Pour Milton Friedman (à gauche) la responsabilité sociale des entreprises est « d’accroître leurs profits ». Pour Edward Freeman, le capitalisme est contraint de prendre en compte toutes « les parties prenantes ».
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Les manières dont l’entreprise doit contribuer au bien public opposent deux courants de pensée. Cependant, la mise en œuvre de leurs principes peut aboutir à des résultats très proches.
La recherche du bien commun commence par une prise de conscience de l’intérêt commun.
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La codétermination en entreprise pourrait être renforcée par une évolutiuon du droit qui définirait clairement des notions comme la structure sociétaire ou encore le bien commun.
Pierre Sudreau, homme politique, chargé par le président Valéry Giscard d’Estaing d’établir un dossier sur la réforme de l’entreprise, lors d’une conférence de presse à Paris, le 13 février 1975.
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Xavier Hollandts, Kedge Business School et Nicolas Aubert, IAE Aix-Marseille Graduate School of Management – Aix-Marseille Université
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle développait l’idée d’une meilleure association du capital et du travail dans le but d’éviter une fracture de la société.
Affiche de publicité espagnole pour le yaourt Danone, en 1919.
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La recherche en marketing a démontré il y a longtemps l’existence du besoin pour l’entreprise de spécifier ce qui fonde l’existence de la marque.
Facebook s’est récemment doté d’une « cour suprême » composée de personnalités politiques ou du monde des ONG pour contrôler les politiques internes de l’entreprise.
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Les formes de gouvernance qui affichent des missions au-delà de l’objectif de maximisation du profit ou celles qui instaurent une « cour suprême » manquent encore de maturité.
Les limites du dispositif introduit par la loi Pacte ont de quoi faire hésiter les dirigeants des entreprises quant à l’adoption du nouveau statut.
Des blocages relatifs aux investissements et aux évolutions organisationnelles nécessaires, mais aussi au comportement du consommateur, freinent l’adoption du label prévu par la loi Pacte.
Vendre des yaourts, des assurances ou du papier toilette reste intrinsèquement utile, avec ou sans « raison d’être ».
Le statut apparu avec la loi Pacte donnerait aux entreprises un rôle politique qu’elles ne devraient pas avoir, leur vocation sociale étant avant tout de réaliser des profits… et de payer des impôts !
En 2020, Danone devient la première société cotée à adopter le statut d’entreprise « à mission ».
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Ce statut devait permettre au géant alimentaire de mieux se protéger d’une éventuelle OPA. Une stratégie qui semble s’être retournée contre Emmanuel Faber, récemment évincé de la présidence.
Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, a été évincé de la direction générale du groupe le lundi 1er mars.
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L’éviction du PDG du groupe français sous la pression de fonds activistes révèle la nécessité de mieux protéger les entreprises qui s’engagent à viser des objectifs autres que financiers.
Afin d’aller plus loin dans l’affirmation de ses engagements en termes de RSE, la MAIF a acquis le statut de société à mission.
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Adopter le statut prévu dans la loi Pacte de 2019 renforce la performance globale des organisations affichant depuis longtemps leurs engagements sociaux et environnementaux. Trois cas l’illustrent.
L’entreprise a pour ambition de devenir à terme une « B. Corp » à 100 %, une certification traduisant sa volonté de créer de la valeur en la partageant notamment avec les salariés.
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Le groupe agroalimentaire, dont une partie des activités est certifiée « B Corp », a annoncé vouloir supprimer jusqu’à 2 000 emplois dans le monde pour améliorer sa rentabilité.
Les entreprises qui laissent les employés prendre les décisions à la place des dirigeants prouvent que l’on peut allier plus de liberté et plus de performance.
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Une série d’entretiens montre que les dirigeants qui autonomisent leurs équipes sont davantage enclins à placer la mission de l’organisation au cœur de leurs décisions.
Dans ce contexte, la loi Pacte et la définition d’une « raison d’être » se révèlent peu efficaces pour éclairer la prise de décision des dirigeants.
La paix économique est « une orientation pour laquelle une entreprise (…) créent de la richesse au profit du bien commun et de l’épanouissement de l’ensemble des parties prenantes dans le cadre plus vaste de leur responsabilité sociale et humaine » selon Dominique Steiler.
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Contrairement aux compétences individuelles, les compétences collectives se développent peu dans les organisations. Ces dernières sont pourtant clés pour pacifier les relations entre organisations.
Avec la loi Pacte, publiée le 23 mars 2019, l’entreprise doit définir son rôle au-delà de la sphère économique.
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La raison d’être invite au rassemblement et à la cohésion collective pour relever les défis du monde contemporain. Ne pas en tenir compte, c’est passer à côté d’enjeux majeurs.
La loi Pacte aurait pu capitaliser sur le modèle de l’ESS défini dans la réglementation depuis 2014 pour créer plus de synergies.
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Les promulgations successives de la loi sur l’Économie sociale et solidaire en 2014 puis de la loi Pacte en 2019 qui introduit le modèle d’entreprise à mission interrogent.
L’introduction de dispositifs de participation conduirait à des gains de productivité de l’ordre de 2 % en moyenne.
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Si leur impact reste globalement positif, l’efficacité des dispositifs partage des bénéfices dépend de paramètres comme le contexte institutionnel ou la présence de syndicats.
Quelque 181 PDG des plus grandes entreprises américaines se sont engagés en faveur d'un « capitalisme des parties prenantes », le 19 août dernier.
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L’engagement des grandes entreprises américaines de réorienter leur activité en faveur de l’ensemble de leurs parties prenantes reprend des préconisations formulées par la théorie dès les années 1970.
Apple s'est engagé à se mettre au service « des Américains », même si la firme de Tim Cook assume dans le même temps qu’une fabrication de l'iPhone aux États-Unis ne serait pas une option viable.
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Professeur d'économie et de management, Directeur de la Recherche de l’IRIMA, Membre de la Chaire Mindfulness, Bien-Etre au travail et Paix Economique, Grenoble École de Management (GEM)
Chercheur associé au Laboratoire d’économie dyonisien et à l’Institut de Recherche en Gestion, Université Paris-Est, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
Professeur de management - Chercheur au GREQAM AMSE - Titulaire de la Chaire AGIPI KEDGE « Le travail indépendant et les nouvelles formes d'entrepreneuriat », Kedge Business School