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Cinq sexagénaires riant
L’exercice physique reste l’un des meilleurs moyens d’accroître la longévité. Shutterstock

Vivre plus longtemps : les cinq méthodes les plus prometteuses

La plupart des gens veulent vivre une vie longue et heureuse ou, du moins, qu’elle ne soit pas courte et misérable. Si c’est votre cas, vous avez de la chance, car au cours de la dernière décennie, nous avons vécu une révolution tranquille de la recherche en ce qui concerne la compréhension de la biologie du vieillissement.

Le défi consiste à transformer ces connaissances en conseils et en traitements dont nous pouvons bénéficier. Nous détruisons ici le mythe selon lequel le prolongement de l’espérance de vie en bonne santé relève de la science-fiction et démontrons qu’il s’agit d’un fait scientifique.

1. Nutrition et style de vie

De nombreuses preuves indiquent qu’il est bénéfique de faire des choses ennuyeuses comme de manger sainement. Une étude menée auprès de grands groupes de personnes montre que le fait d’avoir un poids santé, de ne pas fumer, de ne pas trop boire d’alcool et de manger au moins cinq portions de fruits et légumes par jour peut augmenter l’espérance de vie de 7 à 14 ans par rapport à quelqu’un qui fume, qui boit trop et qui est en surpoids.

Image de fruits et légumes
Cinq portions par jour, c’est essentiel. Natalia Lisovskaya/Shutterstock

Réduire encore plus les calories — d’environ un tiers, ce qu’on appelle une restriction alimentaire — améliore la santé et prolonge la vie des souris et des singes, à condition qu’ils choisissent de bons aliments, ce qui n’est pas évident pour les humains, qui sont constamment exposés à des tentations. Les versions moins extrêmes comme le jeûne limité dans le temps ou intermittent — où l’on mange seulement dans une fenêtre de huit heures par jour, ou bien où l’on jeûne deux jours par semaine — sont censées réduire les risques de maladies liées à l’âge chez les personnes d’âge moyen.

2. Activité physique

Si le régime alimentaire reste la chose la plus importante pour la santé, l’exercice physique a également son importance. À l’échelle mondiale, l’inactivité est directement responsable d’environ 10 % de tous les décès prématurés dus à des maladies chroniques, telles que les maladies coronariennes, le diabète de type 2 et divers cancers. Si chaque habitant de la Terre faisait suffisamment d’exercice à partir de demain matin, cela augmenterait probablement l’espérance de vie humaine en bonne santé de près d’un an.

Mais quelle est la quantité d’exercices optimale ? Si on en fait trop, ce n’est pas bon, et pas seulement à cause des muscles déchirés et des entorses, mais aussi parce que cela peut affaiblir le système immunitaire et accroître le risque de souffrir d’une infection des voies respiratoires supérieures. Un peu plus de 30 minutes par jour d’activité physique modérée à intense est suffisant pour la plupart des gens. En plus de nous rendre plus forts et plus en forme, cela réduit les inflammations nocives et améliore l’humeur.

3. Renforcer le système immunitaire

Quelles que soient notre forme physique et notre alimentation, le système immunitaire perd malheureusement de l’efficacité avec l’âge. Une faible réponse à la vaccination et une incapacité à combattre les infections sont les conséquences de cette « immunosénescence ». Les choses commencent à se gâter au début de l’âge adulte, lorsque le thymus — un organe en forme de nœud papillon situé dans la gorge — amorce son déclin.

Cela semble inquiétant, mais ce l’est encore plus si l’on sait que le thymus est l’endroit où les agents immunitaires appelés lymphocytes T apprennent à combattre les infections. La fermeture d’un centre de formation aussi important fait en sorte que les cellules T des personnes âgées ne peuvent apprendre à reconnaître les nouvelles infections ou à lutter efficacement contre le cancer.

On peut y remédier en partie en veillant à consommer suffisamment de vitamines essentielles, en particulier A et D. Un domaine de recherche prometteur s’intéresse aux signaux que l’organisme envoie pour favoriser la production de cellules immunitaires, telle la molécule IL-7. Nous pourrions bientôt être en mesure de concevoir des médicaments qui contiennent cette molécule, ce qui pourrait renforcer le système immunitaire à partir d’un certain âge. Une autre approche consiste à utiliser de la spermidine, un complément alimentaire, pour inciter les cellules immunitaires à se débarrasser de leurs déchets, comme les protéines endommagées. Cette méthode améliore tellement le système immunitaire des personnes âgées qu’on la teste actuellement pour obtenir une meilleure réponse aux vaccins contre la Covid chez celles-ci.

