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La visioconférence, une bonne alternative aux cours en amphi ?

Les étudiants mal à l'aise en classe s'exprimeraient plus facilement en visioconférence. Mohamed Hassan / Pixabay, CC BY

Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, les établissements d’enseignement supérieur ont fermé leurs portes. Mais si les salles de classe sont vides, les cours se réorganisent en ligne et le recours à la visioconférence explose, alors qu’il était jusqu’ici assez marginal.

Plus ou moins à l’aise avec les technologies, certains professeurs doutent en effet de leurs capacités à maîtriser ces outils. La plupart ont également des craintes quant à la fiabilité de ces services. Surtout, comment conserver dans un cours à distance l’interactivité qui est au cœur des enseignements en face à face ?

Une expérience que nous avons menée en septembre 2019 peut apporter des éléments pour répondre à cette question qui s’impose aujourd’hui à tous les enseignants.

Salle virtuelle

L’expérience porte sur un cours en systèmes d’information. Celui-ci était dispensé dans une école de commerce française ayant plusieurs campus, et s’adressait à des étudiants en troisième année d’un bachelor en business administration.

Les étudiants étaient localisés dans la région parisienne, nous nous trouvions sur un campus en province, et la communication s’est faite par Zoom. Bien que destiné initialement aux entreprises, cet outil permet de créer une salle virtuelle accessible à un grand nombre de participants et offre de nombreuses fonctionnalités pour animer un cours en ligne. Il est d’ailleurs utilisé par de nombreuses écoles ou universités à travers le monde pendant cette période de pandémie.

Nous avons enseigné trois heures de cours à deux groupes différents composés chacun d’une quarantaine d’étudiants. La particularité de ce cours est d’alterner des périodes de transmission de connaissances en commun et des moments de travail en groupe. Pour mener à bien ce cours, les fonctionnalités suivantes de l’outil Zoom ont été utilisées :

  • création d’une visioconférence pour un grand nombre de participants

  • partage de l’écran du professeur

  • interactions en audio ou par chat

  • partage en petits groupes

  • possibilité d’enregistrer la vidéoconférence et le chat.

Participation avérée

Au début du cours, nous avons demandé aux étudiants d’allumer leurs caméras et de couper leurs microphones. L’activation des caméras permet d’avoir un contact visuel avec les étudiants, contact qui est important pour avoir des interactions. Il est nécessaire d’éteindre les microphones pour éviter les bruits indésirables. Les étudiants avaient deux possibilités pour participer : utiliser le chat ou cliquer sur un bouton qui permet de demander la parole.

Pendant le cours, nous avons parlé et posé des questions aux étudiants. Ces derniers étaient réactifs, répondant principalement à travers le chat. Les étudiants ont également posé des questions lorsqu’ils avaient besoin d’éclaircissements.

À deux reprises, les étudiants ont été divisés par groupes de trois ou quatre pour réaliser des études de cas. L’outil Zoom permet de créer des groupes, ce qui créée des visioconférences pour chacun. Le professeur peut aller d’un groupe à l’autre ou encore revenir dans la visioconférence principale. Cette fonctionnalité a permis de communiquer avec tous les étudiants, ce qui n’est pas possible lorsque le groupe est complet.

Cette expérience a été très positive et les étudiants sont apparus comme étant très impliqués et actifs, échangeant avec leur professeur ou entre eux.

Oser s’exprimer

Extrait des résultats d’enquête. Author provided (no reuse)

Un questionnaire a été envoyé aux étudiants après le cours pour avoir leur ressenti sur l’enseignement et sur les échanges qui ont eu lieu. Plus de 47 % des étudiants y ont répondu. La première partie du questionnaire concernait les éventuels problèmes techniques rencontrés par les étudiants.

En effet, la réussite d’une communication synchrone dépend largement de la qualité du matériel et de la connexion. Pour notre cours, la qualité était bonne ou très bonne pour plus de 80 % des étudiants.

zoom enquete. Author provided (no reuse)

80 % des étudiants considèrent qu’ils ont eu des interactions avec le professeur, ce qui n’est que 4 % en dessous du résultat obtenu dans un cours face à face.

D’ailleurs, plus de 53 % des étudiants déclarent qu’il était plus facile de participer lors de ce cours que lors d’un cours en face à face. Les cours en visioconférence peuvent donc être une alternative intéressante pour les personnes timides, ou peu à l’aise en groupe.


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Conseils pratiques

À l’issue de cette expérience, nous pouvons identifier aussi quelques bonnes pratiques pour qu’un tel cours se déroule bien, au-delà d’une appropriation personnelle de l’outil par le professeur.

Tout d’abord, il nous semble important de contacter les étudiants avant le cours pour leur demander de s’installer dans un endroit calme et confortable et de vérifier que leur matériel répond bien aux exigences.

Cours à distance : des conditions techniques déterminantes (Tahiti Nui Télévision, le 24 mars).

Il nous semble également primordial d’expliciter les règles de fonctionnement souhaitées pendant le cours au tout début de la séance. Pour privilégier les interactions, les caméras des étudiants doivent être activées. Les microphones, eux, doivent être désactivés pour éviter les nuisances sonores.

Il convient par ailleurs de fixer les règles de participation pendant le cours : utiliser le chat ou demander la parole avant de parler. Ce point est très important pour éviter les perturbations et pour faciliter la communication non verbale.

Les semaines à venir permettront d’affiner ces recommandations, de mettre en œuvre de nouveaux scénarios pédagogiques et mieux mesurer les apports et conditions de réussite d’un enseignement à distance.

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