Sarah Gensburger

Les travaux actuels de Sarah Gensburger portent tout d’abord sur l’action publique et les transformations de l’État à travers l’étude des « politiques de mémoire ». Ils s’intéressent notamment aux interactions entre bureaucratie, normativité et expertise autour de la mobilisation du passé dans la société contemporaine. Il s’agit, en amont, d’étudier l’émergence et le fonctionnement des administrations de la mémoire, de leurs réseaux d’experts et de leurs professionnels pour comprendre les transformations contemporaines de l’État-providence. En aval, Sarah Gensburger explore de nouvelles méthodologies pour rompre avec une approche centrée sur l’étude du rapport à tel ou tel passé, au cœur de la plupart des travaux internationaux sur la mémoire pour ne plus s’intéresser à l’efficacité d’une transmission mais aux rapports des citoyens au principe même de ces politiques de mémoire et à leurs policy feedbacks. A partir d’un objet original, cette approche permet de prêter attention aux rapports entre action publique et normativité, d’une part, aux enjeux d’inégalités socio-économiques et de domination dans un secteur d’activité qui met pourtant en avant l’universalité de ses publics et sa visée émancipatrice, de l’autre.

Relevant davantage de la sociologie, le second groupe d’enquêtes conduites par Sarah Gensburger concerne les cadres sociaux et institutionnels de la documentalité qui marque la période contemporaine et la transformation des institutions culturelles et patrimoniales qui l’accompagne. Ces dernières années ont vu se multiplier les appels à « participation » des « publics » pour garder, au présent et « pour le futur », les traces du passé. Centrées sur la manière dont on garde trace et documente les périodes de crises (Seconde Guerre mondiale, attentats et Covid) les recherches les plus récentes de Sarah Gensburger ont pris pour objet ce recours croissant aux « archives participatives » pour considérer celles-ci comme un outil de gouvernance des crises et des transitions. Depuis 2022, elle s’intéresse à ces questions sur le terrain environnemental.

Par ailleurs, également historienne de la Shoah, Sarah Gensburger est spécialiste de la mise en œuvre des persécutions antisémites à Paris qu’elle étudie à une échelle micro-historique et à partir d’une entrée spatiale.

Entre 2021 et 2023, elle a été President de la Memory Studies Association.