En congé, nous mangeons souvent plus qu’à l’habitude. Et c’est encore plus vrai depuis le début de la pandémie, qui incite plusieurs d’entre nous à s’alimenter compulsivement.
Un moyen courant de perdre du poids, ou d’éviter d’en prendre, est de choisir des aliments qui contiennent moins de calories par portion. Cette stratégie pose cependant un problème : la plupart des gens ont tendance à manger davantage s’ils croient que ce qu’ils mangent est meilleur pour la santé. Dans un buffet à volonté, par exemple, les gens vont avoir tendance à mettre plus de choux de Bruxelles dans leur assiette que d’aliments riches en glucides, comme la purée de pommes de terre, associée à une plus grande prise de poids.
Mais cela n’est vrai que si vous êtes doué pour compter les calories, comparer des plats entre eux ou évaluer les quantités – un sujet que nous avons exploré dans une série d’études qui sera publiée dans le Journal of Consumer Research. Ces études nous montrent que c’est en fait beaucoup plus difficile à faire qu’il n’y paraît.
Compter les calories
Les experts en santé recommandent généralement d’évaluer le contenu calorique des aliments de deux façons : par portion ou simplement en termes qualitatifs, c’est-à-dire en distinguant les aliments riches des aliments pauvres en calories. Le fromage brie et la purée de pommes de terre, par exemple, ont un apport calorique élevé, tandis que les pois et les choux de Bruxelles ont un apport calorique faible.
Ceux qui préfèrent cette dernière méthode affirment qu’elle conduit à des conclusions similaires au calcul par portion, et que la plupart des gens l’adopteront plus facilement. Or nos recherches suggèrent que ces deux méthodes aboutissent à des estimations caloriques très différentes – avec un impact significatif sur le régime alimentaire.
Dans notre première étude, nous avons recruté plusieurs centaines d’étudiants de premier cycle et leur avons montré deux images : une image d’une assiette de 20 grammes d’amandes enrobées de chocolat et une autre avec 33 grammes d’amandes grillées nature – sans leur révéler le poids réel de chacune des portions.
Nous avons ensuite demandé au hasard à la moitié d’entre eux de deviner combien de calories chaque assiette contenait sur une échelle allant de « très peu » à « beaucoup » et à l’autre moitié de fournir un chiffre précis. Nous avons ensuite montré à nouveau les images aux participants et leur avons demandé de choisir l’option la moins calorique des deux, avant de leur offrir les deux collations en question.
Nous avons constaté que les participants qui ont utilisé l’échelle de « très peu » à « beaucoup » pensaient que la plus grande portion d’amandes contenait moins de calories que les amandes enrobées de chocolat. Et lorsqu’ils ont voulu choisir une collation à faible teneur en calories, la plupart des élèves ont opté pour les amandes ordinaires. D’autre part, la plupart des élèves qui avaient donné un chiffre précis ont correctement choisi les amandes enrobées de chocolat comme option moins calorique. En moyenne, ils ont estimé que les amandes enrobées de chocolat contenaient environ 111 calories, contre 117 pour les amandes ordinaires.
Mais même ce groupe a largement sous-estimé le nombre de calories de la plus grande portion d’amandes ordinaires, c’est-à-dire 200, soit le double du nombre de calories des amandes enrobées de chocolat.
La raison pour laquelle ceux qui ont utilisé l’échelle se sont autant trompés est qu’ils pensaient en termes qualitatifs plutôt que quantitatifs. Une échelle allant de « très peu » à « beaucoup » sonne comme « très sain » à « très malsain ». Les participants ont tellement focalisé sur l’idée que les amandes grillées étaient plus saines qu’ils ont oublié que la quantité consommée est aussi un facteur important dans le calcul du nombre de calories. L’effort que représente la recherche d’une réponse précise oblige à considérer à la fois la santé et la quantité.
Dindes et hamburgers
Une variante de la première étude nous a amenés par la suite à soumettre les participants à diverses séances d’entraînement de faible et forte intensités et à leur demander d’estimer le nombre de calories brûlées. Nous avons obtenu des résultats similaires.
Dans une autre étude, nous avons demandé à 277 personnes qui avaient mangé chez Subway et McDonald’s l’année précédente d’estimer le nombre de calories contenues dans un sandwich à la dinde de 12 pouces et d’un cheeseburger. Les personnes interrogées qui ont fait des estimations qualitatives pour les deux types de sandwichs pensaient que le sandwich à la dinde contenait moins de calories, tandis que celles qui ont fait des estimations chiffrées ont correctement deviné que le sandwich contenait en fait plus 500 calories alors que le hamburger en comptait 300.
Afin de vérifier si nous pouvions trouver un moyen de corriger cet écart constant entre les estimations qualitatives et quantitatives, nous avons refait l’étude sur les amandes. Cette fois, nous avons demandé à certains participants de regarder 12 photos d’assiettes de collations de tailles différentes et de juger la taille des portions sur une échelle allant de très petites à très grandes.
Les participants ont ensuite estimé les quantités de calories pour la petite assiette d’amandes enrobées de chocolat et la grande assiette d’amandes ordinaires. Le fait d’attirer leur attention sur la taille des portions a permis à tous les participants d’être plus précis dans leurs estimations, ce qui a été particulièrement utile pour les personnes qui donnaient des appréciations qualitatives.
Ainsi, même si les gens ne sont pas très doués pour compter les calories, qu’elles soient consommées dans les aliments ou brûlées par l’exercice physique, il existe des moyens d’améliorer cette capacité. Il suffit de garder cette idée en tête lors du prochain buffet, quand vous serez tenté de remplir votre assiette de choux de Bruxelles.