Comment, de parti « infréquentable », le FN-RN est-il devenu un parti incontournable du paysage politique français ? Décryptage d’une stratégie de dédiabolisation efficace.
Foued Nasri, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
Les paniques morales centrées sur l’islam et les banlieues et l’accès des personnalités d’extrême-droite aux médias favorisent la diffusion et la légitimation d’un discours anti-immigré.
Les résultats des élections législatives en Occitanie sont sans doute le marqueur d’un phénomène plus large d’accélération de la légitimation du RN au sein du paysage politique français.
Depuis trente ans, les élus et gouvernants promettent de faire reculer l’extrême droite. Pourtant, l’influence de la droite nationale et identitaire ne cesse de croitre.
La comparaison des structures géographiques des votes au premier tour en faveur des deux courants politiques censés composer le « bloc d’extrême droite » montre que cette association est à nuancer.
Une analyse massive des données de Twitter permet de caractériser les préférences en matière d’information des sympathisants des différents candidats à l’élection présidentielle.
Les résultats de la présidentielle dans le bassin minier s’insèrent dans des dynamiques profondes, de longs termes : percée du RN perte de vitesse du PS et augmentation de l’abstention.
Comment expliquer que les électeurs des régions d’outre-mer aient voté aussi massivement pour Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle ?
On note un surinvestissement sur les réseaux sociaux de citoyens s’exprimant des préférences politiques plus polarisées que l’électorat dans son ensemble.
Le vote d’extrême droite est devenu un vote interclasses, présent en ville comme en campagne. L’élection présidentielle a confirmé la consolidation pérenne d’un électorat de droite radicale en France.
Le succès d’Emmanuel Macron valide une stratégie visant à le faire apparaître comme le champion des « progressistes », mais elle n’a que partiellement fonctionné.
Observer la défaite politique par les discours permet de comprendre l’exercice rhétorique comme un bilan personnel ou un passage de témoin qui peut marquer la fin d’une période politique.
Pour accompagner le recentrage du parti lepéniste, le style de campagne a été considérablement modifié, sans pour autant convaincre et rallier les électeurs. Explications.
Emmanuel Macron surjouant l’homme agressif, arrogant ; Marine Le Pen incarnant avec zèle la dame policée pour gommer son l’affiliation à l’extrême droite. Deux corps, deux stratégies.