Le scrutin législatif du 20 décembre a bouleversé la scène politique en Espagne. Mais celle-ci est loin d’être un cas isolé dans une Europe du Sud confrontée à une crise économique aiguë.
Avec le succès de Podemos et du parti de centre-droit Ciudadanos, le bipartisme a vécu en Espagne, plaçant les partis nationalistes, pourtant faibles numériquement, au centre du jeu politique.
Dirigés par le populaire Gilles Simeoni, les nationalistes ont créé la surprise. Mais leur victoire ne signifie pas que la Corse se dirige forcément vers l'indépendance.
Retour sur le scrutin des régionales: un premier tour marqué par l'arrivée en tête du FN, un second par son échec, la victoire de la droite et la rétractation de la gauche.
La menace du FN dans les régions a été conjurée grâce à un sursaut républicain. Comme en 2002. Mais rien ne dit que les électeurs de gauche vont accepter de jouer les supplétifs à l’avenir.
Pierre Bréchon, Auteurs historiques The Conversation France
Arrivé largement en tête au premier tour, le leader de la droite, Laurent Wauquiez, a profité au second d'un bon report de voix des électeurs frontistes, qui ont voté “utile”.
Si la grande région reste à gauche, cette victoire masque de fortes disparités : le PS et ses alliés l’emportent certes en Midi-Pyrénées, mais le FN est arrivé en tête en Languedoc-Roussillon.
Dans la plus grande région de France, la gauche apparaît comme le grand vainqueur du second tour derrière Alain Rousset. Mais derrière l’échec de Virginie Calmels, c’est Alain Juppé qui est fragilisé.
Après 17 ans de règne de la gauche, la droite conduite par Valérie Pécresse l’a emporté en île-de-France. Simple alternance ou signe d’une profonde modification du paysage politique ?
Michel Wieviorka, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH)
À l’issue des régionales, une triangulation source de blocages s’installe. Face à l’inertie des partis traditionnels, le nécessaire réenchantement de la politique peut venir de ses marges.
Le FN bredouille, la droite gagnante et la gauche affaiblie mais pas terrassée : ce sont les principaux enseignements comptables de ces régionales. Mais le tripartisme est la principale nouveauté.
Alexandre Faure, École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Le Front national se donne un image de gestionnaire. Mais ses options budgétaires sont au strict service de son idéologie. Et ont finalement peu évolué.
Une enquête du Cevipof montre que les catégories populaires ont massivement voté pour le FN au premier tour des Régionales, révélant une fracture nette avec le reste de la population.
Des études menées au niveau européen montrent que la récupération des thèmes de l’extrême droite, conjuguée à un refus d’alliance, ne réduit pas son influence. Bien au contraire.
Marqué par le succès du FN, le premier tour des régionales a entériné l’irruption du tripartisme en France, susceptible de se renforcer à l’issue du second tour.
Malgré des scores électoraux en hausse sensible d’élection en élection, le Front national peut-il conquérir le pouvoir sans allié ? L’exemple du PCF durant les Trente Glorieuses démontre le contraire.
Dans cette zone traditionnellement ancrée à gauche, le PS est en bonne place pour conserver cette grande région. La droite déçoit, et le FN marque des points.
Arrivé en tête dans 6 régions sur 13, le Front national est en mesure de l'emporter dans au moins deux d'entre elles. C'est bien lui qui apparaît comme le grand gagnant de ce premier tour.
Pour exister sur le marché politique, il faut occuper un créneau bien identifié des électeurs. C’est ce qu’a bien compris le FN avec son programme de souverainisme intégral, évolutif.
L’ACAL est la seule région de l'hexagone majoritairement à droite, au terme des élections départementales de 2015. Un laboratoire pour la reconquête des territoires par la droite sur le FN?