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Centre hospitalier à Orange (84). Jean-Louis Zimmermann/Flickr, CC BY

Penser la santé en version territoire

Les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) viennent de se constituer début juillet alors que la loi les rendant obligatoire a été votée en novembre : comme quoi, il est possible de réformer le pays…

Les 850 établissements publics de santé du pays se sont regroupés en 135 structures pour favoriser la mise en commun des moyens. Et des stratégies. La méthode d’organisation de soin des GHT sur leur territoire devra être calée pour le 1er juillet 2017. Nous entrons bien dans une nouvelle ère des politiques de santé qui sera marquée par la victoire des Girondins sur les Jacobins !

Exemple de GHT : la carte des onze groupements hospitaliers de territoire de Bourgogne Franche Comté. ARS

Privilégier prévention, accompagnement et éducation dans les bassins de vie

Faire basculer le monde de la santé dans le XXIe siècle impose d’agir prioritairement sur l’organisation d’un système de soin centré sur vieillissement et les maladies chroniques en privilégiant la prévention, l’accompagnement et l’éducation thérapeutique, au plus près des personnes, en fonction de leurs modes de vie et des caractéristiques des territoires concernés. En clair, nous devons penser une politique de santé qui s’appuie sur les bassins de vie.

Dans une période de désagrégation sociale, culturelle et géographique, il est vital d’accompagner les personnes avec leurs fragilités, à faire par elle-même plutôt que de les assujettir à l’assistance. Cela implique des politiques d’accompagnement de proximité, de soutenir le tissu économique et social local, de favoriser l’artisanat (70 000 emplois perdus chaque année), l’entreprise locale, d’appuyer et densifier le réseau associatif, de donner la priorité à la mutualisation des ressources et des services, avec, par exemple, les maisons de santé pluridisciplinaires

Il faut jouer sur des réseaux de sociabilité et d’entraide, sur de l’innovation sociale, sur des acteurs de terrain comme La Poste qui dispose avec ses préposés et ses implantations d’un maillage humain unique. Dans ce contexte, la notion de silver économie prend toute sa mesure comme élément structurant d’une filière industrielle et de services, fortement créatrice d’emplois, dont l’une des voies concerne le soutien à des politiques de santé et d’accompagnement adaptées aux usages et aux conditions de vie des personnes.

Vers des stratégies locales d’accompagnement

Par ailleurs, les mutations dans les pratiques de santé, s’appuyant à la fois sur le levier technologique et sur la nécessité d’inventer des solutions à la fois efficiente et plus économe en étant mieux adaptées à la chronicisation des maladies et à la nécessité d’accompagner les personnes âgées en perte d’autonomie, vont conduire, par exemple, à renforcer la médecine ambulatoire et l’hospitalisation à domicile.

Cela nécessite de développer des stratégies locales d’accompagnement, en termes de soin, mais aussi sur un plan plus social et économique. En étant, en particulier, créatif en termes de politiques de soutien aux proches aidants. Il s’agit que la collectivité défende une vision, soutienne et accompagne un tissu d’acteurs, privés et associatifs.

La notion de territoire de santé implique la participation sociale des habitants, comme usagers et comme citoyens, à la fois dans une démarche individuelle et dans une mobilisation au service d’une collectivité d’individus. L’accompagnement de cette double dynamique est source d’amélioration de la situation sanitaire et sociale des personnes concernées, mais aussi du renforcement des liens sociaux et de l’efficience des politiques de santé publique par la responsabilisation des acteurs.

Une approche territorialisée de la santé et de la prévention permet d’agir en fonction des publics qui y vivent, des spécificités géographiques, économiques et culturelles. Mobiliser les acteurs, favoriser des approches coopératives, mutualiser les services, regrouper les forces et favoriser l’implication des personnes ne pourront se faire qu’à l’échelle d’un territoire à taille humaine renforcé par la valorisation des liens de sociabilité.

Cette échelle paraît la plus efficiente pour porter des politiques de prévention qui ne soient pas seulement incantatoires, moralisatrices et désincarnées. La prévention efficace oblige à prendre en compte et s’adapter à la dimension humaine, à la complexité du quotidien et à la réalité des modes de vie des personnes concernées.

Les technologies numériques peuvent permettre de s’affranchir largement des contraintes physiques. Elles ouvrent des possibilités formidables en particulier dans le domaine de la médecine et du suivi des personnes. Mais, la réalité quotidienne (80 % des déplacements sont inférieurs à 3 km), oblige à agir dans la proximité en prenant la marche humaine comme échelle de mesure. Le pari c’est de penser en même temps la distance et l’hyper proximité.

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