Menu Close

Colos à vendre !

Des découvertes en groupe. Patricia Lacolla/Pixabay

Depuis trois années, le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (MVJS) développe et finance une campagne de communication pour relancer les colonies de vacances (colos). Ces actions s’appuient sur un double constat : d’une part, la diminution du nombre de départs d’enfants en colonie de vacances se poursuit depuis les années 70 (une baisse d’environ 30 000 enfants par an depuis 2007, soit plus 220 000 mineurs qui ne partent plus en colos entre 2007 (1 202 628) et 2015 (982 520)) et il semble d’autre part nécessaire de rassurer les parents sur l’image des séjours et leur « qualité », afin qu’ils acceptent d’y inscrire leurs enfants.

Dans ce contexte, le MVJS a pris un parti, celui d’envisager les colonies de vacances comme un produit à vendre à des clients, les parents ou les enfants, et utilise pour cela tout le panel des outils du marketing et du marché.

Ce parti-pris pose plusieurs questions : dans quelle mesure les colonies de vacances peuvent-elles réellement constituer un marché ? Les super-organisations qui se profilent à l’horizon sont-elles finalement des effets contre-intuitifs ou un système sciemment mis en place ? Qu’est-ce qui justifie que l’argent public finance une telle campagne de publicité ? Quels sont les enjeux des départs des enfants en colonies de vacances ? Au détriment de qui et de quoi les évolutions constatées se font-elles ?

Reportage de France2sur l’animateur de colonie de vacances.

#GenerationCampColo : #référentiel, #qualité, #publicité_

Nous allons reprendre dans un premier temps l’histoire récente de la politique du MVJS sur la question des colos pour comprendre pourquoi la seule réponse proposée aux associations et organisateurs est de basculer dans la logique de marché. Nous verrons ensuite que le « marché » des colos est actuellement en grand changement, mais que le MVJS a fait le choix d’ignorer l’innovation en qualité de proposition inattendue, la réflexion profonde sur le sens, pour s’orienter de manière privilégiée sur des fusions-acquisitions des grands opérateurs. Enfin, nous verrons que les enjeux des colos ne se retrouvent pas uniquement dans le domaine du tourisme, mais qu’ils constituent un vecteur de politique publique important, qui permet de façonner la société d’aujourd’hui et demain.

La campagne de communication 100 %colo lancée par le MVJS trouve son origine en mars 2015, lorsque le Comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté (CIEC) décide de mettre des moyens sur des actions permettant d’établir et construire de la mixité. La Direction de la jeunesse, de l’education populaire et de la vie associative (DJEPVA) ressort des cartons un travail jusqu’alors non abouti, faute de moyens – la création d’un label permettant de faire la distinction entre ceux qui font de la mixité sociale et ceux qui n’en font pas –, le toilette puis l’habille de critères de qualité, et le fait rentrer dans les financements du CIEC : c’est le dispositif #GenerationCampColo (#GCC).

Il s’agit en effet d’un appel à projets permettant aux organisateurs agréés Jeunesse et éducation populaire de pouvoir percevoir quelques milliers d’euros pour leurs projets innovants, dans la mesure où ces derniers répondent tout d’abord à quelques critères (par ex. : absence de prestataires, circuits courts, pratiques innovantes) et sont investis dans une volonté et une réflexion sur la mixité des publics. Une évaluation et une campagne de communication sont également mises en place.

L’évaluation du dispositif #GCC – qui va au-delà de celle des structures en elles-mêmes – montre qu’il n’y a pas ou peu d’innovation et de mixité dans les colos. L’évaluation, réalisée par un collectif de chercheurs aux multiples approches, pointe « l’insuccès du dispositif ». Comment réagit la DJEPVA ? Elle conteste puis refuse l’évaluation, refuse de payer le travail et poursuit l’action déjà pensée et engagée, en faisant fi des préconisations et de ce que montre le rapport : le marché (par la segmentation) et les politiques publiques (par le ciblage de populations) séparent les publics.

