Partout sur la planète — y compris aux États-Unis — de nombreuses personnes s’interrogent : comment de nombreux Américains peuvent-ils continuer de soutenir Donald Trump, malgré une liste de plus en plus longue d’accusations portées contre lui, y compris les dernières en Georgie, où il est inculpé de tentative de manipulation des élections présidentielles de 2020.
Avant l’annonce des dernières inculpations, Donald Trump était au coude à coude avec le président Joe Biden dans un hypothétique match retour. Il semble peu probable que les inculpations en Georgie érodent le soutien dont bénéficie l’ancien président.
Cela est choquant pour bien des gens. Un tel soutien à un homme qui ment, triche et menace la Constitution des États-Unis n’a pas de précédent dans l’histoire de la politique nationale américaine.
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Pouvez-vous toujours obtenir ce que vous voulez ?
Ceux qui soutiennent Trump inconditionnellement sont à peu près les mêmes depuis la dernière élection. Il s’agit de groupes divers, mais qui partagent la même préoccupation, fondamentale : ils estiment que Trump obtiendra des résultats sur les questions qu’ils jugent les plus importantes pour le pays.
Ainsi, les chrétiens évangéliques qui le soutiennent apprécient le fait qu’il a nommé des juges conservateurs, ce qui a conduit, entre autres, à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade. Ses aventures extraconjugales ont peu de poids face à cet objectif à long terme de la droite chrétienne.
Certains électeurs démocrates désenchantés se sont ralliés à Trump. Il s’agit notamment de cols bleus et de petits entrepreneurs qui voient les emplois être délocalisés à l’étranger, ainsi que de certains électeurs latinos qui considèrent que Trump agit en accord avec leur morale catholique en nommant des juges plus conservateurs. Ils apprécient également son opposition à l’immigration clandestine.
Les dizaines de milliers d’immigrants potentiels qui tentent de franchir illégalement la frontière entre les États-Unis et le Mexique effraient ceux qui craignent de perdre les emplois non qualifiés qui subsistent aux États-Unis, ainsi que les habitants des zones rurales qui considèrent menacées les valeurs de ce qu’ils considèrent comme l’Amérique blanche traditionnelle.
Pour tous ces partisans, obtenir ce qu’ils veulent est plus important que de se préoccuper des indiscrétions matrimoniales de Trump, des documents gouvernementaux volés, de sa tentative de renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 ou d’avoir encouragé la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Quand les mensonges deviennent la vérité
Bien sûr, l’attrait de Trump ne se limite pas à sa promesse de rendre à l’Amérique sa grandeur (Make America Great Again). C’est un véritable démagogue qui répète sans cesse son message simple, avec beaucoup d’emphase. Il rabaisse ses détracteurs de manière répétée et implacable, et ment sur l’élection de 2020.
Une citation attribuée à Joseph Goebbels, le ministre nazi de la propagande, se traduit à peu près comme suit : « Répétez un mensonge assez souvent et il devient la vérité ».
Trump utilise cette technique de manière très efficace avec ses partisans, y compris ceux de la frange d’extrême droite, qui réagissent bien à son message implicite de « rendre l’Amérique blanche à nouveau ». Une grande partie du Parti républicain renforce les mensonges de Trump soit en approuvant ses affirmations de fraude électorale, soit en se gardant bien de les commenter ou de le critiquer.
L’effet des médias sociaux sur l’attrait de Trump ne doit pas être négligé. Vous y trouverez des « preuves » des affirmations de Trump — des complots de l’« État profond » et de responsables démocrates pour persécuter le vainqueur de l’élection de 2020. Ces allégations sont très efficaces auprès des citoyens qui se sont détournés des médias traditionnels parce qu’ils sont critiques vis-à-vis de l’homme qui travaille pour eux.
Bien qu’aucun autre candidat à la présidence n’ait utilisé cette démagogie et cet appel aux préjugés de manière aussi éhontée, il existe un parallèle partiel avec Huey Long, gouverneur de Louisiane de 1928 à 1932 et sénateur américain de 1932 à 1935.
Défenseur des pauvres, critique sévère des banques et partisan d’un gouvernement autoritaire, il était célèbre pour ses discours enflammés. Personnage controversé, il a fait l’objet d’accusations de corruption politique, mais il était néanmoins apprécié par plusieurs. Il envisageait de se présenter à l’élection présidentielle, mais il a été assassiné en 1935.
Le sosie brésilien de Trump
Pour trouver un parallèle contemporain, il faut regarder ailleurs qu’aux États-Unis.
Le plus évident se trouve au Brésil, où Jair Bolsonaro a gouverné de 2018 à 2023. Il a l’admiration de Donald Trump, qui a affirmé qu’il « se bat durement pour le peuple brésilien et l’aime — tout comme je le fais pour le peuple des États-Unis ».
Bolsonaro croyait en la réduction des impôts, défendait les « valeurs familiales » et était opposé au contrôle des armes à feu et à l’immigration en provenance d’Haïti et du Moyen-Orient. Considéré comme raciste, sexiste et homophobe par certains, ses discours enflammés ont souvent incité à la violence, en particulier contre les opposants politiques, les criminels et les « rouges ».
Il a qualifié la Covid-19 de pure invention, avec pour résultat que le Brésil a connu l’un des taux d’infection les plus élevés au monde. Défait en 2022, il n’a pas reconnu sa défaite, mais a déclaré qu’il respecterait la constitution du pays.
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Il a quitté le Brésil plutôt que de reconnaître sa défaite, mais ses partisans ont pris d’assaut la Cour suprême, le Congrès et le palais présidentiel pour tenter de faire annuler l’élection. Contrairement à Trump, il lui a été interdit de se présenter aux élections jusqu’en 2030 en raison de son refus d’accepter sa défaite, et il a été poursuivi pour fraude électorale.
On saura au cours de prochains mois si les accusations portées contre Trump vont éroder son soutien ou au contraire encourager ses partisans à continuer à donner des millions de dollars pour soutenir sa candidature à l’élection et ses frais d’avocat. À ce jour, aucun signe ne laisse entrevoir un désengagement de ses partisans.