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verre de jus de canneberge avec des glaçons
Les Premières Nations d’Amérique du Nord connaissent depuis longtemps les bienfaits de la consommation de canneberges, notamment en ce qui concerne les problèmes de vessie. (Shutterstock)

Le jus de canneberge peut prévenir les infections urinaires récurrentes, mais pas pour tous

Beaucoup d’entre nous connaissent les canneberges comme un condiment savoureux pour agrémenter la dinde de Noël, ou le jus qu’on mélange à la vodka dans un Cosmopolitan. Vous avez peut-être aussi entendu dire que ces petits fruits préviennent les infections des voies urinaires (IVU).

Bien que cela soit souvent considéré comme un mythe, notre nouvelle analyse des preuves montre que la consommation de jus de canneberge ou de suppléments réduit le risque d’IVU à répétition chez les femmes, les enfants et les personnes qui y sont plus sensibles en raison d’interventions médicales.

En revanche, cela ne concerne pas les personnes âgées, les femmes enceintes ou les individus ayant des dysfonctionnements des mécanismes d’évacuation de la vessie.

L’étude n’a pas abordé l’utilisation de la canneberge pour le traitement de l’infection urinaire, et son jus ne peut pas guérir une IVU à lui seul. Par conséquent, si vous avez une IVU, assurez-vous de consulter votre médecin généraliste ou un autre professionnel de la santé.

Mais au fait, qu’est-ce qu’une infection urinaire ?

Les infections des voies urinaires sont désagréables et très fréquentes. Environ un tiers des femmes en souffriront à un moment ou à un autre de leur vie. Elles sont également courantes chez les personnes âgées et celles qui présentent des troubles de la vessie dus à une lésion de la moelle épinière ou à d’autres affections.

En général, une IVU donne l’impression d’uriner des lames de rasoir et la miction peut être malodorante, trouble et parfois teintée de sang. Parmi les autres symptômes, citons l’envie fréquente d’uriner, une sensation de picotement ou de brûlure lors de la miction et des douleurs dans le bas-ventre ou le bassin.

Les IVU sont causées par des bactéries. En principe, les bactéries ne vivent pas dans les voies urinaires, mais lorsqu’elles y parviennent, elles adhèrent à la paroi de la vessie, se multiplient et peuvent provoquer une infection.

Lorsqu’une IVU n’est pas soignée, elle peut se propager aux reins et entraîner des complications, telles que des douleurs intenses ou une septicémie (infection du sang) dans les cas les plus graves.

La plupart des IVU sont traitées efficacement et facilement par des antibiotiques. Parfois, une seule dose suffit à résoudre l’infection. Malheureusement, pour certaines personnes, les IVU sont récurrentes.

Quelles sont les propriétés médicinales de la canneberge ?

Les Premières Nations d’Amérique du Nord connaissent depuis longtemps les bienfaits de la consommation de canneberges, notamment en ce qui concerne les problèmes de vessie.

Canneberges sur un buisson
La canneberge est un fruit originaire d’Amérique du Nord. (Shutterstock)

Plus récemment, dans les années 1980 et 1990, les chercheurs de laboratoire ont commencé à explorer plusieurs interprétations plausibles de ces avantages.

L’explication la plus communément admise est leur forte concentration d’antioxydants les proanthocyanidines. Les canneberges (Vaccinium macrocarpon) – un fruit originaire d’Amérique du Nord – ont une concentration élevée en proanthocyanidines, qui protège le plant contre les microbes.

Les chercheurs pensent que ce composé empêche également la bactérie la plus courante à l’origine des infections urinaires – Escherichia coli (E.coli) – d’adhérer à la paroi de la vessie.

C’est cette capacité apparente qui, selon les chercheurs, est à l’origine des propriétés médicinales de la canneberge.

Toutefois, en l’absence de preuves solides de l’efficacité de la canneberge, les prestataires de soins de santé ne disposaient pas d’indications claires quant aux personnes susceptibles de bénéficier des bienfaits de ce fruit. En conséquence, le débat en cours dans la littérature didactique persiste depuis plus de 30 ans.