Les politiques libérales (notamment les appels à projets, la mise en concurrence) renforcent la séparation des publics. Vouloir construire de la mixité n’est possible que si on met au travail ce qui fabrique ces séparations : le marché. Il est donc possible de faire l’hypothèse qu’en fait le MVJS, et particulièrement la DJEPVA, ne voudrait pas vraiment faire de mixité, malgré les discours tenus, mais veut absolument laisser à penser qu’elle agit dans ce sens. Pour cela, une étude de l’organisation du marché des colos et des difficultés qui en sont inhérentes permettra de mieux discerner les choses dans le système en place.

À la colo ! Evasoleil, CC BY-SA

La face cachée du monde des colos ou comment manger les autres sans être mangé…

Les organisateurs de colos apparaissent sous quatre formes : d’une part les gros organisateurs souvent adossés à des fédérations d’éducation populaire, à d’importants Comités d’Entreprise ou à l’Union nationale des association de tourisme (Vacances pour tous, UCPA, PEP, etc.) ; ensuite les associations ayant une activité toute l’année, inscrites sur des territoires (scoutisme, Mouvement rural de jeunesse chrétienne) ; encore, les tout-petits organisateurs souvent associatifs, auxquels on peut également rapprocher des mairies, des petits CE ; enfin quelques sociétés privées, d’envergures diverses, que nous distinguons des autres.

Les gros organisateurs ont fait le choix depuis de nombreuses années de vendre des séjours. Ils utilisent, malgré leur statut associatif, les outils du commerce (site Internet, publicité, catalogue, centrale d’achat, plate-forme téléphonique, etc.). Ces acteurs sont regroupés dans des associations ou fédérations qui siègent dans toutes les instances de cogestion du MVJS : groupe de travail, jury d’obtention des Brevets d’aptitudes aux fonctions d’animateur/de directeur (BAFA/D), Commission d’habilitation des organismes de formation BAFA/D, Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire, Commission régionale de la jeunesse, des sports et de la vie associative, etc.

Leur principe est finalement assez simple : le marché des colos devenant de plus en plus petit, il faut garder ses clients et parfois fusionner avec d’autres pour devenir de plus en plus gros. Ceci est de fait possible, car les gros organismes sont en capacité de répondre aux marchés publics permettant de garantir une partie de leurs revenus (colos, mais aussi centres de loisirs, temps d’animation périscolaire, gestion de structures sportives, etc.). Depuis quelques années, on observe une concentration des acteurs, comme le montrent les récentes acquisitions de l’UCPA. Il est à noter que Telligo, aujourd’hui sur le point d’être absorbé, avait récupéré une partie des activités de la FOCEL (Ligue de l’enseignement 77) après sa liquidation judiciaire.

La différence entre société et association a disparu, les mêmes méthodes sont d’ailleurs utilisées (voir le parallèle fait par les représentants de l’UNAT sur le développement du marché du vin et ce que pourrait être celui des colos), les associations créent des sociétés pour vendre (Vacances pour tous international est une société détenue par la Ligue de l’enseignement), les uns rachètent les autres et inversement. À la raréfaction des fonds publics, s’ajoute l’épineuse question de la mise aux normes des bâtiments de colos et les coûts exorbitants que cela entraîne.

Les associations, souvent locales, et les municipalités propriétaires de bâtiments de colonies de vacances sont dans l’incapacité de faire face aux investissements requis pour mettre leurs bâtiments aux normes de sécurité et d’accessibilité. La vente est alors l’une des solutions envisagées. Une autre de ces solutions repérées est d’essayer de monter des dossiers de subventions ou de mécénat : mais comment obtenir les millions d’euros nécessaires ? S’il existe aussi un fonds à la Caisse des Dépôts et consignation, le TSI (Tourisme social investissement), celui-ci impose des montages financiers (séparation des activités) et un changement de destination du bâtiment qui font que les associations et municipalités ne l’utilisent pas.

Pourquoi une association de colo viendrait à perdre une partie de sa propriété pour faire autre chose que des colos ? À cette question, la majorité choisit et répond : vendons ou fusionnons avec un plus gros. Selon une approche plus politique, faut-il laisser aux seuls banquiers la question de l’aménagement du territoire ou encore décider de la forme des loisirs enfantins ? Comment serait-il possible qu’il en soit autrement ?

