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Les entreprises familiales sont davantage exposées au risque de décrochage boursier

Panneau affichant des cours de bourse
Plus de 6 entreprises sur 10 étaient des entreprises familiales en France en 2017. Pexels, CC BY-SA

Les sociétés contrôlées par des familles, ou entreprises familiales, occupent historiquement une place importante dans les économies occidentales. En 2017, 61,65 % des entreprises françaises étaient des structures familiales. Or, ces entreprises, lorsqu’elles sont cotées en bourse, présentent davantage de risques de voir le cours de leur action dévisser brutalement et significativement.

C’est ce qui ressort de notre étude récente, qui analyse l’impact du contrôle familial sur le risque de chute de cours d’une action (RCA) ainsi que l’effet de l’indépendance du conseil d’administration.

Nous montrons que ce RCA est généralement associé au comportement opportuniste du dirigeant, qui a tendance à retarder sur une période plus ou moins longue la publication des mauvaises nouvelles. Au-delà d’un certain seuil, l’accumulation de mauvaises nouvelles révélées au marché conduit à une chute significative et brutale du cours de l’action.

Conflits d’intérêts

Dans les sociétés familiales, les conflits d’intérêts entre dirigeants et actionnaires sont considérablement réduits du fait d’un contrôle renforcé du dirigeant par la famille ou de la convergence des intérêts dirigeant-famille. En revanche, des conflits qui opposent la famille et les actionnaires minoritaires peuvent apparaître. Ces conflits traduisent la propension de la famille à s’approprier des bénéfices privés au détriment des minoritaires.

Nous avons donc étudié le rôle du conseil d’administration, chargé de protéger les actionnaires en veillant notamment à la qualité de l’information fournie au marché. Notre analyse montre que, plus un conseil est indépendant, moins le dirigeant retarde la diffusion de mauvaises nouvelles, ce qui permet de limiter le RCA.

En utilisant un échantillon de 252 entreprises françaises cotées sur la période 2007-2016, nos résultats permettent donc de valider les explications du RCA basées sur les conflits d’intérêts et le degré d’implication de la famille. Toutefois, le contrôle familial, mesuré à partir du pourcentage de droits de vote, n’est significativement relié au RCA que si le dirigeant fait partie de la famille. Plus généralement, l’excès de contrôle, traduisant l’intensité des conflits d’intérêt famille-actionnaires minoritaires, est également relié positivement au RCA.

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Nos montrons également que la présence d’administrateurs indépendants limite l’impact du contrôle familial sur le RCA mais uniquement quand le dirigeant de l’entreprise ne fait pas partie de la famille.

Protéger les actionnaires minoritaires

Nos résultats peuvent donc être utiles aux investisseurs dans le cadre de leurs décisions, d’une part en les éclairant sur ce type de risque, et d’autre part, en leur permettant d’identifier le profil des sociétés à RCA important.

Nos résultats peuvent également être utiles aux institutions chargées de réguler la transparence financière et plus généralement la vie des affaires. Le RCA des sociétés familiales est en effet le résultat d’un manque de transparence de l’information dû à une faible protection des actionnaires minoritaires.

Enfin, nous pouvons suggérer que, pour un conseil d’administration d’une entreprise familiale qui voudrait limiter son RCA, la solution optimale ne passe pas forcément par une modification de sa composition : les administrateurs peuvent en effet parfaitement choisir d’autres voies, par exemple celle d’une responsabilité accrue.

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