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Les RH dans tous leurs états

Manager les baby-boomers : voilà c’est fini !

La génération des baby-boomers à la retraite, s'avance celle des Z. Derek Thomson/Unsplash

Génération d’après-guerre à qui tout a souri, les baby-boomers quittent la vie active. Leur management a vécu, et sera bientôt de l’histoire ancienne. Retour sur ses spécificités.

Une génération dorée

La génération d’après-guerre a fait un parcours quasiment sans faute. Ces célèbres baby-boomers, nés entre 1945 et 1964, ont porté l’espoir de la reconstruction d’après-guerre et la croissance. Jeunes adultes révoltés en 1968, leur génération a toutefois fait l’objet, au sein des organisations, d’un management plutôt directif. Dans un contexte d’organisation du travail taylorienne, communication descendante et structure hiérarchique bien établies ont permis aux baby-boomers d’évoluer et de grimper les échelons.

Dans les années 90, les baby-boomers ont néanmoins vu émerger une difficulté : cohabiter avec la génération X, pour qui une communication plus transversale et un management plus participatif sont importants. Il a dès lors fallu composer avec un management inter-générationnel. Les baby-boomers ont réussi dans la société civile comme en politique. Ils quittent progressivement le monde du travail pour se consacrer à d’autres activités.

La relève assurée ?

Les médias, qui se font échos du cinquantenaire des événements de mai 1968, évoquent à juste titre le parcours de cette génération plutôt gâtée.

On peut, en retour, légitimement s’interroger sur le sens de la révolte de la génération montante, née après l’an 2000, dite génération Z, ou génération « zapping ». Les générations qui l’ont directement précédée, X et Y, auraient été peu enclines à se soumettre à l’autorité et plutôt individualistes : des théories tellement ressassées que l’on s’inquiète pour la génération Z…

Mimétisme vis-à-vis des baby-boomers ou malaise générationnel, cinquante ans après les événements de mai 68, les « Z » ont entrepris le blocage de plusieurs universités dès avril, en protestation à la réforme des universités. Une révolte soudaine qui souligne bien que c’en est terminé pour les baby-boomers.

Les jeunes Z ont cru pouvoir faire entendre leur voix, mais leur mouvement est cependant de moindre ampleur que celui de leurs aînés, et ne reçoit pas un écho très important dans la presse. L’essoufflement gagne rapidement, malgré quelques incidents à Tolbiac et des affrontements avec les CRS à Nanterre. Après le déblocage de Nancy et Strasbourg, la faculté de Toulouse a été évacuée à son tour. Le mouvement n’aura a priori pas eu l’ampleur escomptée.

S’agit-il d’un défaut d’organisation, d’un manque de pugnacité de ces nouveaux rebelles dont les grands-parents étaient sur les barricades en 68 ? La grève de la SNCF, concomitante avec ce soulèvement étudiant n’est pas sans rappeler les grèves générales d’il y a cinquante ans. Rien à voir cependant. Changement d’époque probablement, de génération sûrement.

Qu’est-ce qu’une génération ?

« Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante ». (George Orwell)

Les différences générationnelles, en termes d’attitudes, de carrières et d’aspirations, ont un impact sur les organisations et leur fonctionnement, et par conséquent, sur la gestion des ressources humaines, comme le montre Cécile Dejoux. Mais qu’entend-on exactement par « génération » ?

Du point de vue démographique, une génération désigne un ensemble d’individus nés au même moment (soit la même année, soit dans un espace de temps similaire) : les sociologues parlent de cohorte. Une génération est considéré comme « un regroupement d’individus du même âge, partageant les mêmes valeurs, dont les principales se sont formées autour de 20 ans ».

Dans leurs ouvrages, Strauss et Howe ont défini les différentes générations : celles des Vétérans (nés dans les années 1920-1945), des Baby Boomers (1946-1964), la Génération X (1965-1980) et la Génération Y (1981-2000).

En tant que grille d’analyse, l’approche générationnelle s’appuie sur trois principes essentiels :

  • les membres d’une génération sont unis car ils vivent la même histoire au même moment de leur vie ;

  • chaque génération est « marquée » par ses expériences initiatrices, vécues au temps de sa jeunesse (c’est la notion de « marqueur générationnel ») ;

  • chaque génération reçoit en héritage les valeurs transmises par les générations qui l’ont précédée.

On peut considérer que chaque génération véhicule une grande question dominante, qui induit des réponses philosophiques et des positions politiques pouvant être divergentes ou contradictoires.

Ces effets d’âge et de génération sont analysés à des fins statistiques et analytiques par des sociologues ainsi que par des chercheurs en marketing. Ils doivent néanmoins être relativisés. Toutefois, si l’effet générationnel n’est pas la clé qui ouvre toutes les portes de l’analyse des comportements, il constitue toutefois un outil de compréhension précieux.

La génération montante : les « Z »

La culture générationnelle se renforce depuis le baby-boom. Face aux changements globaux qui affectent l’ensemble des économies et pèsent notamment sur les classes d’âge les plus jeunes, cette forme d’identité se déploie aujourd’hui avec une ampleur inégalée, comme le montre le comportement de la génération Z.

Celle-ci bouscule les codes professionnels traditionnels. Elle est présentée comme étant décomplexée, négociant tout, passant d’une entreprise à l’autre, sans être fidèle à aucune parce que considérant l’entreprise consomme ses ressources humaines. Elle estime ne pas devoir plus à l’entreprise que ce que son travail lui rapporte, et négocie pied à pied les avantages que l’entreprise procure sur le plan des salaires, des conditions de travail, des congés payés, de la prime d’intéressement et de participation, des horaires, des avantages en nature.

Les quatre valeurs véhiculées par Internet (l’apprentissage par tâtonnement, l’immédiateté, la gratuité, la force de la communauté) sont de réelles ruptures, qui affectent la relation au travail, le rapport à l’autorité et expliquent peut-être en partie les manifestations d’insatisfaction des étudiants !

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