4. Cure de jouvence pour les cellules

La sénescence est l’état toxique qu’acquièrent les cellules en vieillissant. Cela cause des ravages dans tout l’organisme et engendre des inflammations chroniques de faible intensité et des maladies, ce qui entraîne le vieillissement biologique. En 2009, des scientifiques ont démontré que des souris d’âge moyen vivaient plus longtemps et en meilleure santé si on leur administrait de petites quantités de rapamycine, un médicament qui inhibe la protéine mTOR, laquelle contribue à réguler la réponse des cellules aux nutriments, au stress, aux hormones et aux dommages.

En laboratoire, des médicaments comme la rapamycine (appelés inhibiteurs de mTOR) donnent aux cellules humaines sénescentes (vieilles) l’apparence et le comportement de cellules plus jeunes. Bien qu’il soit trop tôt pour prescrire ces médicaments pour un usage général, un nouvel essai clinique vient d’être mis en place pour évaluer si la rapamycine à faible dose peut réellement ralentir le vieillissement chez l’être humain.

Image de la formule chimique structurelle de la molécule de sirolimus (rapamycine) avec des comprimés blancs et des pilules
Les molécules de sirolimus (rapamycine) pourraient nous permettre de vivre plus longtemps. Danijela Maksimovic/Shutterstock

Découverte dans le sol de l’île de Pâques, au Chili,la rapamycine est entourée d’un certain mysticisme et a été accueillie par la presse populaire comme un éventuel « élixir de jeunesse ». Elle peut même améliorer la mémoire de souris atteintes d’une maladie semblable à la démence.

Tous les médicaments ont toutefois des avantages et des inconvénients et, comme une trop forte dose de rapamycine inhibe le système immunitaire, de nombreux médecins sont réticents à l’envisager pour prévenir les maladies liées à l’âge. Cependant, des médicaments plus récents, comme le RTB101, qui fonctionnent de manière similaire à la rapamycine, soutiennent le système immunitaire des personnes âgées et peuvent même réduire les taux et la gravité des infections à la Covid.

5. Élimination des vieilles cellules

Se débarrasser complètement des cellules sénescentes est une autre voie prometteuse. Des études en laboratoire menées sur des souris avec des molécules qui tuent les cellules sénescentes — qu’on appelle « sénolytiques » — montrent une amélioration générale de la santé, et comme les souris ne meurent pas de maladie, elles finissent par vivre plus longtemps.

L’élimination des cellules sénescentes est également bénéfique pour l’être humain. Dans le cadre d’un petit essai clinique, des personnes atteintes de fibrose pulmonaire grave ont fait état d’un meilleur fonctionnement général, notamment en ce qui concerne la distance et la vitesse de marche, après avoir reçu des médicaments sénolytiques. Il ne s’agit toutefois que de la pointe de l’iceberg. Le diabète et l’obésité, ainsi que des maladies causées par certains virus et bactéries, peuvent accroître la formation de cellules sénescentes. Celles-ci rendent les poumons plus vulnérables à la Covid, qui, pour sa part, entraîne la sénescence d’un plus grand nombre de cellules. Il faut savoir que le fait de se débarrasser des cellules sénescentes chez les vieilles souris les aide à survivre à l’infection par la Covid.

Le vieillissement et les infections forment un cercle vicieux. Lorsque leur système immunitaire commence à s’essouffler, les personnes âgées contractent davantage de maladies infectieuses, qui, à leur tour, accélèrent le vieillissement par sénescence. Le vieillissement et la sénescence étant étroitement liés aux maladies chroniques et infectieuses chez les personnes âgées, le traitement de la sénescence pourrait améliorer la santé à tous les niveaux.

Il est emballant de constater que certains de ces nouveaux traitements font déjà l’objet d’essais cliniques concluants et qu’ils pourraient être disponibles pour tout le monde bientôt.

This article was originally published in English

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