Sur la plage. Evasoleil, CC BY-SA

« J’vous écris une petite bafouille, pour pas qu’vous fassiez d’mouron… »

Pour conclure sur la grande fragilité du marché des colos, il faut ajouter que la segmentation du marché par les organisateurs est en même temps la cause et la réponse au problème constaté, via des séjours construits afin d’attirer un public particulier et un recrutement qui se fait sur toute la France et/ou en vendant des places à des Comités d’entreprises, des Collectivités ou directement à des particuliers. Pour ce faire les associations ont grandement investi dans les outils publicitaires : catalogue, site Internet, vente en ligne, plate-forme de blog, marketing, labellisation et démarche qualité. Tout ceci afin d’attirer de nouveaux clients et de rassurer les parents. Mais les colos ne sont-elles vraiment qu’un produit comme les autres, qui peut se vendre comme tout produit ? C’est loin d’être sûr… Les chiffres de fréquentation en baisse nous laissent d’ailleurs estimer le contraire.

Un parent, qui veut envoyer son enfant en colo, pense le confier à la mairie ou à un CE, mais en fait il le confie à un organisateur/producteur de séjours qui n’a aucun ancrage avec le territoire ou avec les salariés. Le parent ne connaît ni l’organisateur, ni le directeur, ni les animateurs. Il ne sait pas vraiment qui appeler ou comment obtenir des informations au-delà des documents fournis, il ne sait pas où se plaindre en cas de problème ou à la fin du séjour, il n’a pas vraiment d’interlocuteur en face de lui.

Pendant la colo, il a souvent l’injonction de ne pas donner de téléphone portable à son enfant ou de ne pas l’appeler, il ne sait pas si ses croyances ou valeurs seront respectées, il n’a aucune idée d’avec qui il va se trouver, s’il va pouvoir changer de chambre en cas de problèmes, etc. Comment peut-il alors être rassuré et ainsi accepter de confier son enfant dans de telles conditions et avec une telle mise à distance ?

Maison de Courcelles, CC BY-SA

Des publics ciblés versus des petits organisateurs isolés

La segmentation conduit aussi les enfants à ne pas se mélanger : on peut repérer des colos de riches (que les riches apprécient), de pauvres (que les pauvres rejettent), de filles, de garçons, de ruraux et d’urbains. Pour ce faire, la segmentation s’appuie sur l’activité annoncée et la destination. Les organisateurs cherchent les clients à forte valeur pécuniaire pour augmenter leurs marges financières. Pour les satisfaire ils développent les services dont ils ont envie : tourisme, éducation, humanitaire, farniente, etc.

Les séjours pour pauvres sont quant à eux vendus aux collectivités : ils se déroulent en France et sont multiactivités (autrement dit, sans prestation extérieure). Que peut faire, dans ce contexte, un parent de la classe moyenne ? Pas grand-chose. Le séjour touristique est trop cher… et nombreux sont ceux qui hésitent à mettre leur enfant dans les séjours de pauvres, ayant peur qu’il soit en difficulté avec les autres.

Ainsi, les enfants de ces familles ne partent plus en colo. La mixité n’y existe plus et une partie entière de la population n’a plus accès aux colos. La logique est poussée à son extrême, puisqu’il existe des séjours spécifiques pour tous les publics soumis à distinction critériée : enfants en situation de handicap (vacances adaptées), enfants hospitalisés (séjours sanitaires), enfants issus d’un quartier politique de la ville (séjours VVV), etc.

Dans ce contexte, les organisateurs implantés localement et ayant des valeurs fortes et identifiées (scoutisme et le MRJC) se développent et on voit également apparaître des petits opérateurs. Ces apparitions pourraient être vues comme le souffle d’une dynamique émergente dans le marché des colos. Il n’en est rien. Ces opérateurs (souvent associatifs et tout-petits) se créent en rupture avec la dynamique marchande installée par les grands opérateurs et le ministère.

N’ayant que difficilement accès aux groupes de cogestion, ils n’ont aucun poids sur les évolutions du champ des colonies de vacances, ils n’ont pas ou peu accès aux subventions d’état : pas d’agrément, dossiers trop lourds ou trop complexes, innovations impossibles par l’excès de normes, fonds propres insuffisants.

