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Plaisir et de sensations, moteurs de la motivation entrepreneuriale des futurs diplômés

Plus la recherche de plaisir est importante, moins les réticences de l'entourage vis-à-vis du projet pèsent. Nd3000/Shutterstock

« Entrepreneur is the new France… ». Cette phrase du président de la République Emmanuel Macron lors de son discours d’inauguration du campus de campus de start-up Station F, illustre bien la tendance à l’entrepreneuriat en France ces dernières années. Partant du constat que plus de 99 % des entreprises de notre pays est constitué de PME, il apparaît logique d’envisager l’entrepreneuriat comme un levier pour renforcer la création d’entreprises et l’emploi.

Face à cette tendance, nous nous sommes interrogés sur les valeurs qui pouvaient aider les jeunes générations à porter un projet entrepreneurial, compte tenu du fait que « nos valeurs sont des fins et non des moyens », comme le soulignent les chercheurs spécialisés Daniel Bollinger et Geert Hofstede. Il apparaissait donc possible de considérer que les valeurs personnelles puissent être une bonne manière d’étudier les attitudes et les motivations personnelles, notamment de ces publics particuliers que sont les jeunes.

Notre étude a été réalisée au sein d’une business school post-bac parisienne proposant des programmes allant du bachelor (niveau bac+3) au master (niveau bac +5). Un questionnaire a été administré par mailing et nous avons obtenu 273 questionnaires exploitables. Les statistiques montrent que, dans notre échantillon, la plupart des répondants n’ont pas eu d’expérience entrepreneuriale antérieure. Les étudiants interrogés, dont 52 % sont de femmes, ont en moyenne 22 ans et disposent de revenus compris en moyenne entre 1 000 et 2 500 euros par mois (bourse parentale et/ou emplois confondus).

Dépasser les réticences des proches

Nos analyses montrent que l’hédonisme et la recherche de sensations sont au cœur des motivations entrepreneuriales de ces futurs diplômés. En effet, plus cette recherche du plaisir est importante et plus les étudiants se montrent ouverts au changement. En conséquence, moins fort sera l’impact de la famille, des amis, et plus généralement le point de vue de l’environnement, sur le choix des étudiants de créer leur propre entreprise.

En d’autres termes, les étudiants se délesteraient de l’influence de leur entourage et iraient plus facilement vers la création d’entreprise en portant en eux cette typologie de valeurs hédonistes.

Ces résultats sont notamment illustrés par le cas de la start-up Des bras en plus, cité en exemple par le ministère de l’Économie et des finances dans sa communication. Certains proches des trois fondateurs s’étaient en effet montrés réticents au moment du lancement du projet, ce qui n’a pas freiné pour autant le développement de cette nouvelle offre de déménagement low-cost.

« Des bras en plus : de jeunes entrepreneurs… vus par leur entourage ! » (Les Cafés économiques de Bercy, 2013).

« Bâtir un nouveau monde »

Plusieurs chercheurs se sont focalisés sur l’étude des étudiants et leur appétence à l’entrepreneuriat. Mais peu d’entre eux ont finalement mis en avant le désir de changement ou d’indépendance dans l’acte entrepreneurial. Ce n’est qu’en 1985 qu’il est possible de retrouver les premières recherches mettant en relation ces éléments.

Par la suite, quelques chercheurs ont mis en avant le désir de l’entrepreneur à aller vers le changement. Ces derniers ont même mis cette notion de la recherche du changement au cœur de leur définition de l’entrepreneuriat, en écho à la fameuse « destruction créatrice » théorisée par l’économiste Joseph Schumpeter dans son livre « Capitalisme, Socialisme et Démocratie » de 1942.

Nos résultats rejoignent les conclusions de ces travaux car les étudiants motivés par un projet entrepreneurial affichent l’ambition de « bâtir un nouveau monde ». Pour cela, ils cherchent à s’extirper du cadre usuel et à s’impliquer dans des activités créatrices de valeurs économiques et sociales. Cette tendance est par ailleurs particulièrement bien illustrée par les témoignages recueillis dans un article publié il y a quelques années par le site reussirmavie.net dans lequel Léo, Maëva ou encore Gwendal évoquent leur volonté de créer un « monde meilleur ».

« L’entrepreneur·e et ses motivations » (FNEGE Médias, 2018).

Notre étude confirme en outre que la recherche d’indépendance et d’autonomie reste l’une des motivations clés d’une aventure entrepreneuriale, comme le soulignait déjà une enquête de l’Insee de 2015 citée par les Chambres de commerce et d’industrie françaises.

Nos résultats montrent plus précisément que, plus un individu est confiant, plus il est en quête d’autonomie, plus cela aura tendance à développer chez lui un sentiment de contrôle et de capacité à emmener un projet vers le succès. En outre, les étudiants qui prônent l’ouverture au changement seraient plus autonomes que leurs confrères, bouclant ainsi la boucle.

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