Doit-on considérer que cette séquence est « une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien », ou au contraire lui trouver un sens profond ?
Les manifestations suivent des règles précises. Or, les « gilets jaunes » n’en ont suivi aucune. Il est tentant d’expliquer cela par la mobilisation via les réseaux sociaux. Ce n’est pas si simple.
Les travaux de plusieurs prix « Nobel » et les économistes comportementalistes convergent avec le ressenti à l’origine de la colère sociale qui s’exprime depuis mi-novembre.
A l'origine des forces de maintien de l'ordre se trouvait la préoccupation de ne plus traiter le manifestant comme un « ennemi » mais comme un « citoyen momentanément en colère».
L’incommunicabilité croissante entre ceux qui croient tout savoir et ceux qui pensent que le savoir des élites n’est qu’une forme d’oppression déguisée mine toutes les sociétés occidentales.
Une baisse de la fiscalité pour répondre aux revendications des gilets jaunes aurait forcément des conséquences budgétaires et sociales que le gouvernement devra traiter à long terme.
Quelques enseignements tirés d’une expérience de sociologue ayant travaillé sur des formes de violences sociales et politiques et sur les stratégies sécuritaires déployées par les pouvoirs publics.
Les rhétoriques divergent tellement entre les gilets jaunes et l’exécutif que la situation présente possède toutes les caractéristiques d’une impasse politique liée à une profonde incommunication.
Convertis au projet de l’autonomie personnelle, les citoyens ne se considèrent plus comme des administrés remettant leur confiance à des élus agissant pour le bien commun.
A l’heure des « gilets jaunes » analyse de la place de la violence protestataire dans le discours journalistique, à travers l’exemple de la couverture médiatique des manifestations contre la Loi travail.
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
Le mouvement des « gilets jaunes » correspond à un nouveau répertoire : s’il est défensif, et classique dans ses significations, il est particulièrement moderne dans ses formes.
Sans corps institué, sans tête identifiée, sans vertèbres idéologiques, ce mouvement insaisissable s’infiltre dans les fondations fissurées de notre vieille démocratie représentative.
Une étude de la rentabilité du secteur pétrolier depuis le début des années 2000 montre que celle-ci s’est fortement dégradée, indépendamment des cours du Brent.
La liesse qui a suivi la victoire des Bleus est-elle le signe d’une résilience post-attentats de 2015 et 2016 ou une réponse spontanée à un besoin de catharsis collective de la France ?
Maitre de conférences en sciences de la communication, Chercheur au PREFICS (Plurilinguismes, Représentations, Expressions Francophones, Information, Communication, Sociolinguistique), Université Rennes 2
Chercheur au CNRS, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay