Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Les débats actuels autour du racisme, de la mémoire, du passé colonial font rage. Ils traduisent une amplification de failles à l’œuvre depuis un demi-siècle au sein de la société française.
De Colston à Colbert, l’actualité des dernières semaines appelle une réflexion sur la statuaire publique, ses usages politiques et ses rapports à l’Histoire.
À travers le monde, les statues et monuments représentant des figures majeures du colonialisme et la traite d’esclaves sont devenus la cible des manifestants contre le racisme et la discrimination.
D’où vient l’appropriation culturelle ? Entre colonialisme, discriminations raciales et appréciation d’une culture, la frontière entre art et appropriation est fine.
Ce n’est pas l’ethnie qui est à la racine des conflits contemporains, mais plutôt la difficile coexistence de différentes légitimités dans la gestion et les modes d’accès à la terre.
Si le nom d’Edward Wilmot Blyden ne nous dit pas grand-chose aujourd’hui dans le monde francophone, l’homme fut incontestablement l’un des grands intellectuels africains du XIXᵉ siècle.
Un pan méconnu de l’histoire de l’abolition de l’esclavage révèle comment le travail forcé a été mis en place au nom d’une supposée « mission civilisatrice ».
Pourquoi quitter une zone stable, qui permet d’avoir une croissance économique soutenue avoisinant les 7 %, au moment où l’Afrique affiche son taux de croissance le plus faible depuis 25 ans (1,6 %) ?
Les autochtones néo-calédoniens luttent pour leur indépendance depuis la colonisation française, en 1853. A travers des chants de révolte, ils célèbrent les héros de la résistance et racontent les traumatismes passés.
Doit-on, ou non, s’arroger le droit de reproduire des images dérangeantes, humiliantes, abjectes au nom de la science ? En vérité, il n’y avait que deux options : montrer ou ne pas montrer.
Sylvie Thénault, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
La disparition de Maurice Audin résulte d’un système, elle n’est pas un accident, elle n’est pas une bavure, elle n’est pas un excès : la reconnaissance de l’État le montre.
L’histoire coloniale a toujours figuré dans le récit scolaire. Mais son enseignement a évolué depuis les années 1980, soulevant des débats révélateurs des tensions entre école et société.
Professeur d’éthique, de philosophie du droit et de philosophie politique, Université catholique d’Afrique centrale, Fellow 2011-Collegium de Lyon, Réseau français des instituts d’études avancées (RFIEA)