Alain Faure, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Le moment catalan donne l’occasion de prendre au sérieux l’hypothèse d’un tournant émotionnel dans les façons de faire de la politique et des politiques au sein des démocraties occidentales.
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Deux légitimités s’affrontent dans ces expériences : celle d’un État, de l’ordre, de la légalité, et celle d’une nation minoritaire qui tente d’être reconnue et de se doter d’un État.
Ce n’est pas tant que le nationalisme espagnol soit condamné. Il doit, par contre, se réinventer, au bénéfice de tous les Espagnols et au premier chef, des Catalans.
La crise économique est passée par là : l’indépendantisme est l’expression catalane d’un profond mécontentement populaire qui traverse toute l’Espagne. Et le choc avec Madrid paraît inéluctable.
Dans cette partie du monde, chaque individu s’identifie d’abord par sa langue, par son ethnie ou par sa confession, tandis que la citoyenneté vient en second lieu.
L’Europe, qui est en ordre de bataille pour redevenir une ardente obligation, ne doit plus pouvoir servir d’exutoire aux populistes. Après l’élection d’Emmanuel Macron, l’heure est à la refondation.
Les Français aspirent à autre chose que cette alternative que les uns et les autres leur proposent avec opiniâtreté. Un grand débat public, ouvert et démocratique devrait avoir lieu.
Notre sensibilité ne nous sauvera sans doute pas, mais nous savons que prendre soin de soi et se tenir solidaires sont aussi nécessaires que politiques.
Le résultat de dimanche est attendu avec impatience en Italie et en Europe. En cas de rejet, la période d’incertitude qui s’ouvrirait fait craindre le pire aux chancelleries et aux marchés financiers.
Avant d’être le premier ministre du Brexit, David Cameron fut celui qui tenta de moderniser la société et la politique britanniques. Et poussa la démocratie participative vers les rives du populisme.
Theresa May vient de prendre les rênes du pays qui, depuis le Brexit, est entré dans une zone grise où l’ancien ordre est en train de mourir alors que le nouveau n’a pas encore émergé.
Le chaos qui règne outre-Manche va dissuader les dirigeants politiques des pays européens de s’engager dans un référendum qui risquerait de remettre en cause leur carrière.
En 2005, le référendum français avait eu des allures de vote rétrospectif sur l’élargissement. Celui du 23 juin au Royaume-Uni a notamment visé l’ouverture du marché du travail aux ex-pays de l’Est.
Selon Jean-Claude Juncker, le « Brexit » ne sera pas un « divorce à l’amiable ». Le Royaume-Uni restera quoi qu’il en soit très dépendant de l’UE politiquement, économiquement et juridiquement.
Si elle est exploitée à bon escient, la sortie du Royaume-Uni de l’UE pourrait s’avérer intéressante pour les États membres, notamment pour la France, sur un plan politique et économique.
Durant la campagne du Brexit, la rhétorique du retour à une nation autonome, pure de toute interférence externe et en possession d’elle-même a tout balayé devant elle. Et profondément divisé le pays.
Ce thème anime les débats outre-Manche depuis l'ouverture du marché du travail aux ex-pays de l'Est au milieu des années 2000. Mais il a pris une nouvelle ampleur lors de cette campagne.
enseignant en relations internationales (Sciences Po) - responsable de l'unité d'enseignement "aire juridique et administrative'" (Master Lisi, UFR EILA, Université Paris VII Denis DIderot), Sciences Po