Faut-il refuser à la Biélorussie le droit de participer aux JO de Paris du fait de son allégeance à la Russie de Vladimir Poutine ? Il existe deux façons opposées de répondre à cette question.
De façon à première vue surprenante, la Biélorussie disposait, jusqu’à il y a peu, d’un secteur high tech florissant. La répression et la guerre en Ukraine sont en train d’en signer la fin.
Le dictateur biélorusse, au pouvoir depuis presque 30 ans, est devenu un vassal de Vladimir Poutine, mais cherche à éviter d’être entièrement entraîné dans la guerre.
Jules Sergei Fediunin, Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)
Les événements des 23-24 juin derniers auront des conséquences considérables aussi bien pour le pouvoir russe que pour la guerre que le Kremlin livre à l’Ukraine.
Dernièrement, la petite Lituanie s’est confrontée à trois régimes autoritaires : la Biélorussie, la Chine et bien sûr la Russie, Vilnius se plaçant à l’avant-garde du soutien occidental à Kiev.
La plupart des anciennes républiques soviétiques cherchent de plus en plus à s’émanciper de l’emprise de Moscou. Sans pouvoir tout à fait échapper à leur géographie…
En Biélorussie, la natalité, surtout dans les villes, baisse, et l’émigration, surtout des jeunes, vide le pays de ses forces vives. Un processus qui n’est pas forcément pour déplaire au régime…
La Lituanie vient de bloquer le transit de nombreux biens vers l’exclave russe de Kaliningrad. Moscou promet de réagir. Analyse d’un bras de fer aux enjeux stratégiques majeurs.
Raoul Delcorde, Université catholique de Louvain (UCLouvain)
Lieu de la négociation, timing, composition des délégations, interventions des médiateurs issus d’États tiers, secret des discussions… Chaque aspect d’une négociation en temps de guerre est crucial.
Longtemps, le dictateur de Minsk a marché sur une corde raide entre la Russie et l’Occident. Désormais, il se retrouve, à son corps défendant, pleinement aux côtés du régime de Moscou.
Jean Lévesque, Université du Québec à Montréal (UQAM)
Malgré une origine commune, Russie et Ukraine ont connu une histoire conflictuelle qui s’est envenimée depuis 2014. L’invasion russe peut jouer un rôle tragique de catalyseur de l’identité ukrainienne.
Les milliers de migrants qui se pressent aux frontières entre la Biélorussie et l’UE sont instrumentalisés dans la complexe confrontation géopolitique Minsk-Varsovie-Bruxelles.
La crise sans précédent que traverse la Biélorussie depuis un an, marquée par un net durcissement d'un régime déjà autoritaire, a durablement coupé ce pays de l'UE voisine.
Un épisode rocambolesque survenu lors des Jeux olympiques de Tokyo a rappelé au monde la réalité brutale à laquelle les Biélorusses sont confrontés en permanence sous le régime de Loukachenko.
Aussi longtemps qu’il se sentira appuyé par Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko estimera qu’il ne risque pas grand-chose à réprimer ses opposants, y compris en les interceptant en plein ciel.
Le fait que le régime de Minsk n’ait osé dérouter un vol Athènes-Vilnius rempli de citoyens de l’UE pour intercepter un opposant constitue un nouveau camouflet pour l’Union.
La pandémie n’est pas terminée, mais ces dirigeants sont déjà entrés dans l’histoire pour avoir échoué à combattre efficacement la Covid-19. Certains d’entre eux n’ont même pas vraiment essayé.
Deux pays situés à la lisière de l’Union européenne, la Biélorussie et la Turquie, enfreignent régulièrement les droits humains. L’UE cherche à peser sur la situation, sans grand succès.
Le mouvement en cours en Biélorussie attend du pouvoir un respect effectif de la Constitution. Cette conquête d’un État de droit fonctionnel est sans doute le prélude à des changements plus profonds.