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John F Kennedy debout devant des microphones.
John F. Kennedy prononce un discours devant l’hôtel de ville de Francfort lors de sa visite en Allemagne en juin 1963. DPA/Alamy

Le style de leadership de JFK inspire toujours, 60 ans après sa mort

John F. Kennedy demeure une figure publique exemplaire, une source d’inspiration, et son style de leadership constitue une référence depuis des décennies.

L’ancien président américain (1961-1963) a projeté une image idéalisée du leadership, qui, dans sa meilleure version, démontre que le système politique peut relever les plus grands défis de la société. Il a exercé une présidence optimiste et ambitieuse et, bien que sa fin ait été tragique, il a remporté des succès considérables dans des domaines aussi divers que la réduction de la pauvreté, l’interdiction des essais d’armes nucléaires et les programmes spatiaux Mercury et Apollo.

Porté au pouvoir en novembre 1960, à l’âge de 43 ans, JFK demeure à ce jour le plus jeune président américain élu. Son âge aurait pu être vu comme un handicap, en particulier en matière de politique étrangère, mais il a approfondi ses connaissances grâce aux nombreux voyages à l’étranger qu’il a effectués pendant son mandat au Congrès et son service militaire. En outre, il a choisi des personnes hautement qualifiées et instruites pour son cabinet.

Un leadership éclairé

Pour le 60e anniversaire de la mort de Kennedy, il est bon de rappeler que sa présidence a posé les jalons d’un style de leadership ambitieux, éclairé et progressiste. Jack, Robert et Edward Kennedy ont contribué, chacun à sa manière, aux causes politiques démocrates, telles que l’élargissement des droits civiques et la réforme des soins de santé.

Le style de leadership de JFK a eu une influence considérable et servi de modèle politique et culturel à des présidents aussi différents que Ronald Reagan, Bill Clinton et Barack Obama.

Bien que plus à droite que Kennedy, Reagan (un ancien acteur) partageait sans doute avec ce dernier un sens du théâtre politique. Clinton s’est efforcé de se forger une image jeune, vigoureuse et idéalisée inspirée de JFK, même si plusieurs de ses tentatives pour faire adopter des lois dans le but d’atteindre d’importants objectifs démocrates (comme la réforme des soins de santé) ont fini par échouer. Clinton, comme JFK, aimait réunir de grands groupes d’intellectuels et de leaders de leur domaine pour discuter de politique et de divers enjeux. Selon Ted Sorensen, ancien rédacteur de discours de JFK, Obama croyait, comme Kennedy, à la diplomatie et aux négociations, même avec ses adversaires.

Le style ouvert et captivant de Kennedy a fait en sorte que le gouvernement et le service public paraissaient intéressants et pertinents. Même si les méthodes utilisées pour établir les classements des présidents ont souvent été contestées, JFK a toujours figuré parmi les dix premiers, bien qu’il n’ait été au pouvoir qu’un peu plus de 1 000 jours. La famille Kennedy a prospéré grâce à l’ambition et au pouvoir, mais son désir de servir le public semblait sincère, tout comme celui d’apprendre et de progresser.

Les séminaires de Hickory Hill

JFK a gouverné à partir du centre, en nommant des personnes aux antécédents politiques variés dans son cabinet. Il a réussi à faire adopter de nombreuses lois pendant son mandat et a contribué à l’adoption de la législation historique sur les droits civiques par son successeur, Lyndon Johnson.

Discours de JF Kennedy sur l’exploration spatiale.

Dans le cadre de nos recherches archivistiques, nous nous sommes intéressés à l’évolution de ce que l’on a appelé les « séminaires de Hickory Hill », une série de discussions et de rencontres sociales qui se déroulaient généralement au domicile de Robert et Ethel Kennedy à McLean, en Virginie.

Ces événements permettaient d’explorer les problèmes sociaux et leurs solutions, et constituaient en quelque sorte des précurseurs des groupes de développement du leadership. Les échanges portaient sur des sujets aussi variés que les grandes œuvres littéraires et la pauvreté des enfants. Rachel Carson et le philosophe A.J. Ayer ont figuré parmi les orateurs invités. Le cercle intime de l’administration Kennedy collaborait avec des personnes de l’extérieur, ce qui contraste avec les styles de leadership partisans, secrets et souvent cloisonnés si courants aujourd’hui.

