Les manifestations non violentes contre le régime de Bouteflika ont ouvert l’espace public en Algérie, rappelant le besoin crucial d’une société civile libre et impliquée.
Si l’on entend favoriser une sortie de crise, il conviendrait, tout d’abord, d’éviter tout ce qui pourrait de nouveau alimenter des débats et polémiques nuisibles à la cohésion sociale.
La proportionnalité est une notion complexe qu’il faut mettre à plat. À l’heure de la loi contre les « casseurs », elle renvoie également à un autre problème essentiel, le statut des manifestants.
Avant toute discussion, critique ou revendication, définissons collectivement, au cours de ce grand débat national, le rôle que nous souhaitons donner à l’État.
Thomas Hofnung, The Conversation and Benoît Tonson, The Conversation
Auteur sur notre site de trois articles remarqués sur la crise des gilets jaunes, le sociologue Laurent Mucchielli analyse l’évolution du mouvement et la réponse du gouvernement.
Buket Türkmen, Institut d'études avancées de Paris (IEA) – RFIEA
L’inédit des mobilisations aujourd’hui est l’utilisation des outils de la démocratie pour légitimer la dérive autoritaire et faire de la rue un lieu de mise en scène pour les acteurs politiques dominants.
Pour les gilets jaunes, il va s’agir de ne pas être acculés au seul rôle de lanceurs d’alerte mais de gérer leur rôle dans le débat contradictoire et dans le suivi et la reddition des comptes.
Le débat national imposé par les « gilets jaunes » à Emmanuel Macron est sans doute la dernière chance pour le Président de tenter de résoudre la tension majeure née des conditions de son élection.
Si certains habitants des quartiers participent à titre individuel à ce mouvement, d’autres le rejoignent de façon sporadique. Beaucoup attendent et observent, sans pour autant se montrer hostiles.
Doit-on considérer que cette séquence est « une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien », ou au contraire lui trouver un sens profond ?
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Le mouvement des « gilets jaunes » a accepté et compris que la violence peut être éventuellement le prix à payer pour exister et exercer une forte pression sur le pouvoir.
Les manifestations suivent des règles précises. Or, les « gilets jaunes » n’en ont suivi aucune. Il est tentant d’expliquer cela par la mobilisation via les réseaux sociaux. Ce n’est pas si simple.
Chercheur au CNRS, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay