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Le perfectionnisme ne rend pas toujours service aux bons élèves

Le perfectionnisme est un trait de personnalité consistant à se fixer des objectifs irréalistes. Shutterstock

Selon les circonstances, le perfectionnisme peut être un atout ou un défaut, à l’école comme au travail. Et lorsqu’il entraîne un gain de performance, celui-ci peut être éclipsé par des problèmes de bien-être. Des liens ont ainsi été établis entre le perfectionnisme et le burn-out ou la dépression.

On trouve des preuves de ce type d’effets négatifs dans de nombreux contextes, et notamment auprès des jeunes chez qui le perfectionnisme constitue un facteur de vulnérabilité aux troubles mentaux. Cependant, des mesures pratiques, telles que des cours dispensés à l’école, pourraient faire la différence.

Des objectifs irréalistes

Le perfectionnisme est un trait de personnalité consistant à se fixer des objectifs irréalistes et à se montrer excessivement critique. Animés tout à la fois du désir de faire leurs preuves et de la peur de ne pas être à la hauteur, les perfectionnistes sont souvent en proie à l’inquiétude, à l’angoisse et au doute.


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Des études récentes illustrent de façon criante la fragilité des jeunes face au perfectionnisme. L’une de ces études, conduite par un doctorant de mon groupe de recherche, s’est penchée sur la relation entre le perfectionnisme et l’usage des réseaux sociaux.

Portant sur 135 adolescentes, elle a révélé que lorsque ces jeunes filles comparent leur apparence aux autres, les plus susceptibles de faire état de symptômes dépressifs étaient les plus enclines au perfectionnisme et à l’autocritique.

Notre groupe de recherche a également dirigé une vaste analyse des textes universitaire consacrés au perfectionnisme chez les élèves brillants, qui a mis en évidence les différentes façons dont le perfectionnisme influence ces élèves. Nous avons constaté, à partir de 36 études réalisées dans ce domaine, que les doutes, les inquiétudes et les craintes caractéristiques du perfectionnisme laissent des traces, même chez les plus doués.

Étonnamment, une seule étude, aux conclusions pourtant prometteuses, s’est intéressée aux moyens concrets de lutter contre le perfectionnisme. Elle a démontré qu’une série de cours exposant les façons de composer avec la pression, les attentes et les aspects nocifs du perfectionnisme pouvait aider les élèves.


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Motivés par l’absence de travail dans ce domaine, et persuadés que l’école et les enseignants avaient un rôle fondamental à jouer dans la prévention des difficultés liées au perfectionnisme avant qu’elles se manifestent, nous nous sommes intéressés à ce qui pouvait être fait en classe pour aider les élèves à tendance perfectionniste.

Les relations aux autres

En collaboration avec National Association for Able Children in Education (NACE), un organisme caritatif dédié à l’éducation, mes collègues et moi avons compilé des ressources pour aider les écoles à répondre à ce problème et faire part de nos suggestions aux élèves, aux professeurs et aux parents.

Parmi ces ressources figure la mise en place d’une simple leçon visant à améliorer le niveau de connaissance à l’égard du fonctionnement du perfectionnisme. Notre intention était de permettre aux jeunes de reconnaître les caractéristiques du perfectionnisme, de les informer sur les aides existantes, et de les inciter à y recourir, le cas échéant.

La leçon en question donne des informations sur le perfectionnisme et propose une activité expliquant la différence entre perfectionnisme et volonté de bien faire.

PsychoBugs 6, « Jamais assez bien » (Arte, 2021).

Le but étant d’insister sur le fait que, bien souvent, le mieux est l’ennemi du bien. Viser la perfection est inutile et irréaliste. À l’inverse, travailler dur et faire de son mieux, ce n’est pas chercher à être parfait. C’est aussi un objectif plus gratifiant.

Une autre activité consiste à apprendre aux jeunes les différentes « saveurs » du perfectionnisme. Cette analogie attire l’attention sur le fait que le perfectionnisme peut prendre différentes formes, y compris vis-à-vis de notre perception des autres et de la façon dont ils nous voient.

Nous avons tendance à considérer le perfectionnisme comme une affaire personnelle, en nous fixant par exemple des objectifs irréalistes. Or, le perfectionnisme touche aussi les autres : on attend des autres qu’ils soient parfaits, ou bien on pense que c’est ce qu’ils attendent de nous.

Le perfectionnisme affecte donc non seulement notre bien-être mais aussi nos relations avec autrui.

Des actions concrètes

Nous avons récemment piloté un programme dans une école secondaire. Les élèves étaient guidés tout au long de la leçon par un enseignant qui avait suivi une petite formation et eu l’occasion de poser des questions tout en s’habituant au matériel.

Nous avons constaté que la leçon avait un impact positif sur les élèves. À l’issue du cours, ceux-ci disaient mieux reconnaître le perfectionnisme et l’importance qu’il y avait à se faire aider le cas échéant.

Il appartient aussi aux professeurs de veiller à ce que les pratiques dans leurs classes ne viennent pas encourager une mentalité perfectionniste chez leurs élèves au lieu de la décourager.

Des attentes irréalistes, une critique fréquente ou excessive, l’angoisse de commettre des erreurs et le recours aux récompenses ou aux punitions renforcent le perfectionnisme chez les élèves. Bien qu’il s’agisse d’un nouveau domaine de recherche et de pratique pédagogique, nous pensons que c’est un élément clé pour obtenir des changements positifs et durables.

Les enseignants et les parents doivent être capables de reconnaître un comportement perfectionniste et les difficultés que celui-ci risque de provoquer chez l’enfant ou l’adolescent. Améliorer la compréhension du perfectionnisme chez les enseignants est un bon moyen de favoriser le bien-être des élèves.


Traduit de l’anglais par Catherine Biros pour Fast ForWord.

This article was originally published in English

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