La présidence et le leadership de JFK ont été marqués par quelques succès notables. Le président a utilisé le gouvernement fédéral pour faire respecter la déségrégation raciale dans plusieurs affaires très médiatisées. Son administration a également préparé le terrain pour la législation sur les droits civiques mentionnée plus haut, qui a été adoptée après sa mort. Parmi les aspects moins positifs, le pouvoir de Kennedy était délibérément cultivé et contrôlé à la manière d’une marque par son entourage proche. Son père s’est vanté d’avoir vendu l’image de son fils comme des savonnettes.

Éviter la pensée de groupe

JFK a également commis des erreurs. Il a accepté le débarquement de la baie des Cochons, à Cuba, après que des experts militaires ont prédit à tort qu’il serait facile de renverser le régime de Fidel Castro. Le président a appris, à la dure, qu’il fallait parfois se méfier des conseils militaires. Après l’incident de la baie des Cochons, JFK a introduit de nouvelles méthodes de travail pour éviter la « pensée de groupe ». Son succès dans la crise des missiles de Cuba découle en partie de cette leçon.

Kennedy a également intensifié la terrible intervention américaine au Viêt Nam. Il a souscrit à la « théorie des dominos » sur la prétendue nécessité pour les États-Unis d’affronter le communisme en Asie, quel qu’en soit le prix. Son administration a entraîné l’Amérique dans une guerre perdue d’avance en soutenant le régime instable du Sud Viêt Nam et en participant à un coup d’État sanglant contre l’un de ses dirigeants.

JFK près d’un drapeau américain dans un stade
JFK prononce son célèbre discours sur l’exploration spatiale en septembre 1962. NASA/Alamy

Des rédacteurs de discours et des historiens tels que Ted Sorensen et Arthur Schlesinger Jr ont déployé des efforts considérables pour préserver et promouvoir l’image de la famille Kennedy en présentant son leadership comme progressiste, voire héroïque (Schlesinger était chargé de la gestion quotidienne des séminaires de Hickory Hill et a joué un rôle clé dans l’élaboration des classements de leadership présidentiel). Ces efforts ont assurément influencé la portée et la longévité de la popularité des Kennedy.

D’autres liens existent entre JFK et l’étude du leadership. James MacGregor Burns, théoricien du leadership, a écrit un livre de campagne sur JFK, et l’œuvre de Burns a servi à promouvoir l’idée d’un « leadership transformationnel », selon laquelle les formes de leadership les plus efficaces et les plus éthiques sont celles qui mettent l’accent sur la vision, le changement et l’inspiration, plutôt que celles qui se limitent à tenir boutique.

On se souvient généralement de JFK comme d’un bon président, mais l’image idéalisée de Camelot est assurément exagérée.

L’anti-Trump

Lors de ce qui s’est avéré son dernier voyage, JFK devait prononcer un discours à Dallas dans lequel il mettait en garde contre « des voix qui prêchent des doctrines totalement étrangères à la réalité » – et qui, craignait-il, risquaient « d’entraver la sécurité de ce pays ». Ce leadership agressif et populiste qu’il décriait, incarné de nos jours par Donald Trump, est en plein essor.

Plutôt que de collaborer avec leurs rivaux politiques, ces personnes préfèrent les rejeter et les attaquer. Robert Kennedy Jr, par exemple, se présente à l’élection présidentielle en suivant le modèle Trump de dénigrement et de populisme, se positionnant comme quelqu’un de l’extérieur qui « va assainir le système », plutôt que comme un rejeton de l’une des familles les plus influentes d’Amérique.

L’héritage de JFK conserve néanmoins le potentiel de promouvoir une approche sérieuse et éthique du leadership. Il valorise des visions d’idéalisme et de service public, et non d’égoïsme et de dénigrement. Toutefois, cette présentation omet souvent de tenir compte des défauts et des échecs de John F. Kennedy.

This article was originally published in English

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