L’évolution des preuves

Périodiquement, les essais, traitements et interventions pour toutes sortes de problèmes de santé sont examinés par des chercheurs pour déterminer s’ils sont fondés sur des données probantes.

La preuve de l’efficacité est devenue une priorité et des essais randomisés ont commencé à être publiés à partir de 1994. La première compilation Cochrane de quatre essais cliniques sur ce sujet – publiée en 1998 – a conclu que les preuves étaient trop faibles pour en déterminer l’efficacité.

Une femme se tient le bassin, en proie à la douleur
Les chercheurs étudient depuis longtemps le rôle de la canneberge dans la prévention des IVU. (Shutterstock)

Une revue Cochrane comprend l’identification de toutes les preuves académiques disponibles, évaluées par des pairs, sur un sujet de soins ou de politique de santé. Les données probantes sont examinées de manière indépendante et impartiale par les membres du Réseau Cochrane, un réseau de chercheurs indépendants, de professionnels, de patients et de soignants désireux de répondre à des questions de santé.

Les mises à jour de 2004 et 2008 suggèrent que les produits à base de canneberge réduisent le risque de récidive d’infection urinaire chez les femmes, mais la plupart des études n’étaient pas considérées comme des preuves de haute qualité et les résultats ne se sont donc pas avérés concluants.

En 2012, le volume de preuves avait augmenté pour atteindre 24 essais cliniques, mais les données étaient imprécises et les conclusions laissaient entendre que le jus de canneberge n’apportait aucun bénéfice.

Comme il s’agit de l’une des revues Cochrane les plus populaires et que le volume de données probantes ne cesse d’augmenter, il était important de la mettre à jour.

Au fil du temps, la recherche a permis d’améliorer la cohérence du mode de consommation de la canneberge – sous forme de jus ou de comprimés – ainsi que la mesure du dosage efficace et l’estimation de la quantité de principes actifs (proanthocyanidine) dans les différents produits.

Quoi de neuf ?

La mise à jour de notre revue Cochrane, publiée récemment, comprend désormais 50 essais cliniques portant sur des produits à base de canneberge.

Plus de 8 800 personnes ont participé à ces essais cliniques, dans le cadre desquels des individus ont été assignés de manière aléatoire à prendre soit des produits à base de canneberge, soit un traitement factice – un placebo (une substance qui n’a pas d’effet thérapeutique) ou les « soins habituels » (les participants pouvant recevoir un autre produit préventif, tel que des probiotiques).

L’augmentation récente du nombre de preuves de haute qualité a montré que les produits à base de canneberge sont efficaces pour les personnes qui souffrent d’infections urinaires récurrentes ou qui sont susceptibles d’en souffrir. On parle de récurrence lorsque les IVU surviennent deux fois ou plus en six mois, ou trois fois ou plus en un an.

Les produits à base de canneberge réduisent le risque d’infections urinaires symptomatiques répétées, vérifiées par culture (testées en laboratoire) chez les femmes (d’environ 26 %), les enfants (d’environ 54 %) et les personnes susceptibles d’avoir des infections urinaires à la suite d’interventions médicales (d’environ 53 %).

Ces résultats ne concernent pas les personnes qui ne souffrent qu’occasionnellement d’infections urinaires, mais qui souhaitent les éviter.

La formulation et le dosage des produits à base de canneberge ne sont toujours pas clairs. Les données disponibles n’ont pas permis de déterminer si les comprimés ou les liquides sont plus efficaces, quel est le meilleur dosage de canneberge, ni pendant combien de temps les personnes doivent prendre ces produits pour en tirer tous les bénéfices. Les essais cliniques ont porté sur des durées variables de consommation de canneberges, allant de quatre semaines à 12 mois.

Parmi les nombreuses questions complexes abordées dans cette mise à jour figure celle du financement. Chaque essai clinique a été classé comme étant soit soutenu par des fonds provenant d’organisations commerciales (des fabricants de jus), soit mené par des organisations à but non lucratif (des universités ou des hôpitaux) qui ont payé pour leur propre produit à base de canneberge.

Toutefois, nous n’avons trouvé aucune différence dans les résultats des essais cliniques subventionnés par des entreprises de jus de fruits par rapport à ceux conduits par des établissements universitaires.

This article was originally published in English

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