idée d’une hostilité ou frilosité de l’institution ; je n’en suis pas certaine, je pense que certaines pédagogies alternatives sont passées dans les classes et « hybridées » par les pratiques (Freinet, Montessori etc.), mais j’admets le manque de formation des enseignants, surtout dans le Secondaire encore très hostile aux pédagogies.

La seconde question relève de la tendance actuelle à la personnification, voire à la « starisation » de parcours individuels. Si l’on comprend la soif de reconnaissance, on ne peut occulter l’effet d’invisibilisation (voire culpabilisation) de l’immense majorité d’enseignants plus anonymes. Enfin, les subventions privées interrogent l’autonomie du service public et la pénétration de logiques néo-libérales dans l’institution. Ce n’est pas le sujet le moins brûlant.

Tout cela reste à penser, et à débattre.

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