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Tous hacktivistes

Hacktivisme éthique : l’exercice de son mandat de citoyen du technomonde ?

Onyxkatze/Flickr, CC BY-NC-ND

« Hacktion » mode d’emploi

L’hacktiviste est, au sens strict, la contraction de hacker et d’activiste. Celui-ci est doté d’un savoir technologique élevé qu’il met au service d’une cause. On le retrouve usuellement sur le terrain des luttes libertaires, sociales, humanitaires, antifascistes, altermondialistes. Le defacement, par exemple, terme anglais, qui provient de l’ancien français « desfacer » – qui évoque une dégradation ou du vandalisme – peut être utilisée comme une « arme technologique » pour faire passer un message sur un site cible.

L’hacktivisme peut relever d’actions isolées tout comme d’actions menées par un groupe. Ce sont des « hacktions » entreprises dans un cadre supposé répondre – sémantiquement – à l’éthique de la communauté hackers.

L’hacktivisme pourquoi faire ?

L’objet est la visibilité, le réveil d’une opinion publique. L’« hacktion » doit être assez spectaculaire pour donner accès aux médias de masse. Ceux-ci s’en feront alors les relais. L’essaimage de l’« hacktion » est d’ailleurs souvent assuré par des slacktivistes – sans connaissances technologiques particulières – mais qui adhèrent à la réflexion initiale.

« On peut ainsi considérer le mouvement #DeleteFacebook comme une action hacktiviste spontanée, composée exclusivement de slacktivistes ».

On retiendra que cette action aura des conséquences économiques pour l’acteur ciblé. On retiendra que l’usager, quel qu’il soit, a pu prendre conscience – si tel n’était déjà le cas – que sa voix pouvait compter !

Sur un terrain plus politique, l’approche récente autour du conflit social opposant la SNCF à l’État, la mise en place d’une cagnotte de soutien aux cheminots rencontrera un grand succès. Cette initiative procède de la même « philosophie ».

Enfin, pour montrer l’éventail des champs d’intervention possible des citoyens, pour illustrer le cadre éthique qui devrait être la règle, il faut évoquer l’action de groupe de la Quadrature du Net contre les GAFAM. Elle est un exemple-type d’hacktivisme éthique et responsable intégrant :

  • Un savoir technique des initiateurs passant par le développement d’une place virtuelle d’hacktion. Des add-on de personnalisation permettant le relais de l’hacktion et son appropriation par l’usager…

  • Des compétences juridiques et une transparence totale de l’« hacktion » collective proposée.

L’ensemble est mis au service des usagers qui souhaitent mandater cette association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet pour engager une action collective contre chacun des GAFAM.

Faites votre affiche. La Quadrature du Net

Vers une éthique hacktiviste

Les détracteurs de l’hacktivisme pour justifier leur souhait de « toujours plus de contrôle » de l’Internet, pointeront toujours les dérives et erreurs commises par certains groupes. Ils s’appuieront alors sur ces dernières pour jeter sur l’hacktivisme un discrédit caricatural et généralisé. Certains hacktivistes s’enferment effectivement (parfois) dans des paradoxes inextricables. Ils apportent à leurs détracteurs des éléments aisément exploitables.

C’est la raison pour laquelle le droit à la résistance Lockienne que j’ai pu évoquer précédemment et la reconquête d’un réel pouvoir citoyen ne pourra se faire qu’en respectant au plus près un certain nombre de principes – cf. les principes hackers – et en évitant des modus vivendi d’actions qui affaiblissent – aux yeux de l’opinion publique – ce droit légitime : celui de résister.

« La pratique d’un hacktivisme éthique est la seule voie qu’il est possible d’emprunter pour prétendre devenir un pouvoir citoyen crédible. L’hacktivisme pouvant s’apparenter au simple exercice de son mandat de citoyen. »

La cible et l’action peuvent être justes. Les combats, politiques ou autres peuvent être honorables, mais ils ne peuvent supporter (usuellement) des méthodes de combats et de luttes qui ne le seraient pas. L’hacktivisme éthique ne peut se permettre de jouer aux apprentis sorciers : du pain béni pour ses adversaires. À titre d’exemple, mettre en péril la vie d’éventuels innocents sous couvert de combattre des monstres est pour eux une aubaine : pour illustrer le propos, c’est ce qui sera reproché aux Anonymous dans le cadre d’une de leurs actions.

Dès lors que l’on n’est pas acculé et que l’on peut procéder autrement, il y a une différence fondamentale entre opposer la force de l’action collective numérique à toute forme de violence et opposer la violence à la violence.

Pour éviter les dérapages, le plus sage n’est-il pas d’observer les meilleures méthodologies d’action. Celles de La Quadrature du Net qui redonnent la parole à tous les usagers dans un cadre respectueux de toutes et tous peuvent être une source d’inspiration.

Une chose est avérée : les erreurs méthodologiques sont moindres lorsque l’on s’inspire des bonnes pratiques. Pour ce faire, un seul conseil : follow the leaders !

À suivre

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