Elles travaillent peut-être chez vous et cumulent plusieurs emplois pour s’en sortir : la situation des employées domestiques résonne au cœur du mouvement « gilet jaune ».
L’économie officielle ne représente jamais complètement la réalité quotidienne : la différence entre les deux se nomme l’économie souterraine, dont cherchent à sortir, en France, des millions de citoyens.
Vue à travers le prisme des « ordres sociaux », la crise des « gilets jaunes » pose la question de la cohérence et de l’efficacité des institutions représentatives dans les sociétés occidentales.
Fabrice Hamelin, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
Le vandalisme visant les radars témoigne des difficultés de conduite de l’action publique : les modalités de résistance sont diverses. Aujourd’hui, les plus inciviles sont réalisables voire banales.
« La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter ». (Huxley)
Anthony Pregnolato, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières
Pour comprendre les logiques sociales des modes de dénonciations des violences policières, il convient de les replacer dans une histoire longue de ces mobilisations.
Yvan Boude, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)
Affubler le portrait présidentiel officiel d'un gilet jaune, est-ce un canular ou une atteinte aux symboles de la République ? Retour historique sur cette image présente dans toutes les mairies.
Doit-on considérer que cette séquence est « une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien », ou au contraire lui trouver un sens profond ?
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Le mouvement des « gilets jaunes » a accepté et compris que la violence peut être éventuellement le prix à payer pour exister et exercer une forte pression sur le pouvoir.
Xavier Hollandts, Kedge Business School et Nicolas Aubert, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille Université
Les dispositions visant à favoriser la participation des salariés aux bénéfices qui figurent dans la loi Pacte seront débattues à la Haute assemblée en janvier.
Les manifestations suivent des règles précises. Or, les « gilets jaunes » n’en ont suivi aucune. Il est tentant d’expliquer cela par la mobilisation via les réseaux sociaux. Ce n’est pas si simple.
Les populations se sentent privées de tout pouvoir face à une élite qu’elles perçoivent comme corrompue. Une solution : repenser le marché et l’entreprise privée.
Christian Mouhanna, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay
Le retour à une forme de gestion du débat public – ou plutôt du non débat public - par un recours systématique à la force publique risque de se heurter à plusieurs dangers potentiels.
Les revendications des « gilets jaunes » illustrent une nouvelle fois le manque de pédagogie de l’exécutif sur le respect des contraintes liées à l’appartenance de la France à la zone euro.
La concomitance de la révision constitutionnelle et du mouvement des gilets jaunes est une occasion unique d’expérimenter plus de démocratie directe et de rétablir la confiance avec les citoyens.
On peut douter que le mouvement soit terminé en province, et que les annonces du président de la République aient vraiment apaisé la colère des manifestants.
Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS (Plurilinguismes, Représentations, Expressions Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique), Université Rennes 2