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femme fait du pain
Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. (Shutterstock)

Course à pied, fabrication de pain : traverser la pandémie grâce à de nouvelles passions

Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage.

Chercheuses en psychologie, nous avons mené avec notre équipe de recherche trois études durant la pandémie de Covid-19 afin d’examiner les bienfaits reliés au développement de nouvelles passions en contexte d’adversité.

Nous avons trouvé que les personnes ayant développé une passion harmonieuse ont vécu des émotions agréables et ont réussi à se désengager d’une activité passionnante irréalisable, ce qui les a amenés à ressentir du bien-être psychologique.

Les personnes ayant développé une passion obsessive, quant à elles, ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être (symptômes anxieux et dépressifs).

Les passions ne sont pas toutes égales

Prenons l’exemple d’Alex et de Charlie, deux personnages fictifs, afin d’illustrer les différents types de passion. Durant la pandémie, Alex a développé une passion pour la cuisine. Chaque soir, il adorait préparer une nouvelle recette et passer du temps en famille autour de bons repas. Dans la ville voisine, Charlie a quant à elle développé une passion pour le ski. Souhaitant participer à des compétitions, elle s’entraînait sur une base régulière et elle se sentait coupable les jours où elle ne skiait pas. Elle négligeait également ses études afin d’optimiser sa performance et se sentir fière d’elle dans son sport favori.

Alex et Charlie ont tous deux développé une passion pour une nouvelle activité, c’est-à-dire que cette activité aimée est devenue une partie de leur identité et ils y ont investi beaucoup de temps et d’énergie. Toutefois, ils ne se sont pas engagés dans cette activité de la même manière, ce qui a affecté différemment leur santé mentale. En effet, il existe deux types de passion.

La passion harmonieuse est bien intégrée aux autres sphères de vie des individus. Ainsi, elle interfère peu avec leur travail, leurs loisirs ou leurs relations interpersonnelles. C’est le cas d’Alex, qui passe du temps en famille tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. De plus, les personnes ayant une passion harmonieuse sont en mesure de se désengager de leur activité passionnante au besoin, par exemple lors d’un confinement qui les empêche de la pratiquer.

Au contraire, la passion obsessive est caractérisée par un besoin incontrôlable de pratiquer l’activité aimée. Les personnes ayant une passion obsessive basent souvent leur estime de soi sur leur performance dans leur activité passionnante, comme Charlie qui ne peut s’empêcher de skier.

personne debout sur une piste de ski
Durant la pandémie, les personnes ayant développé une passion obsessive ont vécu un peu de bien-être, mais majoritairement des émotions désagréables et du mal-être. (Shutterstock)

Le rôle des émotions agréables et désagréables

Alors que la passion harmonieuse d’Alex risque de lui procurer de nombreux bienfaits, la passion obsessive de Charlie pourrait engendrer des conséquences négatives sur sa santé mentale. Nos études ont montré que les liens entre les types de passion et la santé psychologique peuvent être partiellement expliqués par la présence d’émotions agréables et désagréables.

Les émotions agréables permettent d’ouvrir ses horizons et de développer des ressources personnelles (p. ex., la présence attentive, qui réfère à la capacité d’être conscient de ses états internes et de son environnement) qui pourront être utilisées pour faire face aux situations stressantes. Les émotions désagréables ont également leurs fonctions. Par exemple, la culpabilité nous permet de reconnaître des comportements immoraux. Cependant, elles peuvent être associées à un repli sur soi et à des problèmes de santé psychologique.

Nos résultats indiquent que les personnes qui ont poursuivi une passion harmonieuse préexistante durant la pandémie et ceux qui en ont développé une nouvelle vivaient davantage d’émotions agréables, ce qui menait à un bien-être psychologique accru (satisfaction de vie, bonheur et trouver un sens à son existence). Au contraire, les personnes qui ont poursuivi une passion obsessive (préexistante et nouvelle) vivaient un peu de bien-être, mais surtout des émotions désagréables et des symptômes anxieux et dépressifs.

Développer sa capacité à se désengager d’une passion

La capacité à se désengager d’une passion est importante pour la santé mentale. Durant la pandémie, les personnes qui se désengageaient plus facilement de leur passion irréalisable, comme le voyage ou l’entraînement en salle, vivaient moins de symptômes d’anxiété et de dépression.

Nos résultats indiquent que le développement d’une nouvelle passion harmonieuse pourrait faciliter le désengagement face à une ancienne passion irréalisable qu’il est nécessaire de délaisser.

femme assise dans un avion
Au cœur de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont développé une nouvelle passion pour la course à pied et la fabrication du pain, d’autres ont dû mettre de côté leur amour du voyage. (Shutterstock)

Favoriser la résilience grâce à la passion

Il est important de souligner que les passions peuvent être des facteurs de résilience. Lors de périodes de vie difficiles, avoir une passion peut aider les personnes à rebondir des épreuves et à surmonter les obstacles auxquels elles sont confrontées. Pendant la pandémie, le développement de nouvelles passions (surtout harmonieuses) était un facteur de protection important pour la santé mentale.

Cela appuie les résultats d’autres études récentes portant sur l’importance des passions harmonieuses pour promouvoir la résilience. En période de stress, il est donc bénéfique de prioriser les activités que l’on aime et de développer de nouveaux intérêts pour promouvoir sa santé mentale tout en veillant à ce que ces activités passionnantes soient intégrées de façon harmonieuse aux autres sphères de vie.

Bien que nos recherches ne se soient pas poursuivies après les confinements reliés à la pandémie, d’autres études ont montré que les passions harmonieuses ont tendance à perdurer dans le temps. Ainsi, il est fort probable que les passions harmonieuses développées durant la pandémie se maintiennent et continuent d’être bénéfiques à la santé psychologique encore aujourd’hui !

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