Pourtant, nombreuses sont les associations à imaginer et construire des colonies différentes : 400 coups, la Maison de Courcelles, Cités d’enfants, Vacances sauvages, Bidouillerie, Evasoleil, La Bêta-Pi, etc. Elles sont souvent en rupture ou en désaccord avec les fédérations ou les grands organisateurs. Elles font des colos guidées par les idées d’émancipation, de loisirs, de liberté, de choix ou de décision de l’enfant, par la construction pédagogique, par la recherche empirique ou pour accueillir des publics qui ne trouvent pas de place ailleurs.

Autant de champs oubliés ou enfouis par les grands organisateurs centrés principalement sur une idée définie et fermée de la qualité, la satisfaction du client, le chiffre d’affaires et quelques actions solidaires. Il est à rappeler que ces grands organisateurs se sont développés ou construits grâce à des fonds publics, notamment des subventions ou des dotations de fonctionnement, dans une cogestion du champ avec l’état. C’est précisément ce qu’ils refusent conjointement à ces petits acteurs.

Comme l’énonçait le Député Michel Ménard, auteur en 2013 d’un rapport parlementaire qui fait date sur le sujet des colos :

« Les grandes organisations peuvent avoir tendance à se scléroser. Le “small” n’est pas toujours “beautiful”. Il ne faut pas opposer les deux formes d’organisations. Le dynamisme d’une petite association n’exclut pas l’appartenance à un réseau ou une fédération ».

La question qui se pose alors est pourquoi le ministère n’a pas profité du dispositif #GenerationCampColo pour faire de la politique et amener les grands organisateurs et les petites associations à exister conjointement dans un espace de rencontre, à débattre, à construire ensemble ou à revoir les organisations et les responsabilités. Pourquoi le ministère n’a-t-il pas saisi la question de la mixité comme objet permettant de construire de nouvelles formes de colos ?

Peut-on faire l’hypothèse que les hauts fonctionnaires aux commandes de ces politiques publiques sont aveuglés par la force du marché et ne sont en capacité de voir le monde que par les prismes du marché et de la concurrence. Ils ont semble-t-il, et sans mauvais jeu de mots, choisi leur camp.

L’avenir des colos : Les enjeux financiers passeront-ils avant tous les autres ?

Quels sont les enjeux du déclin des colos ? Les colos représentent un outil fort de politique publique, inscrite historiquement. Elles ont toujours servi à transmettre et/ou mettre en pratique des valeurs compatibles de notre république : communistes, laïcs, catholiques, protestants, etc. ont par exemple tous organisé des colos. L’outil est puissant et demande finalement peu de moyens.

Les travaux d’évaluation, les récentes rencontres pédagogiques de Courcelles montrent que le prisme de la mixité permet de (re)penser les formes de colos, permet de construire des bouts de vie ensemble, participant à la cohésion de notre pays.

L’enjeu est de permettre la rencontre : la rencontre entre les différents publics, la rencontre entre enfants, adolescents et adultes, la rencontre entre urbains et ruraux, entre filles et garçons, entre croyants et laïcs, entre les habitants des banlieues et ceux des centres-villes. La colo peut permettre de construire ces rencontres dont la liste est non exhaustive, avec le seul et simple objectif de passer des bons moments (des vacances) à faire ensemble. En effet, aller vers un clivage des publics en colo abonde dans le sens d’un clivage de la population tout entière.

L’enjeu de préserver et maintenir les colos en vie est aussi de permettre à bon nombre de jeunes de s’engager et de travailler au service des enfants. Les colos permettent de « préformer » les futurs travailleurs sociaux, et quel éducateur ou assistante sociale n’est pas passé par l’animation en colo ou en centre de loisirs, côtoyant ainsi une certaine diversité ? Le Député Michel Ménard proposait, en parallèle du service civique et pour sortir du Contrat d’engagement éducatif, de construire un service civique de l’animation, projet porté par de nombreux organisateurs mais qui n’a toujours pas vu le jour en raison de l’opposition du ministère… À l’heure où les politiques rêvent de relancer le service militaire, ne serait-il pas intéressant de permettre une autre voie ?

