Portrait(s) de France(s), un rendez-vous bi-mensuel et thématique réunissant articles inédits, cartographies et podcasts, pour aborder les grands enjeux de l’élection présidentielle de 2022.
L'édito de Renée Zauberman
Périodiquement, on sonne l’alarme à l’insécurité à la faveur de faits divers. Si ce ballon d’essai sature suffisamment les réseaux sociaux, s’il est repris sur les chaînes d’information continue spécialisées dans cet office, il peut gagner le statut d’évidence médiatique qui entraîne le ralliement du monde politique. C'est d'autant plus vrai en période électorale, qui voit la thématique sécuritaire faire un bond dans l'opinion publique, notamment lorsque la peur de l'attentat terroriste revient de façon récurrente, malgré une histoire diffuse et complexe en France.
Pourtant les données collectées par des chercheurs montrent des tendances assez différentes.
L’homicide se situe (hors attentat terroriste) à un niveau d’étiage, les agressions physiques oscillent depuis le milieu des années 1990 dans un ordre de grandeur inchangé (2,5 à 3 % sur deux ans), les atteintes aux biens baissent, principalement en raison du repli des vols de et dans les véhicules.
Il y aurait pourtant matière à développer une attention particulière aux atteintes dans l’espace privé qui échappent encore largement aux radars malgré les entreprises de décamouflage de type MeToo, mais aussi à la cybercriminalité dont témoigne l’envolée des débits frauduleux, enfin aux atteintes aux finances publiques qui pèsent lourdement sur les inégalités.
Il faut aussi veiller à l’intégrité des instruments de mesure : non seulement la mesure de la criminalité économique et financière reste déficitaire mais encore le remplacement, en pleine période préélectorale, de l’enquête nationale de victimation de l’INSEE par une enquête du ministère de l’Intérieur d’une toute autre logique risque de rendre difficile toute évaluation des tendances de long terme. Il est aussi des lieux où la peinture serait plus alarmante que celle dessinée par l’examen des données nationales.
Le centralisme des politiques de sécurité empêche de bien prendre en compte cette diversité : on oscille entre généralisation abusive de situations particulières ou dénégation de leur existence. Il en irait autrement si la sécurité était davantage de compétence régionale ou locale ; encore faudrait-il que ces échelles de gouvernement disposent des ressources pour développer des politiques de sécurité appuyées sur des descriptifs locaux suffisamment armés.

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