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On voit un homme masqué, Justin Trudeau, montrer du doigt une feuille de laitue sur un bloc, tandis qu'un garçon dans une garderie sourit et écoute.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, à gauche, joue avec des enfants dans un centre d'apprentissage et de garde d'enfants à Brampton, en Ontario, le 28 mars 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette

Investissement fédéral de 27 milliards de dollars dans les services de garde : il faut penser vert

Le 8 octobre 2021, le Conseil des droits de la personne des Nations unies a reconnu que l’accès à un environnement propre, sain et durable est un droit de la personne.

Par ailleurs, une décision historique du Comité des droits de l’enfant des Nations unies a décidé qu’un pays pouvait être tenu responsable des effets négatifs de ses émissions de carbone sur les enfants, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de son territoire.

Le Canada investit 27 milliards de dollars dans l’apprentissage et la garde des jeunes enfants. L’ensemble des 13 provinces et territoires ont signé l’accord en promettant de réduire les frais pour les parents et d’accroître l’accès pour les enfants de zéro à cinq ans.

L’investissement fédéral dans l’apprentissage et la garde des jeunes enfants est l’occasion de penser vert dans ce secteur et de repenser le statu quo. C’est également l’occasion de s’assurer que les objectifs en matière de durabilité et de climat sont intégrés à la fois dans les politiques à court et à long terme, et dans les programmes et salles de classe actuels.

Le Canada est à la traîne

Alors que la législation est en cours d’élaboration, l’emplacement des nouveaux programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants ainsi que la manière dont ils sont conçus, élaborés et financés peuvent soit aggraver les changements climatiques, soit contribuer à les atténuer.

À l’heure actuelle, le lien entre l’éducation de la petite enfance et la durabilité nécessite beaucoup plus de financement, de bourses académiques et d’actions.

Le Bilan Innocenti 17 de l’UNICEF, publié en mai 2022, traite spécifiquement des facteurs de stress environnementaux sur le bien-être des enfants. Globalement, il classe le Canada au 28e rang parmi 39 pays riches. Nous nous classons parmi les pires pays de notre catégorie en ce qui a trait aux déchets municipaux et à la consommation de ressources, et 38 sur 39 pour les environnements physiques et politiques entourant l’enfant.

Les enfants sont les moins responsables de la crise climatique, mais ils en ressentent le plus les effets. Malgré tout, l’impact n’est pas réparti uniformément. Le changement climatique vient s’ajouter à une autre crise : celle des inégalités.

Les mauvaises décisions individuelles, sociétales et politiques affectent certaines communautés d’enfants plus que d’autres : ceux qui vivent dans la pauvreté, dans les communautés autochtones et nordiques et ceux qui sont racisés.

On voit un panneau d’urgence au-dessus des eaux de crue
On aperçoit des inondations à la Première nation de Peguis, au Manitoba, le 4 mai 2022. LA PRESSE CANADIENNE/David Lipnowski

Éducation et action en faveur de la durabilité

Les programmes d’apprentissage à la petite enfance doivent inclure l’éducation et l’action en faveur de la durabilité, principes devant guider les expériences éducatives offertes quotidiennement aux enfants au sein des services qu’ils fréquentent. Les spécialistes du climat sont unanimes : pour faire face à la crise climatique, il faut donner des moyens d’action aux communautés autochtones et soutenir un dialogue constructif avec les détenteurs et détentrices du savoir autochtone afin de définir des mesures durables et coopératives.

Le défi environnemental transcende les intérêts d’une seule partie prenante. Pour chaque Greta Thunberg, des millions d’enfants sont les victimes collatérales de décisions politiques, des contributeurs naïfs au problème, ou les deux.

Les attitudes et les comportements pro-environnementaux sont cruciaux et fondamentaux pour lutter efficacement contre le changement climatique. Les enfants les développent dès l’âge de sept ans. La transformation des systèmes et des politiques, la sensibilisation à l’environnement et le savoir, les attitudes, les comportements, les pratiques et les croyances des jeunes enfants en matière d’environnement au cours de leurs premières années sont désormais des questions de survie.

Les gouvernements doivent aborder l’action climatique de concert. Il s’agit d’un problème interconnecté nécessitant des approches intersectionnelles. La complexité de ce défi nécessite la mobilisation de tous les secteurs.

Dans le secteur canadien de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants, parallèlement aux critères de qualité bien établis dans les programmes d’éducation à la petite enfance, les principes et les normes de pratique devraient intégrer des aspects de l’environnement bâti, notamment les espaces verts, la durabilité de l’environnement et les partenariats et la collaboration avec les Autochtones.

Un enfant tient un insecte tout en discutant avec un enseignant et de jeunes enfants
Les enfants sont les personnes les moins responsables de la crise climatique, mais en subissent le plus grand impact. (Allison Shelley/The Verbatim Agency for EDUimages), CC BY-SA

Au-delà des bâtiments durables

Certains chercheurs et chercheuses basés aux États-Unis se penchent sur les exemples canadiens, qu’ils considèrent comme des modèles positifs à la fois pour nos investissements dans les services de garde des jeunes enfants et pour notre approche durable de l’expansion.

La Colombie-Britannique, par exemple, progresse. Un rapport récent de la coalition des défenseurs des services de garde d’enfants de la C.-B. démontre cinq manières dont le secteur de l’apprentissage des jeunes enfants et la politique sur les changements climatiques peuvent se recouper :

  1. Protéger la santé environnementale des enfants : il faut prêter attention aux lieux d’implantation des programmes autant qu’à la manière dont ils sont élaborés.

  2. Améliorer les bâtiments : les nouvelles constructions doivent être durables, carboneutres et résistantes aux changements climatiques ; les plans d’investissement dans les services de garde d’enfants doivent prévoir des fonds pour les infrastructures des programmes dirigés par des Autochtones.

  3. Réduire les émissions liées au transport : lorsque les services de garde d’enfants sont intégrés aux écoles, les parents passent moins de temps en voiture pour aller chercher leurs enfants à divers endroits.

  4. Favoriser l’économie propre : intégrer les objectifs climatiques dans tous les investissements publics, y compris les services de garde d’enfants.

  5. Aider les familles à s’engager : ajouter la durabilité et la responsabilité climatique au programme scolaire et faire participer les familles n’aide pas seulement la prochaine génération, mais soutient les changements de comportement déjà aujourd’hui.

Ces questions doivent nous préoccuper. Que nous soyons parents, universitaires, éducateurs ou éducatrices, membres de gouvernements ou de la communauté dans son ensemble, si nous ne sommes pas tous des militants du changement climatique, nous entravons le progrès et faisons partie du problème.

L’investissement de 27 milliards de dollars du Canada dans les services éducatifs à la petite enfance ne doit pas être une autre occasion ratée.

This article was originally published in English

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