L’enjeu est aussi d’expérimenter la mixité et de construire l’égalité. Où et comment travailler ces deux questions fondamentales s’il n’existe plus de lieu où les mettre réellement au travail ? La colo peut et doit constituer un laboratoire d’expérimentation pédagogique, et si l’état (ou les collectivités) ne participe pas au financement de ce type de recherche, les acteurs du marché ne le feront jamais puisque c’est la non-mixité qui leur garantit leur chiffre d’affaires.

« Monsieur le Président… »

À l’heure où un nouveau président de la République française est nommé et qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de ministre de la ville et de la Jeunesse, il serait urgent et intéressant que les acteurs politiques n’en oublient pas leur responsabilité et ne fassent pas la sourde oreille sur les évolutions du champ des colonies de vacances et sur l’absence de mixité. Mettre des rapports au placard, faire du chantage au paiement, fonctionner en monde replié sur lui-même et libéralisé ne va pas dans le sens de la construction du commun, de l’égalité et de la mixité mais participe au contraire à la séparation des publics.

Nous nous interrogeons sur l’absence de ministre de la Jeunesse dans ce nouveau gouvernement. Cela est-il le signe d’un renoncement à toute politique publique et à la seule gestion par le marché ?

Nous pensons que le nouveau gouvernement doit tout de même se pencher sur la (re)construction du champ des colos, c’est-à-dire :

  • De travailler avec les fédérations pour que le fédéralisme soit, de nouveau, source de sens et de quelque peu d’indépendance, de recherche, de réflexion pédagogique, et non plus un lieu d’entre-soi qui défendrait d’une part une vision passéiste et nostalgique de l’animation, et qui révélerait d’autre part des appareils institutionnels dépassant trop largement les membres qui le constituent, les faisant se livrer des batailles d’intérêts communautaires et non plus agir dans un partage d’idées.

  • De rééquilibrer la cogestion du champ et de mettre autour de la table l’ensemble des acteurs des colonies de vacances pour échanger, construire et travailler aux colos de demain, lesquelles pourraient et devraient permettre la rencontre entre les publics, participant ainsi à la cohésion de notre nation.

  • De penser la colo comme un outil de politique publique et pas uniquement comme un produit aux mains des responsables du marketing et de la commercialisation, et dont on s’intéresserait davantage aux chiffres d’affaires qu’à l’intérêt porté pour notre collectif.

  • De permettre et d’accompagner l’émergence de nouveaux acteurs, notamment à partir des services déconcentrés de l’État.

  • De rendre le pilotage des politiques publiques sur les camps et colos interministériel, ouvert aux collectivités territoriales et à d’autres associations ou agences (Commissariat général à l’égalité des territoires). En effet, la mixité peut relever de la DJEPVA et de l’éducation populaire, mais pas uniquement.

  • De penser et construire un modèle économique différent qui permet la rencontre, la souplesse, le refus de la concurrence et des appels à projets. Les associations travaillant à l’année ont une expérience et une histoire sur lesquelles s’appuyer.

Un plan B ?

Loin de nous l’idée de faire un procès d’intention aux éventuels futurs décideurs de la Jeunesse – et donc du champ de l’animation –, et de penser que ces propositions seront balayées d’un revers de main. L’histoire et l’expérience nous contraignent cependant à nous prémunir afin de ne pas être trop déçus par la tournure des évènements, s’ils étaient amenés à évoluer à moyen terme dans le sens univoque d’une poursuite de la libéralisation du champ des colos.

Nous jugeons que ce serait en effet fort dommage que les petites et moyennes associations continuent d’être contraintes chacune leur tour de céder leur patrimoine à des entreprises qui cherchent avant tout à faire consommer de la colo. Ainsi, comment nous organiser si les subventions arrivent à l’avenir plus facilement dans la poche de quelques acteurs agréés ? Si organisateurs, directeurs, animateurs ou parents imaginent tant bien que mal des solutions isolées et contextualisées, comment ces différents acteurs du champ peuvent-ils agir pour que les enfants et eux-mêmes échappent aux griffes d’un modèle de colos dont le sens passe au second plan ?

Want to write?

Write an article and join a growing community of more than 180,400 academics and researchers from 4,911 institutions.

Register now